Recrutement : La croissance exponentielle des contractuels dans l'éducation nationale 

Si en 2016-2017 le nombre d'enseignants a significativement augmenté (+1.1% en 2016-2017) cette hausse a été 10 fois plus rapide pour les non titulaires que pour les titulaires. C4est un des enseignements, mais pas le seul, d'un nouvelle Note de la Depp. La multiplication des contractuels, revendiquée par le gouvernement comme une nouvelle politique, semble bien correspondre à un mode de gestion déjà bien installé dans l'Education nationale.

 

Deux nouveaux professeurs pour un départ sous Hollande

 

L'Education nationale renouvelle t-elle les départs en retraite ou va-t-elle au delà ? Une nouvelle Note de la Depp, la division des études du ministère, apporte un éclairage sur les flux d'embauche par rapport aux départs en retraite entre 2012 et 2016.

 

 

En 2012, année où les effectifs des concours ont été fixés par Luc Chatel, on voit que les admis aux concours de l'enseignement sont en dessous du renouvellement des départs en retraite. C'est particulièrement net pour le primaire où on a 8 nouveaux enseignants pour 10 départs en retraite. La politique de suppression de postes apparait très nettement aux dépens des professeurs des écoles, l'enseignement secondaire s'e tirant mieux.

 

A partir de 2013 et jusqu'en 2016 le recrutement est nettement au dessus des départs en retraite. Et c'est particulièrement le cas pour le premier degré. Ainsi en 2014 on compte 24 nouveaux professeurs des écoles (PE) pour 10 départs en retraite. Dans le second degré c'est 21 pour 10. En 2015 et 2016 on reste à un niveau élevé : 2 nouveaux professeurs pour 1 départ. Ainsi en 2016 on a compté 26 500 professeurs admis aux concours pour 14 600 départs en retraite. Rappelons que Sarkozy avait l'ambition du contraire : 2 départs pour un admis.

 

Le nombre d'enseignants augmente donc entre 2012 et 2016-17. En 2012-13 on comptait 854 492 enseignants. En 2016-17 on en a 889 345, soit  34 853 de plus.

 

Le contractuel boom sous Hollande

 

 

 


Mais qui sont ces enseignants ? Le graphique ci dessus illustre l'évolution des enseignants et non enseignants selon le statut. On observe déjà une croissance forte des non titulaires entre 2012 et 2015-16. Quand les enseignants titulaires augmentent de 1%,les non titulaires vont 4 fois plus vite. Mais en 2016-17 on passe à la vitesse supérieure. Les non titulaires augmentent de 10% quand les titulaires ont une croissance de 1%.

 

Comment expliquer cette croissance ? La croissance démographique a sa part. Les enfants du boom de l'an 2000 sont au collège et arrivent au lycée.  Le gouvernement arrive à doubler le taux de scolarisation avant 3 ans. Mais il y a aussi les politiques développées : les mesures en faveur de l'éducation prioritaire consomment des postes pour assurer les tems de travail d'équipe et de formation. Le ministère met aussi en place les maitres surnuméraires. Enfin la crise du recrutement, qui est relative à la croissance des postes a sa part. Il faut arriver à attirer vers l'enseignement des étudiants de master.

 

Cette hausse des contractuels de l’enseignement public est aussi liée à la modification du statut des enseignants contractuels, rappelle la Depp, avec le décret du 29 août 2016 qui permet aux académies de recruter des contractuels en cours de licence ou de master pour occuper des postes vacants ou assurer des remplacements.

 

Le Bilan social du ministère donne des chiffres. Dans le premier degré, les premiers contractuels dans le public sont des alternants : 242 en 2015, 433 en 2016. Leur nombre est équivalent en 2017. Mais à partir de 2016 on a un recrutement massif de 1198 contractuels. Ils sont 1545 en 2016-17.

 

Dans le second degré, on comptait 14 731 contractuels au début du quinquennat Sarkozy. On en a 26 490 à son départ. En 2015 on en compte 31 315 et 33390 en 2016. Mais on a un peu de mal à s'y retrouver dans les données du ministère. Le Bilan social indique 53 512 contractuels dans le second degré public pour 28 684 équivalent temps pleins en 2015.

 

Certaines académies comptent davantage de contractuels comme Créteil (plus de 10% dans le second degré) et Nantes (9% dans le second degré). Enfin leur répartition varie aussi selon les disciplines. On trouve une forte proportion de contractuels dans les disciplines professionnelles (15% en hotellerie, 20% en génie civile, 38% en métiers d'art). Les sciences économiques et sociales, les langues, la philosophie , les disciplines artistiques sont celles où l'on va compter le plus de non titulaires.

 

Une nouvelle politique qui va ressembler à l'ancienne ?

 

Le 12 juin le Conseil des ministres a arrêté la politique gouvernementale pour la Fonction publique en annonçant "l’élargissement du recours au contrat, avec comme ambition d’adapter les recrutements aux besoins, d’assouplir les contraintes qui pèsent sur les employeurs publics dans leurs choix de recrutement et de favoriser les mobilités entre secteurs public et privé". On ne saurait plus clairement annoncer une préférence pour le recrutement au contrat sur le concours.

 

Pour l'Education nationale, cette politique est déjà bien entamée et en accélération. Le recrutement de non-titulaires qui était l'apanage du privé et de certaines disciplines du second degré s'est étendue à un nombre croissant de disciplines du second degré et arrive dans le premier degré.

 

François Jarraud

 

Note Depp

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Par fjarraud , le mardi 19 juin 2018.

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