Les disciplines contre la réforme du lycée 

Présentée le 14 février, la réforme du lycée fait monter au créneau les disciplines scientifiques et les sciences économiques et sociales (SES).Après les associations de professeurs de SVT et de physique chimie, c'est la Commission française pour l'enseignement des mathématiques (CFEM) et l'association des professeurs de maths (Apmep) qui marquent leurs désaccord devant l'insuffisance de l'enseignement des sciences. De nouveaux renforts viennent  l'appui de la démarche de l'Apses (association des professeurs de SES) qui lance une pétition.

 

Les scientifiques très mobilisés

 

Dès l'annonce de la réforme l'APBG (professeurs de SVt) et l'Udppc (physique chimie) avaient marqué leurs inquiétudes. " Avec la réforme du baccalauréat, la France renonce définitivement à offrir une culture scientifique à ses citoyen·ne·s", écrit l'Udppc. " Le tronc commun du cycle terminal (1re et Tale) voit l’horaire de philosophie augmenter de 33 %, celui d’histoire-géographie de 33 % également. Si l’on veut que celui de mathématiques reste stable, sans devoir avoir recours à une option supplémentaire, les sciences expérimentales sont condamnées à subir une baisse de 15 % de leurs horaires d’enseignement", écrivait le 14 l'Udppc.

 

Depuis l'Udppc a publié des graphiques éclairants sur les horaires qui pourront être choisis par les élèves. Dans le cas d'un profil maths - physique, la légère hausse des maths se paye par l'affaissement des SVT. C'est l'inverse pour un profil maths - SVT. Aucun profil ne permet d'améliorer le niveau scientifique des élèves ni même d'assurer une formation de haut niveau en maths, SVT et physique, souhaitée par certaines prépas.

 

 

 


Dans un communiqué publié el 18 février, la Commission française pour l'enseignement des mathématiques (CFEM), qui regroupe l'association des professeurs de maths (Apmep), la société mathématique de France, l'union des prépas scientifiques et d'autres organisations scientifiques, est " inquiète à la fois pour la formation scientifique du citoyen à la sortie du Lycée général et technologique et pour celle des futurs scientifiques".

 

" Cette réforme acte le fait que certain.e.s lycéen.ne.s peuvent obtenir le baccalauréat sans

véritable enseignement de mathématiques en première, ni en terminale... L'intitulé du nouvel enseignement de tronc commun "humanités scientifiques et numériques", et le format réduit de 2h hebdomadaires, alors que c'est le seul enseignement de tronc commun comportant des sciences, ne permettent pas de présager que le lycéen qui n'aura choisi aucun autre enseignement scientifique en spécialité ou en enseignement facultatif, pourra acquérir la culture scientifique pourtant jugée indispensable à la formation du citoyen", estime la CFEM.

 

" Pour les futur.e.s scientifiques, notre inquiétude rejoint celle exprimée dans le communiqué de l'UdPPC (Union des professeurs de physique et de chimie). Ce communiqué souligne les nouveaux équilibres du tronc commun, avec une augmentation des horaires de disciplines non scientifiques (Philosophie en terminale, Histoire-géographie en première et en terminale) par rapport à ceux de l'actuelle série S, alors qu'il faut faire place à une nouvelle discipline, l'informatique", poursuit la CFEM.

 

Au coeur de la question le nouvel enseignement "d'humanités scientifiques et numériques" dont la programme semble encore flou. Le ministre l'utilise pour avancer l'idée qu'il y aura des sciences partout. Mais il semble aussi y voir une initiation aux problématiques liées aux sciences et au numérique et non un véritable enseignement scientifique.

 

Les SES aussi

 

Les SES ont réagi aussi très tôt à la réforme du lycée qui maintient les SES comme enseignement de spécialité en les amputant des sciences politiques. L'Apses lance une pétition, déjà signée par l'association des sociologues (ASES) et celle d'économie politique (Afep).

 

" Cette discipline, très appréciée des élèves, a démontré sa réussite. La série ES, dont elle est la discipline pivot, a indéniablement participé à la démocratisation du lycée en accueillant un tiers des bacheliers généraux, qui présentent un recrutement social particulièrement varié et bénéficient de débouchés diversifiés et de bons taux de réussite dans l’enseignement supérieur", écrit l'Apses.

 

"Les SES devraient être un élément constitutif de la culture commune en étant proposées à chaque lycéen. Absentes du collège et des enseignements obligatoires en première et terminale, il apparaît nécessaire de leur donner une place suffisante en classe de seconde. C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Ministre, que les sciences économiques et sociales soient intégrées au tronc commun de la classe de seconde générale et technologique, pour un horaire de 3 heures par semaine, incluant des dédoublements définis nationalement".

 

JM Blanquer a fait l'effort de reculer sur les propositions les plus violentes pour les enseignants comme l'annualisation ou la dissolution totale des classes. Le voilà confronté  aux associations disciplinaires qui font remonter que non seulement leurs postes sont en danger mais aussi que la réforme s'attaque à la formation scientifique, économique et sociale. Alors que le gouvernement met en place la sélection pour les lycéens, ce n'est pas une bonne idée...

 

François Jarraud

 

CFEM

Les sciences déjà mobilisées

Apses

Pétition Apses

Diagrammes Udppc

 

 

  

Par fjarraud , le lundi 19 février 2018.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 19/02/2018 à 08:06
    Pour les sciences, il ne s'agit pas d'un problème de disciplines, mais un problème d'intérêt de la nation.
    - il convient que les citoyen.ne.s aient un minimum de connaissance scientifique. Il est vital que les professeurs des écoles, qui sont en majorité issus de formation littéraire, ne puissent pas abandonner les maths en fin de 2nde. Or, c'est le cas dans le schéma concocté.
    - il convient que ceux qui veulent s'orienter vers les études scientifiques puissent être armés pour réussir à l'université. L'organisation actuelle ne le permet pas.

    Nous avons une organisation dictée par les littéraires haineux et discriminants. Ceux qui trouvent normal de voler le droit d'apprendre à celles et ceux qui ne sont pas dans les 40% meilleurs dans la capacité de questionner la question suivant les codes d'expression franchouillards. Nous sommes ridicules. La France est le seul système éducatif où il existe deux niveaux en langue maternel pour les élèves qui ne s'orientent pas vers le professionnel.
    Cette discrimination de ceux qui veulent garder le droit de faire des études uniquement à celles et ceux qui leur ressemblent, est justifié par deux mensonge. Il y aurait un lien entre la capacité d'analyse de l'humain et la capacité d'écrire suivant les codes imposés en France pour faire des études littéraires poussées. C'est faux. Permis les 5 personnes que je connais personnellement qui ont la meilleure capacité d'analyse de l'humain, 3 étaient incapables de faire une rédaction avec des paragraphes équilibrés.
    Le deuxième mensonge est le caractère discriminant d'imposer des matières exigeantes dans des classes de 32 élèves. Le soutien n'est pas possible: cela coule ceux qui n'ont pas les acquis La manière de rédiger imposée n'est pas utile dans la vie. Certains parmi les élèves les plus fins n'y arrivent pas car elle est artificielle. Concrètement en l'imposant les littéraires discriminants volent l'avenir à ceux qui n'y arrivent pas. Le niveau utile est celui des bac technos. 
    La haine est faite par la fable du tri UNIQUEMENT par les maths. Or, il y a deux matières qui trient le FRANCAIS et les maths. Le FRANCAIS élimine sur des critères illégitimes "la gloriole de quelques-uns ". Le problème des maths est uniquement le lien entre la dominante et le niveau en maths.
    C'est venu à cause d'un acte pervers de la hiérarchie de l'éducation nationale. La suppression des options maths dans les filières. La personne qui voulait faire HEC, quand elle avait la possibilité de faire l'option math qui donnait le niveau de S, n'allait pas en S mais en SES option maths.
    L'expérience internationale montre qu'il est nécessaire de deux niveaux en maths à partir de la Première. La Finlande et l'Italie qui avaient essayé ont rétabli les deux possibilités après la catastrophe des études supérieures scientifiques. La France ne peut pas jouer à l'apprenti sorcier alors que son industrie doit s'adapter être capable à s'adapter à un monde en pleine évolution.

    • thais8026, le 19/02/2018 à 13:44
      Personnellement je vous trouve toute aussi haineuse que les personnes que vous accusez sans les nommer explicitement.
      Il me paraît normal que le français soit une matière importante et sélective : c'est elle qui va permettre de transmettre ses idées, ses résultats quelque soit la filière. On ne peut pas se passer de français. De plus, au vu de la façon de noter le français nous sommes bien loin d'une matière sélective c'est d'ailleurs pour cela que les entreprises et de plus en plus d'école supérieure font faire des tests en français.
      Maintenant il est clair que cette réforme a été faite par des littéraires alors que leurs poursuites d'étude est plus que limitée et leur présence dans la filière aussi.
      Je ne suis pas d'accord avec le tableau si dessus donnant une augmentation de 33% de l'histoire géo car cela suppose que la majeure soit prise. Et cela rien n'est moins sure car l'histoire géo fait déjà parti du troncs commun donc à moins d'être sure en 1ère de vouloir faire une fac d'histoire-géo?
    • Utilitariste Gaulois, le 19/02/2018 à 10:44
      Bonjour,

      Pourriez-vous, svp, décrypter cette phrase :
      "La haine est faite par la fable du tri UNIQUEMENT par les maths. Or, il y a deux matières qui trient le FRANCAIS et les maths. Le FRANCAIS élimine sur des critères illégitimes "la gloriole de quelques-uns ".

      Merci.
      • Viviane Micaud, le 22/02/2018 à 12:28
        L'explication est simple, il y a plusieurs formes littéraires.
        - celle qui sert à s'exprimer clairement et sans faute d'orthographe, très suffisant pour faire passer des idées.
        - celle où on fait des paragraphes équilibrés qui tient plus de l'exercice de style, et qui discrimine socialement et certaines formes d'intelligence qui sert uniquement à faire des hautes études littéraires.

        Parmi les 5 personnes qui arrivaient le mieux à analyser l'humain que j'ai croisées dans ma vie, 3 avaient du mal avec les exercices suivant les codes franchouillards. On peut avoir une déconnexion entre la capacité de comprendre et la compétence de transcrire dans le mode d'expression qui donne du plaisir à ceux qui aiment l'expression suivant les codes littéraires. 

        Or interdire certaines options scientifiques à ceux qui ne peuvent pas tenir 60% de leur temps sur ce type d'exercices, est discriminant. D'autant plus que les jeunes qui subissent pas ne l'ont pas choisi, et comme les classes sont souvent supérieures à 34 élèves, les enseignants ne peuvent pas donner l'aide nécessaire. 
        Il faut voir que nous sommes pays au monde qui a le ridicule d'avoir deux niveaux de français pour celles et ceux qui ne vont pas vers l'enseignement professionnel (le niveau des filières générales et celui des filières technologiques).
        Que les personnes qui prennent plaisir à "questionner la question à la manière des littéraires" souhaitent faire partager leur passion aux élèves, je comprends. Qu'il souhaite le faire aux dépens de l'enseignement scientifique et la possibilité pour le pays d'avoir les techniciens, ingénieurs et scientifiques nécessaires à gérer les changements qui s'annoncent, cela ne me semble pas légitime. Que ces personnes veulent discriminer et diminuer les possibilités d'études pour ceux qui ont du mal et qui veulent s'engager vers des filières où cette compétence est inutile, je pense que cela pose un problème éthique.
        Ma réaction est trop agressive. Oui, mais elle est du même niveau que ceux qui fustigent la hiérarchie des filières et qui demande détruire l'enseignement des mathématiques. Le problème du lycée est qu'on lie la dominante (STI2D, SSM, SES, etc..) au niveau en Français et en Maths. Si on pouvait faire STI2D et le niveau en Français des filières générale il n'y aurait pas de hiérarchie entre STI2D et S. Si on pouvait faire les maths de S en SES, il n'y aurait pas de hiérarchie en S et SES. 
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