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07/04/2013

Impressions de forum sur la route du retour lorsque la fatigue submerge de sa vague anesthésiante les émotions et les images, les mêlent dans un tableau pointilliste où chaque couleur devient partie de l’autre et ensemble du tout. En se haussant sur l’escalier de l’Hôtel de Région, on avait une vue plongeante sur les panneaux du forum. Dans l’avion du retour, au dessus de la mer de nuages, je me souviens de cette floraison de projets, ce mouvement perpétuel des idées et des paroles.

Je me souviens aussi et surtout de l’atmosphère de bienveillance, d’une arène où le taureau ne serait jamais mis à mort, d’une salle d’écho où les sons discordants deviendraient harmonie. Alchimie des idées qui étrangères les unes aux autres n’en sont pas moins familières, différences des individus, de leur origine, de leur métier, de leur façon de le vivre et pourtant, tant de notes communes qui donnent au final aux branches foisonnantes de l’innovation un air de composition florale, de jardin tropical.

Chaque forum possède son ton, chaque forum voit germer une idée fédératrice, un fil rouge entre les panneaux hétérogènes dans la cour miraculeuse de l’ingéniosité pédagogique. Cette année sans doute, le droit de se tromper, d’expérimenter, de revenir en arrière et l’intelligence collective seront ces jolis fils que l’on ne se lasse pas de suivre. Le droit de se tromper, c’est oser, tenter des expériences, admettre l’erreur chez les élèves et admettre la sienne, désacraliser l’omnipotence du savoir pour entreprendre une marche ouverte à la découverte, à l’inconnu.

« Rendons-nous disponibles à l’inconnu » proclamait l’affiche du formidable projet « Prof Lab » de Julien Gouriou. Ce slogan, qui pourrait être celui du forum, n’est pas un appel au n’importe quoi ni au n’importe commun. Il clame la nécessité de ne pas se conformer absolument au modèle ancien, au carcan qui cadenasse les œillères et empêche d’envisager les angles morts. Pour explorer sans se perdre, la nécessité d’un cap, d’un objectif s’impose. Pour l’atteindre, l’existence de voies multiples offre à l’apprentissage une liberté où chacun peut puiser pour trouver la clé des savoirs. Le forum montrait aussi cela : les enseignants innovants s’arment souvent de références scientifiques et pédagogiques pour construire un projet dont la solidité garantit d’autant mieux la réussite des élèves.

Apprendre à s’aventurer, à puiser dans l’intelligence collective les ressources pour élaborer et faire vivre son initiative : le forum a adopté la sérendipité. A l’approche de l’aéroport, l’amitié pédagogique gomme sur le thermomètre les degrés qui manquent au printemps. La sérendipité c’est cela aussi : saisir au vol les idées et poser les siennes dans l’arène apaisée des réflexions multiples, se souvenir à l’heure du retour que les fils déployés lors du forum restent intacts et s’enrichiront encore des échanges à venir. Le forum est une histoire de fraternité pédagogique qui est loin encore d’écrire le mot fin à son générique.

Monique Royer

Publié à 21:23 par moniqueroyer | Catégorie: Billets d'ambiance | Lien permanent | Envoi de cette publication par courrier électronique | Commentaires (0)

05/04/2013

Innovinstitutionnalisation, nouveau concept?

Innovation versus institutionnalisation, un combat de portée dans une arène officielle ? Le forum débute avec les discours d’accueil mais les discours d’accueil dans un forum ne sont jamais tout à fait ordinaires. Jacques Auxiette, président de la Région Pays de Loire, est également un ancien enseignant et un ancien proviseur. Alors quand il parle d’éducation, il met en perspective les voeux d’une décentralisation où la politique de la jeunesse et de la formation serait une responsabilité réfléchie et partagée entre les acteurs, tous les acteurs, ceux de l’enseignement agricole et des centres de formation par apprentissage compris.

L’innovation versus institutionnalisation, l’opposition est au centre du discours de François Jarraud au centre de l’écoute des participants aussi. Le forum des enseignants innovants est un lieu où les initiatives de terrain se montrent, se partagent. Elles émergent parfois malgré le système, osons même dire contre le système. Et lorsque le système les récupère, le temps est si long que les innovations sont parties ailleurs, une chasse aux nouveautés que l’on aimerait capter pour ne pas être à la traîne. L’innovation pose à l’institution une question cruciale : et si les solutions existaient déjà dans des établissements, et si les textes officiels ne prescrivaient que de l’obsolète ?

L’opposition après tout n’est peut-être que factice. Le discours de Mme Pau-Langevin abonde dans le sens d’une concertation élargie à tous les acteurs de l’éducation pour faire émerger et structurer les initiatives qui favorisent la persévérance scolaire. Le choix des mots à son importance, souligner le positif en parlant de persévérance plutôt que de décrochage, montre que l’innovation est aussi une posture, une approche où la réussite est valorisée. Et c’est peut-être là où initiatives de terrain et institution pourraient se rencontrer : dans une acception de l’éducation qui ne valide plus la course au classement, aux bonnes notes, aux premiers rangs.

Mais il est temps de rejoindre les allées bruyantes où les projets s’exposent pour s’immerger dans le foisonnement euphorisant d’enseignants en perpétuelle création pédagogique.

Monique Royer

Publié à 11:13 par moniqueroyer | Catégorie: Billets d'ambiance | Lien permanent | Envoi de cette publication par courrier électronique | Commentaires (0)

Le forum c'est demain, c'est tout de suite

A Rennes, nous étions tout serrés dans les rangs, les posters étaient maladroits et Boule de Poil nous avaient fait bien rire. Nous étrennions le forum des enseignants innovants et avions trouvé dans le magnifique projet d’Annie Girard, toutes les raisons de nous dire à l’année prochaine. Nous nous sommes retrouvés à Roubaix dans le décor magnifique des Bains Douches rénovés dans une ville meurtrie par la crise qui refusait d’abdiquer, de laisser l’éducation se noyer dans des fonds à marée basse. Là nous avons applaudi au projet hors norme de Monique Argoualc’h un projet qui ne rentrait dans aucune case, aucune génération, un projet généreux. En 2010, nous avons planté notre chapiteau dans la charmante atmosphère de Dax, entre un hôtel suranné et un lycée épris de modernité. Nous avons salué l’énergie, la créativité de Florence Aulanier, ses airs d’opéra et son sourire plissant ses yeux éclairés par l’émotion. A Lyon, nous avons été accueillis dans un lycée professionnel où l’apprentissage des métiers se lisait dans le hall, dans les ateliers ouverts à notre curiosité. Nous avons mesuré l’émergence des réseaux sociaux, la substitution de l’acronyme Tice par le mot numérique, la technologie était sortie des armoires des spécialistes pour se mêler à la pratique des enseignants. Nous avons aimé le sourire rayonnant de Bertrand Formet et la satisfaction de Robert Delord de voir les langues anciennes primées dans leur modernité. A Orléans, l’émotion était à son comble. Le nouveau ministre Vincent Peillon venait saluer les enseignants innovants, reconnaitre une initiative venue du terrain, venue des associations d’enseignants, une initiative qui vise en premier lieu la reconnaissance du travail exercé au quotidien pour que l’école se conjugue avec plaisir d’apprendre et accès pour tous à la connaissance.

Le forum des enseignants innovants est devenu un rendez-vous unique, inimitable. A la fois repère et source de surprises, il donne le pouls d'une école en mouvement. Sur la route du forum, l'impatience pointe, le bonheur de se délecter a l'avance des découvertes que l'on fera à coup sur. Chaque forum recèle une atmosphère particulière née de l'époque, née du lieu, née du fil aussi qui relie d'année en année les projets et les rencontres. La brève histoire des forums des enseignants innovants garde la trace de ce dont s'est saisie l'école : technologies, recherches, idées partagées, et d'édition en édition, on perçoit les initiatives qui se propagent, se répondent, s'enrichissent. La brève histoire du forum est une riche histoire qui recèle bien de jolies petites histoires, de belles idées. La brève histoire du forum nous raconte ce que pourrait être l’école si on faisait un peu plus confiance aux fruits de la liberté pédagogique. Se lâcher, inventer, aller là où on ne pensait pas aller, guidés par les effets d’un projet sur lesquels on ne comptait pas. Apprendre à s’adapter, à saisir les richesses de l’impromptu, le forum nous montre cela aussi : l’innovation nait est se propage loin de la peur de se tromper.

Alors que trouverons-nous cette année, quel mot qualifiera ce forum ? Tout à l’heure dès 8 heures 30, les premiers regards tenteront de saisir le souffle du forum 2013.

Monique Royer

Publié à 01:23 par moniqueroyer | Catégorie: Billets d'ambiance | Lien permanent | Envoi de cette publication par courrier électronique | Commentaires (0)