Comment démocratiser l'accès aux grandes écoles ? 

" Les inégalités d’accès aux grandes écoles selon le milieu social, l’origine géographique et le genre sont largement dépendantes, en amont, de l’accès inégal aux formations de premier cycle qui y préparent : les classes préparatoires (CPGE) et les écoles postbac (comme les instituts d’études politiques ou certaines écoles d’ingénieurs). Or, les inégalités d’accès à ces filières ne s’expliquent qu’en partie par les écarts de notes entre les groupes considérés : ils sont à l’origine de moins de la moitié des inégalités sociales d’accès aux CPGE et écoles postbac et moins de 20 % des inégalités géographiques d’accès", note Julien Grenet sur le site Inegalites.fr. Il rappelle les travaux de Cécile Bonneau et Georgia Thébault que le Café pédagogique avait présentés en mars 2021. "Cordées de la réussite", programmes de parrainage, admissions parallèles : tous ces dispositifs largement promus par le gouvernement sont inefficaces", notions nous à ce moment. Les chiffres de C Bonneau et Georgia Thébault sont implacables. "Les grandes écoles, la filière de fabrication des élites françaises, accumulent les ségrégations. Ségrégation scolaire d'abord : Si 7% des bacheliers ont eu une mention très bien, c'est le cas de 25% des élèves des grandes écoles et de 83% de ceux des grandes écoles les plus élitistes (ENS ulm, HEC, X). Ségrégation sociale aussi : si 23% des bacheliers  viennent de milieu très favorisé, leur part passe à 64% pour les grandes écoles et 85% pour les plus élitistes. Ségrégation géographique : en fait 8% des lycées fournissent la moitiés des effectifs des 10% des grandes écoles les plus sélectives... Enfin ségrégation de genre : 55% des étudiants sont des filles mais seulement 42% des élèves des grandes écoles et 37% des 10% des grandes écoles les plus sélectives". Julien Grenet demande une politique de discrimination positive. " le débat sur la démocratisation des filières d’élite ne peut faire l’économie d’une réflexion plus générale sur la place à accorder aux politiques dites de « discrimination positive ». La diversification du recrutement des grandes écoles passe nécessairement par celle de leur principal vivier : les classes préparatoires. Tant que ces dernières accueilleront à peine plus de 10 % d’étudiants de milieux sociaux défavorisés, les dispositifs de discrimination positive qui pourraient être mis en œuvre à l’entrée des grandes écoles n’auront qu’un impact limité sur leur composition sociale effective."

 

Sur inegalites.fr

Les politiques d'ouverture en très grand échec

 

Par fjarraud , le lundi 30 mai 2022.

Commentaires

  • nanalyly072, le 05/08/2022 à 05:11
    The process of democratization of access to the Octordle is a long-term and complex endeavour. In many ways, it’s an uphill battle. At the very top end of the French education system, entry is extremely competitive and only a few hundred applicants will be accepted each year.
  • Martin Andler, le 06/06/2022 à 09:43
    Le travail de Grenet et de son équipe est remarquable. Il établit de manière très claire à quel point les efforts de démocratisation déployés par les grandes écoles ont échoué.

    Je suis d'accord avec la nécessité d'accentuer les efforts de démocratisation, et avec le principe de discrimination positive, qui devrait être appliqué tant sur le critère social que sur le genre (le déséquilibre hommes-femmes dans les écoles scientifiques est honteux). Mais je pense que tout cela ne peut avoir qu'un impact limité tant que le système fonctionne sur le principe d'une sélection précoce d'un groupe très petit d'étudiants présumés faire partie de "l'élite". La plupart des pays européens s'en passent très bien.

    Dans le Supérieur, avec une sélection précoce très forte, la marche à monter pour les jeunes de milieu modeste n'ayant pas bénéficié des meilleures conditions d'enseignement pour être au meilleur niveau est trop haute. Un système d'orientation plus progressif, tel qu'il existe en Allemagne, aux Pays-Bas, en Espagne et ailleurs, serait, à cet égard comme d'autre, plus favorable.

    [Pour éviter toute ambiguité : j'ai utilisé les mots "précoce" et "groupe très petit" ; je ne pense pas que tout le monde ait la capacité de tout faire !]               
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