Dans
Libération du 27 septembre, Claude Poissenot (sociologue Nancy II) analyse
le discours sur l’illettrisme et en montre les racines dans les luttes
sociales. » La «bataille pour la lecture» est engagée au nom de valeurs
conçues comme universelles. Elle est menée au premier chef par des êtres
sincèrement sensibles à la lecture et notamment à la littérature. Il reste
que, collectivement, cette bataille est l’occasion d’un jeu de
hiérarchisation sociale entre fractions de notre société. Il s’agit
d’imposer les qualités dont on se trouve porteur et d’en négliger
d’autres… Mais, par un puissant effet pervers, la promotion de la lecture
contribue à la stigmatisation de ceux qu’il s’agirait d’aider à «sortir de
l’exclusion». Ils sont regardés à travers leur incompétence et les
conséquences présumées qu’elle entraîne. Ils sont réduits à leur «handicap».
La prudence semble de mise pour que la lutte contre l’illettrisme ne se
transforme pas en une lutte contre les «illettrés» ».
Article de Libération