Nous sommes le 7 juillet. Ça y est. L’année scolaire se termine ce soir pour toutes les enseignantes et tous les enseignants. Pour les chefs d’établissements , IEN… il reste encore quelques jours pour boucler la préparation de la rentrée prochaine. Une préparation difficile. Pas assez de professeurs recrutés dans plusieurs académies, toujours pas de texte réglementaire sur le pacte qui va venir chambouler l’organisation de l’École et une circulaire de rentrée – censée donner les grandes orientations – tout juste publiée.
L’année scolaire 2022-2023 n’a pas été une année facile pour l’École. Encore une. Avec le départ de Blanquer de la rue de Grenelle, les enseignants et enseignantes espéraient une petite accalmie. Mais c’était sans compter sur le fait que les décisions concernant l’éducation, c’est à l’Élysée qu’elles se prennent. Le Président annonce, la rue de Grenelle tente tant bien que mal d’appliquer.
Mais l’année 2022-2023 restera surement dans les annales. La libéralisation de l’école, tant voulue par la Cour des Comptes, s’est accélérée ces derniers mois. La revalorisation de 10% promise par le candidat Macron s’est transformée en 91 euros pour toutes et tous et en une prime d’attractivité pour une partie de la profession, les professeurs ayant moins de 15 ans d’ancienneté. Et s’ils veulent gagner plus, qu’ils travaillent plus, répond le gouvernement. C’est ainsi qu’est apparu le Pacte. Ovni dans le système scolaire. Les HSE, HSA, IMP… existaient jusqu’alors. Mais le pacte, c’est la vitesse supérieure. Le pacte, c’est la contractualisation de la relation entre les profs et leurs chefs d’établissement ou directeurs, ces derniers tenant dorénavant les cordons d’une partie de la bourse. C’est aussi ouvrir la porte à l’annualisation du temps de service des enseignants.
2022-2023, c’est aussi la perte de 3 202 postes aux concours du professorat (CAPES, CAPLP et CRPE). Alors que l’an dernier le ministère justifiait l’hémorragie par le passage du concours en M2, il est à court d’arguments lorsqu’il s’agit d’expliquer les chiffres de cette année. On se dit même plutôt “serein” et satisfait au cabinet du ministre, « par rapport à 2022, il y a un nette amélioration du rendement des concours ». À croire que cela arrange le gouvernement cette baisse d’emplois dans la Fonction Publique…
La revalorisation « historique », la publicité avec Mme Falempin professeure au bras en écharpe… n’auront pas suffi à rendre le métier plus attractif. Mais pas de panique. Interrogé sur la stratégie ministérielle pour stopper l’hémorragie, le cabinet a répondu être en négociation avec les partenaires sociaux pour « une nouvelle mutuelle prise en charge à 50% »…
2022-2023, c’est aussi la réforme des retraites. « Un déni démocratique » pour une majorité des Français. Treize jours de grèves, un peu plus de manifestations, des millions de Français dans la rue… mais le gouvernement est resté sourd et a fait le choix de passer en force. Les enseignants travailleront donc deux ans de plus, dans des conditions de plus en plus dégradées, avec des salaires de plus en plus bas au regard de l’inflation …
Mais en attendant, ce sont les vacances. Des vacances que le Café pédagogique vous souhaite joyeuses et reposantes. Votre expresso quotidien sera de retour dès le 28 août mais il continuera de vous informer dans le cadre de flashs actualité lors des prochaines semaines.
Lilia Ben Hamouda