Au forum, c’est un rituel, l’après midi du premier jour est consacré à des ateliers. Après les échanges individuels autour des projets, vient alors le temps des interactions et de la construction collective. Les Tice, la parité, la continuité entre les cycles, la remédiation et le soutien sont cette année les thèmes retenus. Les enseignants sont répartis par groupe et ont pour objectif de créer une présentation multimédia d’une durée de trois minutes maximum qui sera projetée en début du samedi après-midi.

Dans l’atelier « Tice », 15 enseignants sont réunis. La plupart ne se connaissent pas, alors pour débrider les échanges, un tour de table est organisé. Chacun présente son projet, ses usages du numérique. La diversité est flagrante, diversité dans les usages, diversité dans les contextes. Les témoignages dessinent les contours d’un numérique éducatif, favorisant l’inclusion, la communication, l’ouverture aux autres. Le numérique change la relation aux savoirs, la relation entre enseignants et élèves, la relation à l’environnement, au monde dans le sens large du terme. Et puis, au fil des échanges un autre changement se profile, celui du rapport au réel, de la notion même de réel et celle en creux de virtuel.

L’école est elle un monde artificiel où le réel frappe à la porte, aux carreaux des fenêtres dans le souffle du numérique ? Les discussions rebondissent sur les perceptions brouillées par l’opposition factice et entretenue entre monde concret de la vraie vie et univers virtuel du mode numérique. Une participante glisse dans les débats « par exemple, il ya la réalité augmentée, réelle et virtuelle ». Dans l’atelier tout le monde n’a pas la même connaissance du numérique alors, le détour permet de partager ce qu’est le monde augmenté. Tout le monde n’a pas accès non plus au même matériel. « Il ya ce que l’on nous donne et ce dont on a besoin », la différence est parfois importante et pas dans le sens que l’on croit. Un enseignant n’a plus de cartouche couleur pour l’imprimante, un autre avait besoin d’un tableau interactif et voit livrer une classe mobile dans son établissement plein d’escaliers. Là aussi, le réel et le numérique ne font pas à tout coup bon ménage.

Le groupe a 3 heures pour réfléchir, se mettre d’accord, écrire le storyboard de la production multimédia. Le temps est court et la pendule veille sur les débats. Parler du numérique entre enseignants dans des disciplines et des niveaux différents, permet de découvrir ce que font les autres, leurs réalités professionnelles, leur projet, leurs questions, leurs découvertes et leurs idées. Alors forcément, l’exercice est riche mais contraint l’expression à un temps limité. Samedi matin, entre les présentations de leurs projets, les enseignants du groupe passeront à la réalisation de leur production : trois minutes pour donner à voir un numérique partagé.

Monique Royer