FEI10 : David Plumel et son Fablab 

David Plumel a été professeur de lycée en génie mécanique plusieurs années. Il exerce aujourd'hui au collège Les Allières de Saint Pierre le Moutier en tant que professeur de technologie. Depuis de nombreuses années, il pratique et enseigne la pédagogie de projet et a choisi de développer l’attractivité de ses séances d’apprentissage au travers du développement d’un fablab interne. Il présente ce projet les 2 et 3 février au 10ème Forum des enseignants innovants.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à investir la pédagogie de projet ?

 

La pédagogie de projet a toujours fait partie de l’enseignement technique, aussi bien en lycée qu’en collège. Elle a toujours fait partie du programme. J’ai juste poussé le concept jusqu’au bout pour mener, avec les élèves, un seul et unique grand projet sur l’année. 

 

Très souvent, les élèves nous racontent qu’ils auraient préféré faire autre chose car le projet ne les motivait pas. Je les ai donc pris au mot et je leur ai donné, en 3ème, la possibilité de choisir. Dans les autres niveaux, je suis encore dirigiste. Lorsque l’on prépare nos cours, on prépare une progression à l’année. C’est déjà un projet pour nous, alors pourquoi ne pas coupler les deux en même temps : leur projet devient notre projet.

 

Pourriez-vous nous présenter ce qu’est un Fablab ?

 

Normalement, un fablab est un lieu ouvert au public, aux étudiants, et même aux entreprises. C’est un lieu où l’on peut trouver un intervenant, souvent nommé « facilitateur ». On y trouve des machines diverses et variées en fonction des fablabs, allant de l’imprimante 3D, très populaire en ce moment, à la machine à coudre, ou simplement un fer à souder. On y trouve aussi des personnes prêtes à partager leurs compétences.

 

Dans le cas des salles de technologie, elles sont en général équipées au minimum d’une fraiseuse et de divers petits matériels. Certains plus chanceux comme moi, ont une imprimante 3D, ce qui, en plus de ma présence, donne tous les constituants d’un fablab. Le seul élément manquant est l’ouverture au public, mais les élèves ne sont-ils pas un public ? Le personnel de l’établissement peut également en profiter. Une fois tous ces critères réunis, on peut considérer les salles de techno comme des fablabs pédagogiques. Tout est en place pour que les élèves mettent en œuvre leurs projets.

 

Comment les projets sont-ils choisis par les élèves ? Dans quelle mesure intervenez-vous dans ce choix ?

 

Cette année est une première pour les élèves, leur laisser le choix du projet a été pour eux une surprise et une difficulté, car finalement, ils ne savaient pas quoi faire. J’avais élaboré une liste de projets possibles et réalisables en classe de troisième, afin qu’ils puissent s’inspirer des choix proposés. L’année prochaine, les élèves seront déjà aguerris à cette pratique et certains sont déjà venus me voir pour me proposer des projets.

 

Certains ont choisi directement dans la liste, d’autres ont adapté certains projets, d’autres enfin ont choisi leur propre projet. Pour le choix des projets, je n’interviens que pour vérifier la faisabilité du projet à un niveau troisième, sur les possibilités de pouvoir traiter l’ensemble du programme de technologie ou la plus grande partie, et enfin sur le financement (parfois, les élèves ont des idées, mais elles sont impossibles à réaliser d’un point de vue budget.)

 

Voici une liste de quelques projets que les élèves vont tenter de réaliser : escape game technologie, application Android (plusieurs types différents, de la pêche à la Twictée), robot, Aérodrifter (drone type aéroglisseur) , maquette animée, jeux pédagogiques dans Minecraft …

 

Qu’est-ce que ce projet a changé dans votre posture d’enseignant ?

 

J’essaie de ne plus me comporter comme un enseignant mais comme un facilitateur. Même si l’intention est là, je n’ai pas encore réussi à endosser complètement ce rôle. Cette progressive modification de ma manière d’enseigner est un bouleversement pour moi, mais également pour les élèves. Il est très difficile de changer de posture lorsqu’elle est marquée par des années d’enseignement.

 

Je trouve que lorsque je vais en cours, je suis moins soumis à la préparation de cours comme avant, les élèves avançant à leur rythme, je n’ai plus un cours unique mais plusieurs  cours différents. Lorsque certains travaillent sur les matériaux, d’autres étudient les énergies. La suppression des cours frontaux a été extrêmement bénéfique.

 

De même, la suppression des contrôles traditionnels au profit d’une évaluation permanente de leur travail à leur rythme. En effet, les élèves choisissent à quel moment ils voudront être évalués (seul les fins de trimestre leur imposent la date de leur passage).

 

Quel premier bilan tirez-vous de cette action ?

 

Bilan plutôt positif : Les élèves sont davantage motivés et sérieux. Ils adhèrent avec plus de force à certains projets. Ils sont également moins stressés par la note. Il y a toujours des élèves qui ne s’investissent pas dans les activités/projets, mais tout de même plus que lors des cours traditionnels que je donnais auparavant.

 

Si les élèves se débrouillent bien, j’ai vu des points de blocage qu’il faudra que j’arrive à lever l’année prochaine. Par exemple, lorsqu’ils ont fini une activité de leur projet, ils hésitent souvent sur la direction à suivre ensuite pour avancer plus loin dans le projet.

 

Personnellement, je peine aussi à faire des revues de projet suffisamment régulièrement, car je cherche à toujours passer dans tous les groupes à chaque séance, ce qui parfois relève du challenge. Si je fais une revue de projet, cela prend facilement 30 minutes avec un groupe, temps que je n’ai plus pour les autres.

 

 Et demain …

 

Demain un nouveau projet, justement pour améliorer celui-ci mais pour l’instant ce n’est qu’une idée...

 

Propos recueillis par Aurélie Badard

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 01 février 2018.

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