Comment la France a échappé à l'évaluation par les résultats... 

Que faisait Sarkozy en 2009 ? Il imaginait la première évaluation des profs par les résultats de leurs élèves. C'est la Depp, la direction des études du ministère, qui vend la mèche et qui révèle l'origine et la petite histoire de cette évaluation ratée dans le dernier numéro de la revue Education & formations.

 

De 2009 à 2012, les enseignants de Ce1 et Cm2 ont dû faire passer des évaluations en fin d'année en Ce1 et en janvier en Cm2 en utilisant des protocoles élaborés par la Dgesco. Baptisées "évaluations Blanquer", du nom du directeur de la Dgesco, ces évaluations ont été accompagnées d'une prime de 400 euros. Pourtant elles ont suscité beaucoup de résistance et même des désobéissances affichées. Jusqu'à ce que le changement de gouvernement en 2012 mette fin à cet épisode. Le nouveau numéro d'Education & formations révèle que ce fut la seule tentative d'évaluation des enseignants par leurs résultats.

 

Selon Education & formations, c'est Sarkozy qui est à l'origine de l'affaire. Dans la lettre de mission de son nouveau ministre (X Darcos) il lui demande de créer "une évaluation systématique de tous les élèves tous les ans, afin de repérer immédiatement les élèves en difficulté et de pouvoir les aider ; une évaluation régulière des enseignants sur la base des progrès et des résultats de leurs élèves". Les deux objectifs sont liés dans la nouvelle évaluation de Ce1 et Cm2.

 

Évidemment, le second n'est jamais mis en avant mais l'intention gouvernementale, explique la revue, est bien de publier les résultats école par école et de s'en servir pour évaluer les profs. L'idée de publication des  résultats des écoles "fait long feu" mais le mélange d'évaluation bilan et diagnostic est dénoncé chez les enseignants. "Toutefois, subsiste chez les enseignants une défiance quant à la vraie nature de ces évaluations, présentées à la fois comme bilan et comme diagnostic, en insistant tantôt sur un aspect, tantôt sur l’autre, et pouvant servir à contrôler leur valeur professionnelle. Cet usage possible de l’évaluation est ressenti comme d’autant plus injuste qu’il ne repose pas sur les progrès réalisés par les élèves, mais uniquement sur leur niveau à un instant donné, sans prendre en considération leur niveau scolaire à leur arrivée dans la classe ni leurs différences socioéconomiques", explique la revue.

 

Le Café pédagogique met en garde les enseignants et son rôle est salué par la revue. "Interrogé sur ces évaluations par le site « Le café pédagogique », le chef du bureau des écoles de la DGESCO déclare : « Ce sont des évaluations organisées autour des programmes. C’est la grande différence avec les évaluations précédentes. La référence c’est le programme. Par conséquent on a affaire à une évaluation bilan de ce que les élèves ont acquis. En même temps, quand on regarde ce qui n’a pas été réussi on est sur le versant du repérage voire du diagnostic".

 

La revue de la Deep signale aussi le rôle qu'a joué cette direction dans le sabordage de ces évaluations. "Une étude interne, réalisée par la DEPP lors de la première évaluation de janvier 2009, fait apparaître des distorsions dans les résultats selon que les écoles ont ou non été suivies par les inspecteurs du contrôle qualité, ainsi qu’en fonction des secteurs de scolarisation". Cette critique du caractère non scientifique de cette évaluation sera reprise par le Haut Conseil de l'Education et décrédibilisera cette tentative d'évaluer les professeurs à travers les élèves.

 

François Jarraud

 

Education & formations n°86-87

Dossier du Café pédagogique de 2009

 

Par fjarraud , le mercredi 27 mai 2015.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 27/05/2015 à 08:02
    En effet, ce type d'évaluation conduit toujours à moyen terme, à un arrangement des résultats. Le principe était idiot.
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