Le Sénat dénonce "l'impréparation et l'improvisation" de la reprise des cours 

" Une impression d’impréparation et d’improvisation plus de 10 jours après l’annonce de cette réouverture". Présidé par Jacques Grosperrin (LR), le groupe de travail du Sénat sur les modalités du retour des élèves en classe ne cache pas son désarroi devant l'absence de méthode et de concertation dans la façon dont le gouvernement prépare le retour des élèves en classe. Il invite à définir une doctrine sanitaire puis à organiser la rentrée avec les élus locaux en laissant du temps aux enseignants pour appliquer le protocole.

 

Absence de concertation et de fondement scientifique

 

" De très nombreuses personnes auditionnées ont fait part de leur surprise à l’annonce d’une réouverture des écoles à partir du 11 mai, qu’il s’agisse de personnes issues du monde médical ou de l’enseignement", déclare le groupe de travail du Sénat chargé de suivre le déconfinement des élèves. " Alors que l’on attendait une définition par le ministère de l’éducation nationale d’un cadre national et d’une méthode (quels sont les objectifs du retour en classe, qu’attendre des huit semaines de cours en présentiel restantes, quels publics doivent être prioritaires…), les hypothèses de travail présentées mardi 21 avril devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale n’abordent pas ces points pourtant structurants". Le groupe de travail, où l'on retrouve J Grosperrin, M Brisson et JB Magner, souligne aussi l'absence de concertation que ce soit avec les élus des collectivités locales ou avec les syndicats enseignants " alors même que le ministère avait indiqué vouloir co-construire les modalités de retour des élèves à l’école."

 

" Alors que depuis le début du confinement, le gouvernement indique fonder ses décisions sur des avis scientifiques, les hypothèses de travail présentées mardi dépendent de préconisations sanitaires en cours de définition et non connues à ce jour", souligne le groupe de travail.

 

Impossibilités concrètes

 

Le groupe établit aussi que les conditions de la reprise seront difficiles à installer. " La question des sanitaires et de l’accès à des points d’eau est également souvent revenue", déclare le groupe. On sait qu'un quart des écoles et établissements n'a pas assez de points d'eau. Les sénateurs montrent concrètement l'impossibilité de faire rentrer 200 élèves dans une école avec 24 points d'eau. La limitation à 15 élèves par classe ne leur semble pas plus judicieuse compte tenu de la taille des classes. " Ce plafond unique de 15 élèves par classe méconnait la diversité des établissements français" aussi du fait de l'existence de grands  établissements. " Une application stricte de cette limite de 15 élèves par classe dans un établissement de 80 classes fait se côtoyer dans un même bâtiment plus de 1 200 élèves auxquels s’ajoute le personnel de l’éducation nationale et des collectivités locales". Enfin le groupe pose la question de la gestion des flux d'élèves et de la circulation dans les locaux scolaires.

 

Elaborer un protocole sanitaire national

 

C'est ce qui conduit le groupe de travail à reprendre le dossier au début et à insister sur la doctrine. "Adopter un protocole sanitaire strict sur les activités scolaires et périscolaires, à la fois préventif et curatif, adapté aux spécificités de chaque niveau d’enseignement, et défini par les autorités sanitaires", lui semble le plus urgent. Puis, " à partir de ce protocole sanitaire, élaboration d’un cadre national d’organisation scolaire fixant les objectifs du retour en classe, en concertation avec les associations représentatives des collectivités locales, les organisations syndicales et les fédérations de parents d’élèves.. L’organisation de la reprise de l’école doit se construire à l’échelon local afin de pouvoir conjuguer cadre national et spécificités locales".

 

Le groupe demande une pré rentrée des enseignants suffisamment longue pour adapter le protocole sanitaire aux réalités de l'établissement. Deux jours semble le minimum. Il invite à " faire preuve de souplesse dans l’obligation de scolarité en présentiel" et à " prendre en compte les effets du confinement sur les apprentissages des élèves dans le cadre de la rentrée scolaire 2020" en s'appuyant sur les cycles et en adaptant les programmes à la rentrée. Il invite aussi à repérer les décrocheurs de façon précise.

 

F Jarraud

 

Les préconisations du Sénat

 

Par fjarraud , le vendredi 24 avril 2020.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces