Apprend-on mieux dans de beaux bâtiments scolaires ? 

Apprend -on mieux dans une belle salle de classe ? L'architecture scolaire a-t-elle une influence sur la réussite scolaire ? Commande-t-elle la pédagogie ? Peut-on définir ce que seront les espaces scolaires de demain ? De recherches récentes aident à trouver la réponse , pour peu que la question soit bien posée...

 

L'architecture scolaire a son histoire. Il y a un siècle elle s'inspirait de l'architecture industrielle pour son éclairage, la gestion du temps, les proportions, et de celle des couvents et des prisons, pour l'obsession de la surveillance. C'est dire que l'école dépendait du maître. C'est ce modèle que veut casser une nouvelle architecture scolaire. A une école qui a mis le professeur au centre et organisé les élèves sous sa surveillance, il substitue une école centrée sur l'élève et son travail. Le modèle des nouvelles constructions ce n'est plus l'usine. Ce sont les espaces multiples, coopératifs, qui conjuguent espaces modulables, coins sympas de détente, construction de groupes.

 

Coordonnateurs d'un numéro de la Revue internationale d'éducation de Sèvres (n°64), les architectes Maurice Mazalto et Luca Paltrinieri ont présenté de nombreux projets d'avant garde. Il semble que ce soit en Australie que se construisent les écoles les plus innovantes. Neda Abbasi (université de Melbourne) y donne à voir des écoles construites pour socialiser les élèves , s'adapter à des pratiques pédagogiques variées incluant une large autonomie des élèves, accompagnée par une transparence généralisée qui facilite la surveillance... Le décloisonnement des espaces, la multiplication de lieux de taille différente, correspondant à des travaux en petits groupes ou en groupes classes, la nécessité d'espaces collectifs permettant de s'identifier à l'école (là dessus un excellent article de Henrik Reeh sur les espaces de la rentrée au Danemark) semblent être la tendance du moment. Il faudrait y ajouter l'organisation des rapports avec l'environnement des établissements : quel équilibre entre la recherche de sécurité et l'ouverture sur la communauté, le partage de locaux. Rappelons que la dernière loi d'orientation prévoit précisément ce partage pour les collèges et les lycées.

 

Publiée dans la revue Building and Environment, une étude réalisée par Peter Barrett, Fay Daviesb, Yufan Zhangb et Lucinda Barrett, de Université de Salford (Royaume Uni), portant sur près de 4 000 écoliers, met en évidence l'impact de l'architecture de la salle de classe sur les résultats.  Ils mettent en évidence la nécessité d'un bon éclairage, d'une bonne ventilation mais aussi la nécessité de personnaliser les salles pour que les élèves s'approprient l'espace.

 

Mais une architecture peut-elle imposer des pratiques pédagogiques ? On l'a cru en France dans l'immédiat après-guerre quand on a créé les écoles primaires ouvertes sur le plein air et la nature. Mais le modèle n'a jamais pris et le mouvement de l'école ouverte a fini par s'éteindre. Si les espaces pèsent sur la pédagogie, ils ne la dictent pas. Même si le modèle de la salle de classe de 60 m² pour 35 élèves apporte évidemment ses contraintes.

 

Quand on visite les établissements on constate des rapports très variés à l'espace scolaire. Dans certains lycées récents, magnifiques, le personnel se plaint et ne se sent pas à l'aise. Inversement dans des locaux de fortune on trouve des équipes qui s'estiment bien installées. La différence tient dans le projet pédagogique. Dans tel microlycée installé dans un bâtiment industriel désaffecté, les enseignants ont un modèle pédagogique et la faible qualité de l'espace architectural leur donne plus de liberté pour l'adapter à leurs besoins. Dans l'autre lycée, moderne et esthétique, les enseignants n'ont pas de modèle. Ou plutôt les modèles sont multiples et l'architecture ne peut pas contenter des pédagogie si différentes. Le métier a aussi ses contraintes. Ainsi dans tel lycée neuf de l'ouest parisien, le CDI a été agrémenté de salles de formats différents qui sont sous utilisées pour des raisons de postes. Ainsi si l'architecture contraint dans une certaine mesure la pédagogie, la pédagogie est bien à poser en premier. S'il y a un "bon" espace scolaire c'est qu'il y a un  modèle pédagogique reconnu comme "bon" par l'équipe éducative. Or c'est rarement le cas en dehors du modèle traditionnel sur lequel le consensus est facile à construire..

 

En architecture aussi tout est question de valeurs. La crise de l'architecture scolaire a évidemment une dimension économique et institutionnelle. Mais en architecture comme pour le reste, la bonne école est celle qui se construit réellement autour de ses valeurs, en les assumant pleinement. Ce qui implique de penser l'école en partant de son centre. Un exercice que peu réussissent à faire.

 

François Jarraud

 

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Par fjarraud , le mercredi 18 mai 2016.

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