"Pendant l’année scolaire 2021-2022, le service moyen d’un enseignant du second degré est de 18 heures et 26 minutes dont 1 heure et 41 minutes d’heures supplémentaires annualisées (HSA). Mais, du fait des HSA, sa rémunération va varier fortement en fonction de son corps d'origine mais aussi selon son genre. "La pratique des HSA est très répandue", annonce la Depp (division des études du ministère) dans une Note qui ne fait pas le lien avec les suppressions de postes dans le second degré ni avec la croissance des inégalités...

Nouvelle hausse des HSA

L'année scolaire 2021-2022 a enregistré une nouvelle hausse des heures supplémentaires annuelles (HSA). Selon une note de la Depp, la part des enseignants qui font plus de 2 HSA a encore augmenté. On sait que depuis la rentrée 2019, on peut imposer aux enseignants deux HSA par semaine en plus du service ordinaire.

"La part des enseignants réalisant au moins 2 HSA parmi les éligibles est restée stable entre 2015 et 2018 puis a augmenté en 2019, première année où un enseignant pouvait se voir imposer 2 HSA", explique la Depp. "Elle est tirée par la hausse de la part des enseignants réalisant au moins 3 HSA parmi les éligibles. Ainsi, entre 2020 et 2021, cette part a augmenté de 2 points (contre 1 point pour la hausse des enseignants réalisant 2 HSA parmi les éligibles). En 2021, la hausse de cette part concerne aussi bien les femmes (de 39,3 % en 2020 à 42,1 %) que les hommes (de 46,8 % à 49,4 %). Cette hausse concerne également toutes les tranches d’âge des enseignants".

Cette hausse résulte des suppressions de postes opérées dans le second degré alors que le nombre d'élèves continue à augmenter. La réforme du premier degré est compensée par ces suppressions de postes dans le second , à rebours des évolutions démographiques des deux degrés. Singularités qui n'apparaissent pas dans la Note.

Hausse des inégalités

La Depp s'étend sur la rémunération de ces heures qui apportent un complément de salaire. C'est sous cet angle que les heures sont présentées, la Depp évoquant "un gain annuel moyen de 3640 € pour les hommes et 2990€ pour les femmes".

On touche là au second point important de ces heures : les inégalités entre enseignants et entre les genres.

Le volume d'HSA varie beaucoup selon les corps et les sexes. Ainsi en CPGE les enseignants effectuent en moyenne 3.45 hsa par semaine. C'est seulement 1.82 en lycée général et technologique,  1.33 en collège et 0.74 en segpa. Ainsi un professeur de chaire supérieure perçoit 18 218€ annuels  pour ses HSA contre 6191 pour un agrégé et 3173 pour un certifié. Le système mis en place par le ministère pour faire face à la pénurie d'enseignants augmente fortement les inégalités entre les corps.

Mais il augmente aussi les inégalités entre les sexes. Les femmes à temps complet font en moyenne 1.67 hsa par semaine contre 2.02 pour les hommes. On comprend bien pourquoi : les femmes ont d'autres charges et sont davantage à temps partiel. Résultat les écarts de rémunération entre femmes et  hommes sont sensibles. Là où un professeur de chaire supérieur perçoit 18 218€ par an pour ses HSA, une femme touche 13 255€. Pour une certifiée on trouve 2754€ contre 3173 pour un homme.

C'est ce système particulièrement inégalitaire qui est jusque là presque le seule réponse au blocage salarial dont souffrent les enseignants. JM Blanquer a oeuvré à rendre le métier plus pénible et plus inégalitaire. On ne voit pas que le décret de 2019 soit remis en cause...

François Jarraud

La Note