Benoît Teste : " On ne va pas se laisser conter par la stratégie actuelle qui vise à désamorcer le vote enseignant" 

La personnalité de Pap Ndiaye va t-elle changer les relations entre le ministre et les personnels ? Secrétaire général du premier syndicat de l'Education, Benoît Teste manifeste son admiration pour la personne de Pap Ndiaye et sa volonté de reprendre un dialogue cassé par JM Blanquer. Pour autant il rappelle que les législatives peuvent changer le ministre et que la nomination de Pap Ndiaye est avant tout une manoeuvre politique.

 

La nomination de Pap Ndiaye a t-elle été une surprise pour vous ? Comment expliquez vous ce choix ?

 

 Cela a été une grande surprise. D'autres noms de personnes proches d'E Macron ont circulé. Sa nomination est un symbole très fort d'une sorte d'anti blanquérisme sur les questions de la lutte contre les discriminations et le racisme. Par contre on ne connait pas avec quels projets il arrive au ministère. Il n'a pas pour l'instant développé ce qu'il souhaite faire.

 

Mais on peut penser qu'il vient appliquer la politique voulue par E Macron, que nous jugeons négativement. Comme par exemple lier la revalorisation à des contreparties. Nous sommes dans l'attente de savoir ce que sa nomination signifie et s'il y a réorientation de la politique éducative.

 

On lisait Pap Ndiaye comme historien. Nous étions en lien avec lui intellectuellement. C'est une personnalité qui compte, particulièrement intéressante par sa grande intelligence et sa grande finesse sur des questions comme les discriminations. Sur ces questions c'est une sorte d'anti Blanquer. Le précédent ministre hystérisait le débat. Au contraire, Pap Ndiaye manie ces questions avec finesse et intelligence.

 

Pap Ndiaye a marqué , dès son premier discours, son choix du dialogue. Etes vous prêt ?

 

On est prêt. On va poser nos sujets. Mais on l'aurait aussi été avec le ministre précédent. On attend une plus grande ouverture au dialogue et une capacité à mener des débats sans hystérisation. On souhaite un dialogue plus franc et plus serein. Mais il ne faut pas cacher que le projet présidentiel pour l'Ecole remet en cause de nombreux points sur le statut des personnels. On attendra donc de voir le contenu de ce dialogue.

 

Il faut le rappeler : on est dans une période particulière, à 3 semaines des législatives. On espère dialoguer avec Pap Ndiaye. Mais il y a aussi une élection qui doit déterminer la majorité parlementaire et donc l'orientation du gouvernement.

 

Quels sujets sont prioritaires ?

 

La revalorisation. On voit l'éducation prendre l'eau avec une crise du recrutement sans précédent. On craint beaucoup pour la rentrée prochaine. C'est le moment d'échanger sur les urgences : prendre en compte immédiatement les listes complémentaires, maintenir en emploi les contractuels par exemple.

 

Vous allez demander des mesures d'apaisement pour les poursuites lancées par le ministre précédent ?

 

Bien sur. Vouloir tout controler, désigner comme wokistes des enseignants qui usent seulement de leur liberté pédagogique, c'était structurel dans la politique de JM Blanquer. On attend du nouveau ministre qu'il envoie des signaux là dessus. Il ne s'agit pas de tout remettre en cause mais de montrer que le calme revient dans certains cas emblématiques. On attend ce calme dans les questions de discrimination. Ce qui s'est passé à Saint-Denis (la mutation forcée de 6 enseignants de l'école Pasteur NDLR) c'est typiquement de l'hystérisation. On a monté en épingle une situation d'autonomie pédagogique qui se faisait dans le respect des textes avec une volonté de reprise en main. On a fait de ces enseignants de dangereux gauchistes en donnant raison à l'extrême droite. On attend de Pap Ndiaye qu'il prenne des décisions là dessus. Il y aussi le cas des CPE déplacés à Nantes.

 

Un mot sur les 5 années de JM Blanquer ?

 

Ouf ! Cette période a été douloureuse. Une période d'autoritarisme, de difficulté à dialoguer dans un ministère qui a besoin de calme et de sérénité. Il peut y avoir désaccord entre nous et le ministre. Mais JM Blanquer ajoutait une façon de mépriser ses interlocuteurs dès lors qu'ils ne pensaient pas comme lui qui a envenimé les choses. Le gouvernement actuel ne doit pas penser que la page est tournée. JM Blanquer a été soutenu y compris dans sa volonté de cliver sur les questions d'identité et de racisme car à un moment cela a correspondu à la volonté d'E Macron de fracturer la gauche. On ne va pas se laisser conter par la stratégie actuelle qui vise à désamorcer le vote enseignant. Il y a une forme de cynisme là dedans.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le lundi 23 mai 2022.

Commentaires

  • caroudel, le 23/05/2022 à 10:11
    Le bulletin de vote doit sanctionner une politique néfaste.
    Pourquoi voterait-on pour des candidats qui approuvent la politique de Macron ? C'est aussi simple que cela.
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