Macron au rattrapage 

Emmanuel Macron peut-il se rattraper auprès des enseignants ? Le 21 mars son équipe reprenait ses thèmes de campagne en apportant de fortes nuances aux propos du candidat. La revalorisation repart à la hausse, le choix des enseignants par les chefs d'établissement rentre presque dans le rang, les enseignements de la voie professionnelle sont maintenus et même le contrôle parental est banalisé. Après les propos injustes et durs envers les enseignants du 17 mars, le programme Macron prend une autre couleur. Au point de faire oublier 5 années et un discours ?

 

Retour sur propos

 

"Vous avez des enseignants qui pendant le covid se sont occupés des élèves  et des enseignants qui ont disparu... Dans une école on va avoir un professeur qui va changer les résultats des élèves et un autre non". On se rappelle les propos d'Emmanuel Macron dans le discours de lancement de sa campagne le 17 mars. Quatre jours plus tard, après les commentaires désastreux des professeurs sur les réseaux sociaux, l'équipe de campagne s'emploie à éteindre l'incendie.

 

Une revalorisation revalorisée

 

En commençant par la revalorisation des enseignants. L'enveloppe de 6 milliards annoncée par le candidat est une enveloppe annuelle (et non sur le quinquennat) ce qui laisse envisager une revalorisation nettement plus importante que celle réalisée jusqu'à maintenant (400 millions) si la promesse est tenue. Cette revalorisation sera proposée aux enseignants qui accepteront des missions supplémentaires qui ont été précisées : formation hors des horaires scolaires, remplacement des professeurs absents, accompagnement des élèves sur le périscolaire. L'équipe d'E Macron promet une concertation sur ce point. E Macron avait affirmé le 17 mars que " la revalorisation nationale compte tenu de la masse salariale, n'est pas la plus efficace", ajoutant : "On ne va donc pas payer les professeurs de façon uniforme dans le pays". Un flou certain flotte encore sur cette revalorisation promise. " J'assume plusieurs systèmes de rémunération car ils (les enseignants) ne font pas tous la même chose. Vous avez des enseignants qui pendant le covid se sont occupés de leurs élèves et des enseignants qui ont disparu", avait ajouté le candidat. Son équipe n'est pas revenue sur cette annonce d'une rémunération "au mérite". Ni sur le "On va payer mieux ceux qui sont prêts à faire plus d'efforts"...

 

L'autonomie des chefs d'établissement revue à la baisse

 

Précisions aussi sur l'autonomie des établissements et des écoles. "Il n'est pas question de recrutement direct des enseignants par les directeurs d'école ou les chefs d'établissement", affirme l'équipe d'E Macron . Elle revient sur les propos du candidat qui avait dit : "Je veux que les directeurs aient la possibilité de récuser des profils et participent à la décision". Selon l'équipe de campagne d'E Macron , les directeurs d'école et chefs d'établissement pourront ouvrir le recrutement sur poste à profil, une procédure qui existe déjà et qui est utilisée à Marseille. Ils seront donc associés à la commission académique qui va recruter selon le barème et les critères du poste.

 

Sur l'évaluation des professeurs communiquée aux parents

 

La mesure la plus choquante annoncée par E Macron le 17 mars ("ça va pas plaire à tout le monde") était la publication des résultats de chaque classe. Sur ce point, son équipe fait une marche arrière très nette. "E Macron l'a dit très nettement : il n'en fait pas un préalable" , annonce t-elle. Il s'agit maintenant de publier des indicateurs de valeur ajoutée (comme ceux qui existent pour les lycées) et de "donner des repères qui permettent aux familles de suivre les progrès  de leur enfant", ce qui se fait déjà avec les évaluations nationales. S'y ajouterai les résultats de l'évaluation de l'école ou de l'établissement réalisée par la nouvelle instance crée par JM Blanquer : le CEE. L'équipe ne parle plus d'évaluer chaque professeur. Même si toute l'histoire des évaluations nationales montre qu'elles ont été crées pour cela...

 

Les nouveaux enseignements

 

L'équipe donne aussi des précisions sur les nouveaux enseignements annoncés par E Macron. D'abord sur le lycée professionnel. Selon l'équipe, les diplomes professionnels continueront à comporter des enseignements généraux. Il y aura quand même des stages plus longs en entreprise, rémunérés par l'Etat. Comme les horaires de l'enseignement général ont fondu avec la dernière réforme on peut se demander ce qu'il restera comme horaire.

 

Au collège E Macron veut instaurer une demi journée "avenir" par semaine  qui regroupera un "nouvel" enseignement numérique et un enseignement manuel, à priori confiés aux professeurs de technologie et une découverte des métiers organisée avec les régions et des entreprises locales. Au final il y aura donc des heures d'enseignement supprimées. Selon l'équipe d'E Macron, les établissements choisiront leur nouvel emploi du temps et donc les disciplines touchées.

 

La même situation va se retrouver en 6ème. En effet l'équipe souligne le grand bienfait du retour aux fondamentaux à l'école primaire mais estime qu'il faut continuer l'effort en 6ème "pour consolider". Il y aura donc davantage d'heures de français et maths en 6ème. Et l'établissement devra là aussi décider quelles disciplines verront leur horaire diminuer.

 

A l'EPS s'ajouteront 2 heures de sport par semaine réalisées par des éducateurs sportifs avec l'aide des collectivités locales. Ce heures entreront dans les crédits du "fond d'innovation pédagogique" que veut créer E Macron.

 

Un ton qui en dit plus long que la communication de campagne

 

Finalement les précisions apportées par l'équipe de campagne ont beaucoup lissé le projet annoncé par E Macron le 17 mars. L'objectif est clairement de limiter l'effet désastreux auprès des enseignants des propos d'E Macron.

 

Cet objectif sera t-il atteint ? On peut en douter. En effet les enseignants n'ont pas oublié les propos injustes et violents tenus par E Macron. Plus que le contenu, le ton utilisé par E Macron est très révélateur de ce qu'il pense des enseignants. Enfin le souvenir de 5 années où les enseignants ont été traités avec une brutalité jamais atteinte et tenus dans le plus profond mépris est plus éclairant que les promesses des spécialistes de la communication.

 

François Jarraud

 

Macron règle leur compte aux professeurs

 

 

Par fjarraud , le mardi 22 mars 2022.

Commentaires

  • Jackye, le 22/03/2022 à 15:54

    Bonjour,
    A quel niveau , primaire? secondaire? s'ajouteront à l'EPS 2 heures de sport par semaine réalisées par des éducateurs sportifs. Où trouve -t-on l'info?
    Merci
    Jackye


    • fjarraud, le 22/03/2022 à 17:22
      au collège. Au primaire c'est la généralisation des "30 minutes de sport par jours" sur temps périscolaire
  • caroudel, le 22/03/2022 à 08:51
    Comment, Monsieur Macron se serait trompé ? Voilà la preuve qu'il n'a aucun programme, à quelques jours des élections il change de cheval de bataille ! Décidément on n'a aucun respect pour ce corps qui rappelons-le quand même, essaie de former les élèves, de les éduquer si possible, qui assure la garderie gratuitement pour que les parents puissent aller travailler.
    C'est vrai qu'ils ne sont pas capables d'aller cueillir les fraises. 
    Espérons qu'ils sauront en tirer les conclusions.
  • Ann14, le 22/03/2022 à 08:42
    Quand on paiera les enseignants pour leur temps réel de travail : temps devant élèves, préparations, corrections, administratif, réunions, rdv avec parents, ....: 
    1- la revalorisation sera substantielle
    2 - force sera de constater qu'ils ne peuvent pas travailler plus
  • stephan, le 22/03/2022 à 08:34
    Quand M.Macron suggère que les enseignants travaillent plus pour gagner plus, on comprend bien le petit message envoyé aux électeurs : " en fait, ils ne travaillent pas beaucoup".
    Curieusement, il n'ose pas proposer la même chose aux juges, aux infirmiers...
  • Imoro, le 22/03/2022 à 08:16
    Bonjour,
    personnellement, je pense qu'ils ont annoncé des énormités pour faire passer ensuite des mesures qui restent défavorables; Comme il semble revenir en arrière, on se dit qu'on a gagné et qu'on peut voter pour lui alors qu'il n'a pas changé d'idée (à savoir démanteler l'EN).
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