GAFAM : Les parents demandent des comptes au ministre 

Dans un communiqué publié le 22 mai, le FCPE, première association de parents d'élèves " souhaite des éclaircissements rapides de la part du ministère" sur une éventuelle diffusion des annuaires des établissements scolaires auprès des GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft). Après des éditeurs du numérique éducatif et des syndicats, ce sont les parents d'élèves qui montent au créneau alarmés par la décision ministérielle. Le silence de ce dernier n'en est que plus audible.

 

Un courrier révélé par le Café pédagogique

 

L'Ecole a-t-elle vraiment le droit de fournir les données des élèves aux grands groupes d'Internet , le GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft) ? La question se pose après la révélation par le Café pédagogique, le 16 mai, d'un courrier du Directeur du numérique pour l'éducation, Mathieu Jeandron, invitant les responsables académiques à fournir aux GAFAM les annuaires des établissements.

 

"Je tiens à vous confirmer qu'il n'y a pas de réserve générale sur l’usage des outils liés aux environnements professionnels chez les grands fournisseurs de service du Web (GAFAM et autres) dans la mesure où ils rentrent bien dans les services couverts par les conditions générales d’utilisation CGU "éducation"... Par ailleurs, je vous confirme qu’il n'y a pas de blocage juridique de principe à la connexion d'un annuaire avec l’un de ces services professionnels". La lettre de Mathieu Jeandron, Directeur du numérique pour l'éducation, que le Café pédagogique a révélé, invite clairement les directeurs académique du numérique et les DSI à laisser les établissements donner les données sur les élèves aux géants d'Internet. Pour M Jeandron , interrogé par le Café, les élèves sont suffisamment protégés par les CGU (Conditions générales d'utilisation) de ces grands groupes. "Le contrat passé avec l'entreprise est protecteur au sens de la CNIL", nous a-t-il dit. "On est protégé vis à vis des GAFAM quand on créé un compte sous le régime éducation. Celui qui crée le compte signe un contrat explicite qui est protecteur".

 

En ouvrant grand les portes de l'Ecole aux GAFAM, le directeur du numérique revient par une simple lettre  sur des années de développement d'outils nationaux sécurisés, les ENT, et toute une culture de "sanctuaire numérique" pour l'Ecole.

 

Les réactions d'industriels français et de syndicats

 

Cette décision lui vaut le 18 mai un courrier, révélé lui aussi par le Café pédagogique, de trois entreprises phares du numérique éducatif français. "Sous prétexte qu’elles disposent de « Conditions Générales d’Utilisation propres au monde de l’éducation », et sous couvert d’une déclaration CNIL, vous êtes donc prêts à transférer l’ensemble des annuaires académiques aux fameux ‘GAFAM’. Connaissez-vous bien le modèle économique de ces entreprises ? Savez-vous sur quoi la gratuité apparente de certains de ces services repose ?", interrogent-ils. Certaines de ces entreprises , comme Google ou Facebook, vivent principalement de revenus publicitaires rendus possibles par l'exploitation des données des utilisateurs.

 

Le même jour, le Snes Fsu et la Cgt Education écrivent au nouveau ministre pour dénoncer " un revirement lourd de conséquences". Les deux syndicats jugent "inacceptable que les grandes multinationales du numérique puissent puiser à leur guise dans les données personnelles des élèves et des enseignants. Elles s’inquiètent qu’une telle décision aussi lourde de conséquences pour les personnes et la souveraineté des données puisse être prise par simple mél".

 

La FCPE demande des comptes

 

Le 22 mai c'est au tour de la Fcpe de se manifester publiquement. " Le développement des outils numériques au sein de l’Education nationale répondait jusqu’alors à un principe intangible, la sécurisation des données des utilisateurs. Qu’en sera-t-il désormais alors que Facebook notamment, à été condamné ces jours ci par la CNIL pour non-respect de la loi informatique et libertés ? ", demande la Fcpe.

 

"La sécurisation des données des élèves est un principe qui doit demeurer, y compris par la souveraineté des données scolaires, c’est-à-dire, le stockage de ces données sur des serveurs en territoire national. Cette sécurisation passe également par une anonymisation des adresses des élèves, ce qui ne semble pas être le cas dans la communication de la direction du numérique éducatif".

 

La Fcpe " réaffirme son opposition claire à l’utilisation par les « GAFAM » des données des élèves, la plupart du temps mineurs. Elle souhaite des éclaircissements rapides de la part du ministère sur cette situation."

 

Interpellé par des enseignants, des industriels et maintenant des parents, le ministre peut-il plus longtemps garder le silence sur une décision qui l'engage ?

 

François Jarraud

 

Communiqué FCPE

La lettre des industriels

Le Café révèle la décision du DNE

La lettre du Snes et de la Cgt

Article de TV5

 

 

Par fjarraud , le mardi 23 mai 2017.

Commentaires

  • kedemferre, le 12/06/2017 à 15:04
    Bonjour, 

    Juste pour réagir sur cette citation : "L'Ecole a-t-elle vraiment le droit de fournir les données des élèves aux grands groupes d'Internet , le GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft) ?"

    En fait la réponse est OUI, sans aucune ambiguïté possible. 

    La CNIL a officiellement validé la conformité du traitement des données par exemple pour les expérimentations / projets académiques avec Google Suite. 

    Je vous accorde cependant que ce qu'a publié la CNIL le 23 mai 2017 est un peu flou, et fait penser le contraire. 

    D'autre part, il convient de faire la différence entre les services grand publics et les services professionnels (version éducation notamment). Je n'ai vu aucune publication ici ou ailleurs qui expliquait qu'il y a une différence fondamentale dans le traitement des données entre les deux types de services. Que ce soit le Café Pédagogique, la FCPE ou d'autres, on ne parle que des services grand publics, mais comme on ne fait pas la distinction, il y a confusion et amalgame, et ce qui est dit est souvent tout simplement faux.

    Il faut vraiment faire de la pédagogie sur ces questions si on veut véritablement discuter de ces questions, et ne pas se contenter de réagir sans avoir vérifié l'information. 

    Très cordialement,

    Kédem

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