Livret citoyen et service civique : De la mobilisation de l'Ecole à celle des jeunes 

"Il y a des moments dans une vie où des événements décident, où il faut s'engager". Oubliés les discours sur les inégalités. C'est un tournant qu'essaie de prendre François Hollande le 11 janvier lors des "voeux à la jeunesse et aux forces de l'engagement". Le président de la République a demandé l'extension de la Journée de la défense à une semaine entière. Il a annoncé la création d'un livret citoyen. Il a aussi promis de généraliser le service civique en commençant déjà par le tripler d'ici 2018. Pour les jeunes français voici venu le moment de la mobilisation, des devoirs et non plus des droits. Quatre ans après 2013, une nouvelle façon de dire que la jeunesse est une priorité..

 

"Il n'y a pas de nation sans participation des citoyens, sans engagement". Devant les quelques centaines de jeunes présents ce 11 janvier, F Hollande a fait plus qu'exhorter les valeurs de l'engagement. Il a annoncé des actions concrètes accompagnées de budget conséquent. Bien des points restent pourtant dans l'ombre, y compris les finalités de ces mesures.

 

Un parcours citoyen étendu à 25 ans

 

"On va mettre en place un parcours citoyen généralisé qui commencera à l'école". Déjà annoncé mais resté dans un certain flou, le parcours citoyen "continuera hors de l'école" jusqu'à 25 ans, a annoncé F Hollande. Il comprendra plusieurs formes d'engagement. A 16 ans, chaque jeune se verra remettre un "livret citoyen" qui comprendra tout ce que le jeune a pu faire. L'âge n'est pas choisi au hasard : le parcours citoyen "fera l'objet d'une validation à l'occasion du brevet". Le stage de 3ème pourra faire partie du parcours, le président ayant précisé que ce stage pourrait avoir lieu dans une association.

 

Une Semaine de la défense et la citoyenneté obligatoire

 

Passé 16 ans, il reste la Journée de la défense et de la citoyenneté. "Je demande au gouvernement d'étudier si cette journée pourrait aller vers une semaine, annonce F Hollande." Ainsi 800 000 jeunes feraient chaque année une sorte de mini service civil.   Qui s'en chargerait ? Dans quels lieux ? Avec quelles activités ? F Hollande ne l'a pas dit.

 

Généralisation du service civique

 

Passé ce cap, le jeune entre dans le moment du service civique. Le président annonce "sa généralisation". "Je veux permettre à tous les jeunes de faire cette expérience". F Hollande demande le quintuplement des jeunes du service civique dans 3 ans. Il passerait de 70 000 à 350 000 jeunes fin 2018. Les jeunes pourraient être utilisés dans les administrations, les services de santé etc. Tous les diplômés du supérieur pourraient être contraints à donner des heures au service civique.

 

F Hollande a prévu de faire atteindre à son budget le milliard d'euros en 2018. En même temps le service civique deviendrait un haut commissariat installé auprès du premier ministre et ayant autorité sur le services des ministères.

 

"L'engagement, les militants syndicaux savent ce que c'est", nous a dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, à la fin de la cérémonie. "On voit bien qu'il y a une nécessité politique aujourd'hui sur l'appréhension par le sjeunes de ce qu'est la République. On sort les grands moyens y compris financiers". C Chevalier reste plus "dubitatif" sur le livret citoyen. "S'il n'a pas de finalité il pourrait rester lettre morte".

 

François Jarraud

 

Par fjarraud , le mardi 12 janvier 2016.

Commentaires

  • Bernard Girard, le 12/01/2016 à 12:17

    Des leçons de morale à n’en plus finir, une citoyenneté pilotée par l’armée, une mise au pas idéologique : le grand chef de guerre y travaille. C’est toujours plus facile que de refonder l’école. Mais après tout, tant que les enseignants et leurs syndicats n’y trouvent rien à redire, pourquoi se gêner ?

     https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blog/050116/la-caserne-12-ans-nouvelle-initiative-ps-lr

     

    • maria1958, le 12/01/2016 à 16:12
      Le problème de la massification du Service Civique, c'est - aussi - le risque d'une substitution massive des Volontaires à de "vrais" emplois, de fonctionnaires, ou de contractuels, ou même de contrats aidés. 
      Les Volontaires coûtent beaucoup moins cher que ces "vrais" emplois salariés, et en plus ils sont hors Code du Travail, alors…. 
      Certes toute substitution est interdite dans la loi, mais dans la pratique ??

      Dans l'Education nationale, plusieurs milliers de Volontaires, objectif officiel 10 000 en 2016.
      Il suffit de lire les annonces… 
      En collège ou lycée, les "missions" empiètent évidemment sur celles des surveillants AED, des conseillers d'orientation, des CPE, etc etc
      cf mise en garde dans l'article p. 28 

      http://www.snes.edu/IMG/pdf/us_mga_754_pdf_bd.pdf 

      Pourquoi recruter davantage de Documentalistes au CAPES si le CDI peut accueillir des élèves plusieurs heures par semaine avec un simple Volontaire (dûment diplômé, ou pas diplômé du tout, mais payé au lance-pierres ?).

      Pourquoi des ATSEM en maternelle si des Volontaires font le même travail pour moins cher ? 
      Pourquoi des AESH pour accompagner le handicap si des Volontaires coûtent encore moins cher ?

      25 000 Volontaires prévus en 2017 dans les hôpitaux et les maisons de retraite EHPAD, c'est de l'"engagement citoyen" pour "faire appréhender aux jeunes ce qu'est la République", vous croyez ? 
      Ou c'est un moyen de réaliser à toute force des milliards d'euros de coupes dans les dépenses sociales et de santé, en dépit du vieillissement de notre société qui nécessiterait d'investir, la "solution" choisie consistant à faire baisser drastiquement le coût du travail, sur le dos des jeunes et des personnes âgées ?
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