Espagnol : Des pratiques enseignantes aux résultats au collège 

Comment évolue le niveau des collégiens de 3ème en espagnol ? Sous la plume de Stéphane Boucé et Louis Marie Ninnin, la Depp (division des études du ministère de l'éducation nationale) consacre un numéro de ses dossiers à une analyse fine des résultats de l'enquête Cèdre de 2016. Si globalement les résultats sont stables, voire s'améliorent, on observe un resserrement des résultats, les groupes le plus fort et le plus faible diminuant. L'enquête montre aussi des évolutions des pratiques enseignantes marquées par un sentiment montant de dévalorisation et une diminution du travail à la maison.

 

Des résultats stables en compréhension de l'oral et de l'écrit

 

En 2016, la Depp a évalué le niveau des élèves de 3ème en espagnol en proposant des tests basés sur le niveau attendu par le CECRL c'est à dire A2. Quatre compétences ont été évaluées : la compréhension à l'écrit et à l'oral, l'expression à l'écrit et à l'oral. Pour les 3 premières, on peut comparer avec l'enquête Depp précédente de 2010. Au total un échantillon de 4000 élèves de troisième (dont 880 du privé et 566 de l'éducation prioritaire) ont composé deux heures pour réaliser les tests.

 

Par exemple , en compréhension de l'oral on pouvait demander aux élèves de réperer l'heure de départ d'un train dans une annonce faite dans une gare (repérage d'une information) ou de trouver à quel moment se passe une scène en écoutant des civilités (construction du sens). Les résultats sont stables par rapport à  2010 avec une forte baisse du taux d'élèves très faibles et des très forts. Le niveau général en compréhension de l'oral s'est resserré. On verra que c'est le cas le plus fréquent.

 

Si les élèves repèrent bien les informations ils ont plus de mal à dégager le sens. " Les élèves du groupe 1 au groupe 3 (des moins performants aux groupes médians : 80,3 % de l’échantillon) ont certaines compétences pour repérer des informations explicites dans un message sonore. Le taux de réussite atteint dans ce domaine dès le groupe 2 par exemple est de 67,3 %. En revanche, pour ces groupes, nous pouvons observer une différence d’environ 8 points (groupe 1) ou de 13 points (groupe 2) entre la reconnaissance de l’explicite et la construction du sens. Cette différence dans les performances atteintes montre la difficulté des élèves de ces groupes pour identifier l’implicite, inférer ou synthétiser".

 

L'étude montre aussi que l'écart entre filles et garçons s'est élargi, les filles étant bien meilleures. Ainsi dans le groupe le plus fort on compte deux fois plus de filles que de garçons, ce qui n'était pas le cas en 2010. L'étude montre aussi de fortes différences selon le niveau social de l'établissement, même si cet écart s'est un peu resserré depuis 2010.

 

 

 

En compréhension de l'écrit on connait une évolution plus favorable. Le niveau est stable mais le groupe des élèves les plus faibles diminue fortement alors que le groupe fort s'est maintenu. Il y a peu de différence de réussite entre les compétences reconnaitre, identifier une information pertinente et construire le sens. L'écrit s'en sort mieux que l'oral.

 

Un taux de réussite faible en expression écrite

 

En expression écrite l'enquête Cèdre montre une progression par rapport à 2010. Mais le taux de réussite reste faible. " Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ces taux de réussite qui demeurent faibles. Les élèves ont pu rencontrer des problèmes de compréhension des consignes. Certains en ont sans doute fait également une lecture trop hâtive. Par ailleurs, lors du cours de langue, la priorité est donnée à l’oral", écrit la Depp. " Les élèves savent mieux mobiliser le lexique très courant de la vie quotidienne pour répondre au sujet. Ils maîtrisent mieux certains champs lexicaux. Pour ce qui est de la maîtrise de la langue (conjugaison, syntaxe, orthographe), les taux de réussites sont globalement stables, mais ils demeurent faibles : entre 20 et 35 %. Les élèves ont des difficultés à accorder en genre et en nombre, à utiliser le verbe à la personne et au temps adéquats", écrit la Depp.

 

Sur le plan de la recevabilité linguistique, l'étude souligne que " lorsqu’ils doivent écrire des phrases simples reliées par des connecteurs ou des textes articulés ou bien encore des descriptions brèves d’un événement, d’activités passées et d’expériences personnelles, ils s’expriment dans une langue globalement compréhensible, voire partiellement compréhensible. Le vocabulaire est limité ou très limité ; ils commettent des erreurs élémentaires et récurrentes ou, en fonction des cas, l’évaluateur doit fournir des efforts pour comprendre".

 

Deux élèves sur trois se font comprendre à l'oral

 

Enfin Cèdre 2016 a évalué pour la première fois l'expression orale. C'est dommage car il est probable que le niveau s'est relevé. " Nous pouvons constater que 30,2 % des élèves s’expriment dans une langue partiellement compréhensible. Leur vocabulaire est très limité. L’évaluateur doit fournir d’importants efforts pour comprendre. 34,1 % des élèves utilisent une langue globalement compréhensible ; leur lexique est limité. Ils commettent des erreurs élémentaires et/ou récurrentes. 20,8 % s’expriment dans une langue globalement correcte, utilisant un lexique assez varié et approprié. Enfin, 6,1 % des élèves utilisent de façon assez fluide une langue correcte qui comporte très peu d’erreurs et, pour certains d’entre eux, des marques d’authenticité", note la Depp.

 

Une nette évolution des pratiques enseignantes...

 

Comment expliquer ces résultats ? La Depp s'est aussi intéressée aux pratiques enseignantes. L'étude montre que les enseignants demandent moins de travail à la maison en 2016 qu'en 2010. En 2010, 88% des enseignants demandaient un travail à la fin de chaque cours. Ils ne sont plus que 63% en 2016. La Depp parle de "baisse des exigences". Mais on a  vu que le niveau ne baisse pas...

 

" Environ 15 % des enseignants de 2010 comme de 2016 proposent des échanges épistolaires ou des projets avec des correspondants hispanophones. Ils sont moins nombreux à organiser des activités extrascolaires (musées, cinéma ou théâtre en espagnol) : 18 % en proposaient en 2010 contre 3.4 % en 2016. Environ 20 % des professeurs organisent un voyage dans un pays hispanophone chaque année, 35 % ne le font jamais".

 

Le principal changement vient de la montée des ressources numériques. " Entre 2010 et 2016, l’utilisation du manuel scolaire fourni pour la classe est en baisse importante : environ 77 % des professeurs interrogés déclaraient l’utiliser souvent ou très souvent en 2010 contre 48 % en 2016", note la Depp. " alors qu’en 2010, un enseignant sur quatre utilisait Internet pour enseigner, c’est le cas de trois sur quatre en 2016. Parallèlement, 91 % déclaraient ne jamais utiliser le TNI, seuls 25 % le disent en 2016".

 

Mais des profs dévalorisés

 

Le dernier changement concerne les enseignants eux-mêmes. De 2010 à 2016, le taux de contractuels à doublé passant de 6 à 12%. 67% des enseignants de 2016 ne s'estiment aps valorisés par la société , 20% pas du tout.

 

François Jarraud

 

Dossier Depp

Pour comparer avec les autres langues

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 21 mars 2019.

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