Rentrée : 6 questions à Guislaine David 

" Il y aura des classes sans enseignants avec des enfants qui resteront chez eux. L'école ouverte n'est qu'un affichage". Dès le premier jour de la rentrée, la situation dans les écoles est complexe, nous dit Guislaine David, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu, premier syndicat du 1er degré. Pour elle, la situation va empirer.

 

Quels premiers retours avez vous des écoles en ce jour de rentrée ?

 

 La gestion est compliquée dès ce matin. Le protocole est sorti dimanche après midi avec beaucoup de modifications sur les règles relatives aux élèves. Ce matin il a fallu expliquer aux parents d'élèves les nouvelles règles et gérer les absences des enseignants malades qui ne sont pas remplacés. Dès ce premier jour c'est complexe. Et cela va s'amplifier.

 

Etes-vous inquiète pour la santé des personnels ?

 

On est inquiet car le ministère ne fait rien pour protéger les personnels. Par exemple doter les enseignants de masques en tissu ne permet pas de sécuriser les personnels. Les enseignants sont obligés de se fournir de leurs propres masques chirurgicaux ou FFP2, par exemple en maternelle là où les élèves ne sont pas masqués. Le même problème se pose aux AESH.

 

Pourra t-on éviter la désorganisation des écoles ?

 

On pourrait si des mesures avaient été prises en amont. Par exemple si on continuait à appliquer la règle en vigueur jusqu'en décembre de la fermeture de classe dès le 1er cas de covid. Avec cette règle on protège la classe et on évite l'usine à gaz des tests à répétition. A la place on va avoir une circulation importante du virus dans les écoles et on va créer des contaminations en ne fermant plus les classes même quand il y aura 3 cas de covid dans la classe. Des enfants positifs pourront être en classe entre deux tests.

 

On connait le mantra du ministre sur la non fermeture des classes. Mais jusque là la fermeture d'une classe durant 7 jours n'a pas mis en péril la scolarité des élèves. Il est préférable de sécuriser la classe et de mettre en place un enseignement à distance. Mais on sait que le ministre décide sur des critères économiques et non pédagogiques. Il faut que les parents puissent aller travailler.

 

Que faudrait il faire ?

 

Il faudrait revoir le protocole. Mais malheureusement le ministre écoute de moins en moins les personnels. Il va à l'encontre de leurs demandes pour réduire l'épidémie. Il faudrait des mesures sur les masques, les capteurs de CO2, la gestion des cas positifs qui va être une usine à gaz. On ne sait d'ailleurs pas ce qu'on fera des enfants qui viendront sans attestation parentale. Des directeurs vont exploser sous tout ce travail de vérification. Il faudrait revenir à la fermeture au 1er cas de covid.

 

Les écoles seront elles encore ouvertes dans une semaine ?

 

Oui. Mais ce n'est pas sur qu'elles aient leur nombre d'enseignants. Il y aura des classes sans enseignants avec des enfants qui resteront chez eux. L'école ouverte n'est qu'un affichage. On aura des endroits, comme en avril 2020, où les écoles seront ouvertes mais avec la moitié du personnel malade.

 

Le Snuipp Fsu a déposé une alerte sociale. Est-ce suffisant ?

 

C'est un préalable à la grève. On va entrer en négociation avec le ministère. La grève n'est pas exclue. Mais il faut d'abord construire une mobilisation.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le mardi 04 janvier 2022.

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