Epreuves de spécialité : Pap Ndiaye assume un mauvais choix 

Premier test pour Pap Ndiaye. Dans un message envoyé aux enseignants le 22 septembre, Pap Ndiaye assume le maintien des épreuves de spécialités fin mars.  Il annonce des programmes "resserrés" pour l'examen tout en invitant les professeurs et les élèves à finir le programme jusqu'en juin. A choisir entre le respect de Parcoursup, une icône macronienne, et les demandes des enseignants, le ministre a choisi l'icône. Pourtant cela a fait réagir les enseignants très majoritairement favorables à des épreuves en juin. Le ministre n'en  a cure et  leur demande en plus de distribuer une lettre aux élèves…

 

"Attentif aux inquiétudes"...

 

"Attentif aux inquiétudes que vous avez pu exprimer, j'ai veillé à garantir les meilleures conditions de passation de ces épreuves et décidé de resserrer, de manière pérenne, les programmes d'examen dont la nouvelle version sera publiée sous huitaine au bulletin officiel". Justement le BO du 22 septembre publie le calendrier officiel des examens. Et le ministre invite les enseignants à distribuer aux élèves une lettre ministérielle où il précise que "les enseignements de spécialité se poursuivront jusqu'au mois de juin afin de vous préparer à la poursuite d'études dans l'enseignement supérieur".

 

Envoyée aux enseignants des lycées, ces phrases concentrent bien des motifs de mécontentement pour les enseignants. Les associations professionnelles , comme les syndicats enseignants, ont fait valoir que le choix de mars oblige à traiter le programme trop vite au détriment de la compréhension et de la préparation aux épreuves. Le ministre y répond en réduisant le programme de l'examen. Mais il n'indique pas les points du programme retenus pour l'examen. Et cela plonge les enseignants dans une nouvelle inquiétude. "Suis-je en train de perdre du temps sur un chapitre qui ne sera pas choisi pour l'examen ?" se demandent ils. Le fait que le ministre ne soit pas capable de donner en même temps le calendrier et le nouveau programme n'est pas le signe d'une bonne gestion de ce dossier.

 

Mais le pire est peut-être dans la lettre aux élèves. Pap Ndiaye les invite à suivre les cours des spécialités jusqu'en juin. Or l'expérience de la session 2021 c'est que les élèves ont disparu des classes une fois l'épreuve passée. Un point que le syndicat des personnels de direction Snpden Unsa a lui aussi souligné. Le 21 septembre, le Dgesco a minimisé les choses rappelant que les élèves séchaient déjà les cours en terminale "il y a 30 ans". Certes mais sans doute pas dès le mois de mars !

 

Un positionnement révélateur

 

"En maintenant envers et contre tous ce calendrier absurde le ministère empêchera les professeurs d'enseigner des programmes exigeants de manière sereine et approfondie", écrivaient les associations de spécialistes le 21 septembre. Ces 16 associations représentent les professeurs qui enseignent en spécialités.

 

Une d'entre elles, l'Apses a immédiatement réagi à la lettre de P Ndiaye. "Les enseignant.e.s auront connaissance des thèmes exigés pour les épreuves du baccalauréat plus d'un mois après la rentrée, dans un contexte dans lequel les progressions (ordre dans le traitement des chapitres) choisies ne sont pas les mêmes pour toutes les classes. Ainsi, une partie des thèmes qui feront l'objet d'allègements auront déjà été traités dans une partie des classes, ce qui ne permettra pas à ces élèves d'envisager plus sereinement l'année puisqu'il leur restera encore l'intégralité du programme à traiter d'ici le mois de mars. Ceci constitue une atteinte inacceptable à l'égalité des candidat.e.s", écrit l'Apses. Elle demande que les épreuves aient lieu en juin.

 

Pour le Se-Unsa, "en plaçant les épreuves de spécialités fin mars, le calendrier du baccalauréat général et technologique publié au BO du jeudi 22 septembre, ne répond ni aux attentes des enseignants ni aux ambitions affichées par la réforme des lycées GT telles qu’annoncées au moment de sa mise en place". Le syndicat " regrette que de telles décisions soient prises sans concertation, alors que le comité de suivi de la réforme de la voie générale et technologique est enfin prorogé".

 

Le ministre a fait le choix de maintenir un calendrier décidé par Parcoursup alors que l'année dernière le passage des épreuves en mai n'avait pas nui aux élèves. Il a fait le choix du soutien à un outil mis en place par E Macron plutôt qu'être attentif aux demandes des enseignants, de leurs associations, de leurs syndicats et des personnels de direction. En ce sens cette décision est révélatrice d'un positionnement ministériel.

 

François Jarraud

 

 

 

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 23 septembre 2022.

Commentaires

  • Yann G, le 01/10/2022 à 11:05
    Un petit mensonge pour la spécialité mathématiques. Le programme n'a pas été allégé, au contraire. Et je découvre qu'un de mes deux chapitres de début d'année n'est pas attendu pour les épreuves.
    Incompétence crasse qui vaudrait un rapport d'inspection incendiaire à n'importe quel professeur. Au sommet, on se permet de mettre la charrue avant les boeufs puis de foncer dans les ornières. Si l'essieu casse, les manants répareront. Les pieds dans la gadoue.
    Mépris insupportable de l'exercice de notre métier. Et les dossiers à venir sont pas de nature à nous permettre d'envisager la suite sereinement.
  • Antonello, le 23/09/2022 à 09:58

    Très bon article.

    Juste un oubli : vous ne mentionnez pas le fait que les IA-IPR, par le biais du syndicat SUI-FSU, alertent depuis des mois sur la nécessité de reporter les épreuves d’EDS en juin.

    Ils ont encore écrit une lettre ouverte au ministre, le 14 septembre dernier (https://sui.fsu.fr/harmonisations-eds-2/) qui, sur la base de l'ensemble des inspections effectuées l'année dernière, expose les effets délétères des épreuves en mars pour les enseignements et les apprentissages et demande le report des épreuves.

    Le ministre a jugé bon d’ignorer ces alertes, pourtant très claires et rigoureusement documentées préférant, comme votre article l’exprime très bien, préserver le calendrier de Parcousup plutôt que les apprentissages des élèves !

    C'est évidemment un choix à déplorer.


  • SEVEDESABUSEE, le 23/09/2022 à 07:06
    Et voilà ! La petite marionnette s’est révélée ! Réagissons ! Quand comprendront-ils que nous ne gérons pas des chiffres ou des machines mais des adolescents ? Quel mépris et dédain envers notre expertise d’enseignants ! Je suis consternée par tant d’inconscience et d’incompétence ministérielles !
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