Des fiches pour réviser ? Oui . Mais des questions imaginées par les élèves. A partir de questions créées de façon collaborative par ses lycéens, Geneviève Ponsonnet, enseignante de physique-chimie au lycée Blaise-Pascal à Orsay (91) met en place des séances de mémorisation pendant le cours. Les notions vues en classe ou des applications directes du cours sont intégrées sur des cartes papiers disponibles en séance. « En moins de 10 minutes, chaque élève balaie les 36 questions ». Pour l’enseignante, l’idée « est d’augmenter l’ancrage des notions ». Transposable dans d’autres disciplines, cette pratique est également possible en ligne. Décryptage des flashcards avec Geneviève Ponsonnet.

Quels usages faites-vous en classe avec les flashcards ?

J’utilise les flashcards pour aider les élèves à se tester sur les notions vues en cours, à les mémoriser et à consolider leurs connaissances. Depuis la fin de l’année dernière, je mets en place des séances de mémorisation pendant le cours, en utilisant les flashcards.

La première étape consiste à créer une banque de flashcards, directement par les élèves. Pour cela, je leur demande, à la fin d’une séquence, d’écrire une question sur un « pad » (outil en ligne permettant d’écrire de façon synchrone et collaborative). Cette question reprend une des notions vues en classe, et peut même porter sur une petite application directe du cours, un calcul simple par exemple. L’élève propose aussi la réponse, qui doit être courte et rédigée.

Ce travail est réalisé, soit pendant la séance (sur un des ordinateurs de la salle de travaux pratiques), soit à la maison. Une fois que toutes les questions/réponses sont proposées sur le « pad », et avant la séance suivante, je les valide, et vérifie qu’il n’y a pas de question redondante. Dans le cas où la question est mal posée, ou si la réponse est imprécise ou incomplète, je l’indique aux élèves, qui sont chargés de corriger leur production.

De retour en classe, chaque élève recopie sa question sur une « carte » papier, et écrit la réponse au dos. Pour lancer la séance de mémorisation, qui se « joue » en temps contraint, je constitue des groupes (les élèves sont placés par quatre généralement) et je distribue une carte par élève.

Les élèves ont alors une minute pour passer en revue les quatre cartes.  Le fonctionnement diffère selon les groupes, et ils choisissent leur propre mode de questionnement.  Dans certains groupes, un élève lit les quatre questions, et c’est le plus rapide qui répond.  Dans d’autres groupes, chacun lit une question, et son voisin répond, et c’est ensuite à lui de poser la question à son autre voisin… L’émulation au sein d’un groupe est importante, et le jeu prend vite : à qui répondra le plus vite, correctement... c’est un challenge pour tous !

Je leur laisse environ 15 secondes par question, et lorsque le temps est écoulé, les cartes sont données à un autre groupe, en rotation. Ainsi, en moins de 10 minutes, chaque élève balaie les 36 questions.  Une fois que les élèves auront bien compris l’intérêt des flashcards, j’envisage de faire créer les cartes sur un outil en ligne. Ils pourront ainsi réviser en autonomie, avec des questions créées de façon collaborative.

Quels sont les avantages de cet outil ?

Les flashcards permettent de mettre en œuvre les éléments clés des sciences cognitives. Plutôt que de relire plusieurs fois des fiches (mode passif), l’élève se pose des questions (mode actif) et peut tout de suite vérifier ce qu’il a plus ou moins bien compris. La réponse constitue le « feedback » (ou « rétroaction ») qui lui permet de comprendre, le cas échéant, son erreur, de rectifier, et de progresser.

Les cartes restent à disposition dans la salle de cours. Les élèves qui le souhaitent peuvent ainsi réviser à tout moment (espacement, réactivation, multi-testing) pour encore augmenter l’ancrage.

Au fur et à mesure que l’année avance, le nombre de cartes devient très important, et les élèves peuvent, au choix, revoir uniquement les notions d’un chapitre, ou la totalité des notions vues depuis le début de l’année.

Il est important de proposer, en classe, des outils simples pour mémoriser le cours. Nous oublions souvent ce point pourtant primordial : les élèves doivent apprendre leur cours, mais souvent ne savent pas comment s’y prendre. Dans ma démarche, j’ai d’abord décidé de travailler avec des cartes « papier », car, pour en comprendre l’intérêt, il faut d’abord, à mon avis, mettre en place des outils simples et concrets.

Les cartes sont simples à utiliser et rapides à créer. Pas besoin de connexion ou d’outil numérique pour réviser. Le retour des élèves est plus que positif : ils sont très contents de pouvoir apprendre en classe, et souvent rassurés de voir qu’ils connaissent une grande partie du cours. Le fait de « jouer » pour apprendre est aussi certainement un des facteurs qui favorise l’apprentissage.

D’autres outils du même type sont aussi accessibles en ligne. Lesquels conseillez-vous aux enseignants et aux élèves ?

Pour réaliser la liste des questions, nous utilisons le pad accessible directement depuis l’ENT. On peut aussi utiliser le pad du site framasoft (outils libres et gratuits) : « framapad ». Pour réaliser les flashcards, et les utiliser pour la mémorisation, il existe de très nombreux outils en ligne comme « Quizlet », celui que j’utilise.

Cet outil, très simple à prendre en main, très complet, et gratuit pour les élèves et les enseignants, permet de créer des cartes, de réviser selon plusieurs modes variés (apprentissage avec les cartes, associations, tests, écriture, …). Il est aussi possible d’y ajouter des images, des sons, des schémas à légender … et d’imprimer les cartes. Un vrai plus pour ensuite les proposer en classe en complément des autres. Pour les enseignants, il est possible de souscrire un abonnement annuel, qui donne accès à des fonctionnalités supplémentaires comme créer et gérer ses classes, suivre les révisions de ses élèves. Il existe même un mode qui permet au professeur de permettre aux élèves d’écrire les cartes en mode collaboratif !

Le site propose aussi une large banque de listes de cartes créées par l’ensemble de la communauté : ces listes peuvent être dupliquées, modifiées et personnalisées. L’élève peut aussi utiliser les flashcards via l’application sur smartphone ou tablette, en autonomie chez lui, en classe, dans le bus, ou au CDI … D’autres outils, comme Ankiapp ou Brainscape (en anglais) intègrent en plus des algorithmes qui permettent de réviser les cartes selon les difficultés rencontrées. Pour gérer le temps, j’utilise le site en ligne « classroomscreen ». La page, projetée sur l’écran, intègre notamment un timer, qui sonne lorsque le temps choisi est écoulé.

Quels sont les points délicats à la mémorisation en physique et en chimie ?

Dans notre discipline, il y a beaucoup de définitions, des expressions et des notations à connaître. L’élève doit, pour progresser, apprendre le cours. C’est seulement une fois qu’il connaît bien les définitions et les notions qu’il peut les utiliser dans les démonstrations, et les mettre en œuvre lorsqu’il doit résoudre un problème ou élaborer une démarche scientifique.

Les flashcards permettent un ancrage plus important des définitions. En cela, elles constituent un outil très intéressant et complet, une véritable piste pour ceux qui ont du mal à apprendre leur cours.

Cet outil est transposable dans toutes les disciplines : les flashcards permettent d’apprendre des définitions, des mots de vocabulaire, d’acquérir des automatismes indispensables pour le raisonnement. J’ai échangé par exemple avec des professeurs de langues qui utilisaient cet outil pour aider à la prononciation et l’apprentissage du vocabulaire. D’autres utilisent les flashcards en histoire, en géographie, en mathématiques, en lettres … Les utilisations sont innombrables !

Entretien par Julien Cabioch

Dans le Café

8ème FEI : Physique : Les neurosciences au secours des cours