GéoDéclic : La géographie à l'école dans tous ses espaces 

À l’école primaire, la géographie se limite bien souvent à sa dimension territoriale et à la prise de repères. Les professeurs et professeures des écoles sont peu formés à l’enjeu de l’enseignement de cette discipline : la transmission d’une culture commune et la formation du citoyen par l’analyse critique de l’organisation des espaces. GéoDéclic est un dispositif qui a pour ambition d’y remédier en plaçant l’élève au cœur de la réflexion géographique. « Nous quittions une géographie des repères pour une géographie à hauteur d’hommes, qui place au cœur de sa réflexion l’homme qui agit et qui cohabite sur son espace. Une géographie valorisant une approche systémique des espaces » expliquent Aude Valero, Christophe Gilger et Jean-Paul Zampin, trio de PE porteurs du projet.

 

Dans la circonscription de Saint Gervais Pays du Mont-Blanc en Haute-Savoie où les écoles ont un caractère plutôt rural et sont réparties sur quatre communes principales : Chamonix, Passy, Sallanches et Megève, l’équipe de circonscription propose un outil original pour étudier la géographie. Pour Aude Valero PEMF et médiatrice ressources à Canopé Annecy, Christophe Gilger ERUN/PEMF, expert premier degré pour le numérique à la DNE et Jean-Paul Zampin, CPC, le dispositif GéoDéclic permet de dépasser les représentations de ce que doit être l’enseignement de la géographie pour aller vers son objet premier.

 

Habiter, un concept au service de l’enseignement de la géographie

 

« Avec GéoDeclic, c’est en premier lieu leur espace proche, celui de tous les jours, celui vécu en famille, avec les copains, celui pour venir à l’école qu’ils vont explorer et souvent redécouvrir. Ils vont chercher à organiser le visible, à identifier les formes de cohabitation pour progressivement comprendre l’invisible et avoir une lecture culturelle en allant comparer leurs territoires avec d’autres types d’aménagements liés à d’autres besoins, d’autres formes de cohabitation. Ils construisent une éducation au monde pour reprendre une expression du géographe Jean François Thémines. Ils construisent une pensée systémique et une altérité essentielle » explique Jean-Paul Zampin.

 

Habiter, c’est le concept qui caractérise la démarche de ce projet. « Habiter l’espace, les relations que nous entretenons avec lui et la manière dont nous cohabitons avec les autres et l’espace » développe Christophe Gilger. « Il s’agit d’interroger l’espace autour de soi, d’apprendre à le regarder autrement en suivant les thématiques du programme que nous avons regroupé en quatre grands domaines– découvrir et le localiser un lieu, co-habiter et habiter demain, répondre à des besoins et se déplacer, communiquer. Il s’agit ensuite de comparer son territoire avec d’autres ailleurs en France ou dans le monde. Nous cherchons à susciter la curiosité et éduquer le regard ». « Nous pensons que pour faire comprendre la notion d’Habiter aux élèves de cycle trois, il faut impérativement partir de ce qu’ils connaissent, de ce qu’ils se représentent, voir même de ce qu’ils ressentent pour qu’ils puissent ancrer ce concept et les connaissances qui y sont reliées. Nous partons d’éléments proches des élèves.

 

Par exemple, si nous regardons ce qu’il y a autour de nous, depuis la fenêtre de la classe, nous pouvons interroger la façon de vivre notre espace : un passage piéton, un luminaire, un poteau électrique, les trottoirs, un parking, les barrières de protection le long d’un trottoir, les emplacements pour les vélos, les limites de l’école, des maisons ou des immeubles, des commerces, les espaces verts peuvent susciter autant de questions que : d’où vient l’électricité qui alimente notre école ? Pourquoi ou qui aménage les parkings, les trottoirs ? Qui décide du placement des passages piétons ? On quitte l’entrée par la géographie des repères pour la construire progressivement. Car elle ne disparaît pas. On entre par le questionnement et on utilise tous les outils du géographe - enquête, statistique, cartes, schéma…. En partant du vécu ou du visible nous tissons petit à petit une réflexion géographique plus large, plus systémique de l’invisible » ajoute Aude Valero.

Par cette démarche, le trio d’enseignant cherche à guider et participer à l’autonomisation progressive de l’élève, à sa formation de citoyen. « Nous ne perdons pas de vue cet aspect : faire de l’élève un être réflexif, doté d’un esprit critique. Dans nos épisodes, il y a des recherches, des enquêtes à mener pour aller dans ce sens » explique Jean-Paul.

 

175 classes participantes sur quatre continents

 

Avant de lancer GéoDéclic à grande échelle, Aude, Jean-Paul et Christophe l’ont expérimenté auprès de classes volontaires « pour mesurer les écarts possibles entre nos intentions, nos objectifs et la réalité du terrain ». Plusieurs versions du dispositif existent. Une version courte, GéoFlash, où la participation est simple. Il suffit d’avoir un compte Twitter et de suivre le fil qui donne accès à de très nombreuses situations géographiques - photos et question- partagées par la communauté GéoDéclic et liées aux différents thèmes des programmes. « Selon sa programmation de classe on utilise telle ou telle photo pour faire réfléchir les élèves sur une dimension géographique des programmes : cohabitation, désert ruraux, communication, consommation …. On l’utilise pour comparer avec son propre espace. On dispose alors d’une base de données à grande échelle que des manuels ne pourraient pas proposer. En mode réception, on observe, on compare, on répond et on partage sur twitter cette réponse. En mode émission, on propose à la communauté des situations variées et problématisées » explique Aude.

 

Une autre version, GéoExplo, plus engageante, permet de mettre en œuvre chaque thème des programmes en deux temps : comprendre mon espace proche et le comparer avec des espaces plus lointains. Selon Christophe, « cinq scénarii accompagnent alors l’enseignant ou l’enseignante en proposant à chaque fois des outils et annexes à géométrie variable, afin de pouvoir s’adapter à chaque territoire et à chaque type de classe. La participation est conditionnée ici à une inscription via un formulaire en ligne qui vous fait apparaître ensuite sur une carte interactive. La carte permet à chaque inscrit de choisir la ou les classes partenaires. Chaque scénario s’inscrit dans une période ponctuée à chaque fois par d’un badge valorisant le travail accompli ». « Même si les 5 scenarii sont construits dans un esprit de cohérence, il est tout à fait envisageable de ne pas tous les mener et de panacher par exemple avec des séquences issues d’un manuel. Actuellement, nous comptons pour cette seconde année 175 classes sur quatre continents. Twitter n’est pas la seule solution pour échanger les travaux réalisés. Des enseignants engagés utilisent EduTwit ou bien des messageries de classes » précise Jean-Paul.

 

Les enseignantes, les enseignants et élèves utilisant le GéoDéclic semblent ravis, mais GéoDéclic permet aussi de faire vivre la communauté éducative dans son sens large. En effet, les formes de travail proposées, basées souvent sur des enquêtes de proximités, enrôlent souvent les familles et parfois les élus pour une géographie ouverte sur l’extérieur et qui ne reste pas seulement une discipline scolaire entre les murs d’une classe. « Pratiquer GéoDéclic, c’est s’ouvrir à la vie de sa cité pour progressivement y trouver sa place de citoyen » concluent le trio d’enseignants qui souhaitent profiter de cette publication pour remercier leurs cinq ambassadeurs, « véritables pionniers, qui très tôt nous ont fait des retours sur chacun des épisodes nous aidant à les améliorer ».

 

Lilia Ben Hamouda

 

Géodéclic

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 01 juin 2022.

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