Violence scolaire : Eric Debarbieux missionné par Luc Chatel 

Par François Jarraud



Luc Chatel a confié à Eric Debarbieux le 3 mars " la mission de présider un conseil scientifique chargé d’apporter une expertise de haut niveau dans le cadre de la préparation et du suivi des états généraux de la sécurité à l’École". Ce conseil sera composé de "personnalités qualifiées, nationales et internationales" dans les domaines de la sécurité et de la prévention, ajoute le ministère.


C'est certainement une bonne nouvelle. Eric Debarbieux fait partie des meilleurs spécialistes mondiaux de la violence scolaire. Après des années de discours sécuritaires répétés et totalement inefficaces, sa nomination pourrait permettre d'impulser une politique plus réaliste. En janvier dernier, il déclarait au Café: "Ce qui peut aider un établissement c'est d'abord du personnel car la vidéosurveillance par exemple ne sert que si quelqu'un regarde. Mais le principal problème de personnel que l'on a dans les établissements c'est son instabilité du personnel. On envoie souvent dans les établissements difficiles des enseignants qui sortent d'IUFM, qui sont sans formation sur ces questions et qui ne s'attardent pas. Enfin, une politique de lutte contre la violence ne sera efficace qu'en fonction de la façon dont le personnel va s'en emparer. Pour cela il faut former les personnels. C'est une condition nécessaire à tout progrès, et trop négligée pour qu'une solution puisse être appliquée".

Communiqué ministériel

http://www.education.gouv.fr/cid50756/presidence-d-un-co[...]

Debarbieux dans le Café

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/01/De[...]



Analyse : Le retour des experts ?


Chassés du temple de la rue de Grenelle par Robien et Darcos, les experts sont-ils en train de revenir ? L'exemple du Conseil scientifique des états généraux de la sécurité à l'Ecole constitue une brèche par rapport aux pratiques de ces dernières années.


L'éducation nationale a eu son affaire Lyssenko. Les lecteurs du Café se rappellent les passes d'armes entre scientifiques et ministère à l'époque des lubies syllabiques de Robien, où le ministre répondait aux arguments des scientifiques par la censure et la sanction. Robien parti, les experts ne sont pas davantage revenus rue de Grenelle. Dénoncés comme les fossoyeurs de l'Ecole par toute une frange extrémiste mais proche du pouvoir, leurs travaux ont même été retirés des sites officiels dans une belle poussée obscurantiste. Fait unique dans les pays développés, depuis plusieurs années, la France a la singularité d'avoir un ministère de l'éducation où aucun expert n'assiste le pouvoir dans sa réflexion sur l'avenir de l'Ecole. Ce qu'il reste d'expertise rue de Grenelle, la Depp par exemple, étant l'objet d'une censure vigilante.


Il fallait rappeler tout cela pour prendre la mesure de la mise en place le 11 mars du Conseil scientifique des états généraux de la sécurité à l'Ecole. Cet organe chargé d'organiser début avril les Etats généraux de la sécurité à l'Ecole a été confié par Luc Chatel à Eric Debarbieux. Expert reconnu internationalement, Eric Debarbieux est aussi un homme qui revendique sa liberté. Le conseil qu'il préside réunit 15 scientifiques venues de spécialités différentes (psychologie, sociologie, éducation, criminologie) et aussi de 7 pays différents (Canada, Belgique, Etats-Unis, Israël, Luxembourg, Royaume-Uni, France). Après des années de discours démagogiques, avec ce conseil, le pays se dote d'un organe de réflexion unique au niveau international. Et surtout il reconnaît à nouveau la place des experts dans le fonctionnement d'un Etat moderne.


Ce geste fort de Luc Chatel est encore brouillé. Au moment même où il installait le conseil, l'Elysée communiquait de son coté sur la lutte contre les violences à l'Ecole. Mais le premier geste concret de cette politique, une circulaire sur le "plan de sécurisation des établissements scolaires" marque la différence. Sécuritaire certes, ce qui est une réponse étroite à la question,  elle met en avant la formation des cadres. Le retour de l'intelligence ?

Communiqué

http://www.education.gouv.fr/cid50821/etats-generaux-de-la[...]

Au B.O.

http://www.education.gouv.fr/cid50782/mene1003863c.html


Le Sgen et le Snes sceptiques sur les états généraux sur la sécurité à l'école

scolaires… ne règlent en rien l'immense majorité des actes de violences". Le syndicat pense que "pour que ces Etats généraux ne soient pas un simple instrument de communication ministérielle, ils devraient impérativement associer les personnels, prendre en compte toutes les dimensions – scolaires, sociales et matérielles – de la violence, intégrer la dimension éducative dans la lutte contre cette violence". Cela implique évidemment une autre politique dans l'éducation nationale " et de mener une lutte résolue contre la difficulté scolaire". Le Snes doute de la volonté ministérielle d'aller sur ces voies.

Communiqué snes

http://www.snes.edu/Etats-generaux-de-la-securite-pour.html


Luc Chatel signe avec huit associations complémentaires de l'Ecole

Le ministre a signé l'engagement quadriennal qui contractualise le partenariat entre l'Ecole et huit associations (CEMEA, Eclaireurs, FOEVEN, PEP, Francas, JPA, Ligue de l'Enseignement, OCCE.


Au-delà de leurs missions traditionnelles (accompagnement éducatif, formation, classes de découvertes, production de ressources pédagogiques...), les huit organisations se sont engagées à aider le ministère sur trois chantiers prioritaires : la responsabilisation des lycées, la maîtrise des savoirs fondamentaux et la lutte contre les violences et les discriminations.

Le communiqué de presse du ministre

http://www.education.gouv.fr/cid50746/reaffirmation-du-so[...]



Sur le site du Café

Par fjarraud , le samedi 20 mars 2010.

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