Seconde carrière 

Par Rémi Boyer de l'association Aide aux Profs



Ce mois-ci, nous attirons toute votre attention sur :


-       La réforme des retraites : l’inquiétude grandit chez les fonctionnaires…puisque, quelle que soit l’option choisie, cette nouvelle réforme se concrétisera par une diminution des pensions, alors même que bon nombre d’enseignants partent bien avant d’avoir atteint une retraite à taux plein. Qu’en sera-t-il pour les étudiants des futurs Masters, appelés, eux, à enseigner pendant plus de 42 ans ? Vont-ils tenir jusqu’au bout alors que les enseignants d’EPS, dans leur grande majorité, après 50 ans, milieu de leur carrière, rencontrent de grandes difficultés à enseigner ? Assurément, l’allongement de la durée de carrière est certes une mesure destinée à sauver le système des retraites, mais elle va générer dans les décennies à venir une précarité pour les classes moyennes dont les enseignants font partie. Travailler plus, plus longtemps, pour que l’Etat verse moins longtemps la pension de retraite qui revient à chacun du fait d’une plus grande usure en fin de carrière, donc de problèmes de santé plus prégnants, alors que les taxes ne cessent de se multiplier et les charges sociales d’augmenter?  Nous faisons un point sur ce dossier brûlant, alors qu’en 2003, l’article 77 présenté comme « contrepartie » à l’allongement des durées de carrière n’a toujours pas été appliqué : on attend toujours ces fameuses « secondes carrières » que le MEN devait créer, l’année 2006 ayant porté l’inflation des promesses à « 1000 postes par an »…

-       Les parcours de mobilité interministériels : il est en effet curieux, quand même, que de plus en plus l’Etat centre son action sur la mobilité, alors qu’il n’était question que de formation tout au long de la vie jusqu’ici. Tout ce qui se déroule actuellement dans le planning accéléré des réformes depuis 2008 provient d’une même source : le rapport de Jacques Attali de janvier 2008 : « 300 idées pour changer la France » : alors pour mieux cerner la finalité de cette loi du 3 août 2009, Aide aux Profs a épluché le rapport Attali, pour vous ouvrir les yeux sur ce qui vous attend au moins jusqu’en 2012…

-       Le régime de l’autoentreprise : assurément, c’est une manière de s’assurer un revenu complémentaire intéressant, mais le MEN demeure très frileux pour faciliter à la fois l’information mais aussi l’accessibilité des enseignants à cette forme d’entrepreneuriat. Nous sommes contactés par des enseignants qui, déjà, se voient opposer des refus systématiques de leurs académies respectives pour cumuler leur maigre salaire avec quelques vacations ici et là…comme s’il était interdit de cumuler plusieurs sources de revenus pour des fonctionnaires appelés à subir une diminution de leur future retraite, tout en cotisant toujours plus.

-       Les enseignants d’EPS souffrent de leurs conditions d’exercice dès 35 ans, et malgré des rapports et des sondages alarmants, le MEN semble faire la sourde oreille…problème de budget sans doute : ne peut-on pas imaginer un développement de la bivalence pour ces enseignants, ou des formes de seconde carrière au sein des EPLE comme nous l’avions préconisé dans le rapport n°1968 de l’Assemblée nationale en octobre 2009 ? La seule visite médicale prévue à 50 ans pour ces enseignants n’est-elle pas trop tardive ? Doit-on traiter tous les enseignants de toutes les disciplines de manière homogène, alors que les conditions de travail sont très différentes d’une discipline à l’autre, d’un niveau d’enseignement et d’un quartier à l’autre ?

-       Claire Baudemont nous parlera de ses étapes de carrière, avant de devenir autoentrepreneuse, puis partenaire d’Aide aux Profs en 2009-2010.



L’impact prévisible de la réforme des retraites de la rentrée 2010


Les réformes qui se succèdent depuis 2007 ne laissent pas d’inquiéter dans le contexte du non renouvellement d’un fonctionnaire sur deux, entre les parcours de mobilité forcés liés aux restructurations dans la fonction publique de l’Etat, du fait d’une situation budgétaire qui a nécessité le gel des dépenses de l’Etat pour les trois prochaines années :

http://www.20minutes.fr/article/402871/France-Les-depens[...]


Il y a donc fort à parier que l’effort qui sera demandé aux salariés de la fonction publique sera bien plus important qu’en 2003, alors que leurs salaires de fins de carrière ne sont souvent équivalent qu’au double de leur entrée en carrière, en dehors des hauts fonctionnaires.

Ce rapport permet de faire un point sur ce qui nous attend tous à la rentrée 2010, en envisageant les différentes options présentées par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) le 11 mai 2010 :

http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1339.pdf

Cet autre document technique du COR fait le point sur les variantes de durée d’assurance et d’âges de la retraite : hypothèses et chiffrages :

http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1341.pdf


La Direction Statistiques et Prospective de la CNAV a réalisé aussi une étude très parlante :

http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1342.pdf


La Direction du Budget a réalisé une étude technique sur les projections de long terme pour la fonction publique d’Etat :

http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1343.pdf


La Direction Générale du Trésor a de son côté réalisé une étude sur la situation financière de l’UNEDIC à long terme :

http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1344.pdf


Quel sera le niveau des retraites des enseignants diplômés d’un Master, qui deviendront enseignants vers l’âge de 29-30 ans et devront enseigner pendant 43, 5 ans pour prendre leur retraite entre 72 et 74 ans, alors qu’à la moitié de cet âge, les enseignants d’EPS (cf ci-après) rencontrent déjà de grands problèmes de santé ? Pourquoi le MEN se refuse-t-il à dire la vérité aux enseignants, en informant mieux les étudiants des conditions de pénibilité d’exercice qui les attendent dans certaines disciplines ? Par crainte de manquer d’enseignants dans les années à venir ? C’est l’hypothèse de travail que nous formulons, ce qui expliquerait le manque d’intérêt qu’a porté jusqu’ici le MEN à la question des secondes carrières des enseignants, beaucoup de cadres administratifs n’imaginant toujours pas qu’un enseignant puisse faire « autre chose » en dehors du métier auquel il a été plus ou moins bien préparé. Cela expliquerait aussi pourquoi, atteints prématurément par une pénurie d’enseignants, certaines académies recrutent des étudiants « aux compétences avérées » et s’en retournent chercher les « jeunes retraités » pour assurer les remplacements de ceux qui n’en peuvent plus…



Aide aux Profs s’est replongée dans le rapport Attali de janvier 2008 puisque ce document constitue le véritable fil conducteur de toutes les réformes actuelles et à venir

Le Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française sous la présidence de Jacques Attali avait proposé « 300 décisions pour changer la France » (316 en fait) en janvier 2008, et force est de constater que ce rapport de 245 pages sert réellement de fil conducteur dans la réforme actuelle de la fonction publique, et qu’il n’a pas eu à l’époque suffisamment de lecteurs pour prendre plus au sérieux cette « feuille de route », ce « programme visionnaire » mis actuellement en œuvre à l’allure d’un TGV:

http://www.liberationdelacroissance.fr/files/rapports/[...]


Morceaux choisis…pour comprendre beaucoup mieux la tourmente que nous vivons au rythme des réformes, que ce soit au niveau de la mobilité, des restructurations imposées par l’Etat à ses différents services, ou dans bon nombre d’autres secteurs…


Sur la confiance…

« Alors que notre époque requiert du travail en réseau, de l’initiative et de la confiance, tout se décide encore d’en haut, tout est contrôlé dans un climat de méfiance générale » (page 8)

Sur la dette…

« si rien n’est fait, la dette publique représentera 80 % du PIB en 2012 et 130 % en 2020 » (page 10)


Sur les retraites…


« De plus, compte tenu des évolutions démographiques, le maintien des taux actuels de remplacement des retraites est compromis : la part des dépenses de retraites dans le PIB devrait passer de 12,8 % aujourd’hui à 16 % en 2050. »


Sur la rapidité des réformes…

« Cela exigera le courage de réformer vite et massivement (…) Un pays trop lent se désole et recule : il vit sous l’emprise de la peur, il voit partout des menaces où les autres voient des chances. Le monde avance, la France doit croître» (page 11)


Sur le processus de mobilité actuel…


« Pour cela, trois principes d’équité sont pour nous cardinaux :

• La réforme doit concerner tout le monde, toutes les catégories sociales et professionnelles. Sans tabou, sans exclusive : salariés publics comme privés, secteurs abrités comme exposés, hauts fonctionnaires et petites entreprises. Tous doivent bouger, pour que tous puissent gagner.

• Les acteurs les plus fragilisés par la mobilité doivent être aussi les mieux accompagnés, les plus aidés à changer. Alors que les protections d’hier incitaient au statu quo, les sécurités de demain doivent aider au mouvement. » (page 12)


Sur les « décisions fondamentales » mais qui montrent que la volonté de réformer est bien trop timide :

« Laisser à tout salarié le libre choix de poursuivre une activité sans aucune limite d’âge (une fois acquise la durée minimale de cotisation) en bénéficiant, à compter de 65 ans, d’une augmentation proportionnelle de sa retraite et en supprimant tous les obstacles aux cumuls emploi-retraite, et tous les dispositifs de préretraite. »

Pourquoi ne pas avoir libéré le travail pour permettre à ceux qui le souhaitent d’anticiper cette précarité que le Gouvernement leur prépare et qui touchera de manière inégale les salariés ?


« Encourager la mobilité géographique (par la création d’une Bourse Internet du logement social) et la mobilité internationale (notamment par une procédure souple de délivrance de visas aux étudiants, aux chercheurs, aux artistes et aux travailleurs étrangers, en particulier dans les secteurs en tension). » (page 17)


L’objectif d’un processus de réformes accéléré était en partie le suivant : (page 19)

« La mise en oeuvre de l’ensemble de ces réformes à partir d’avril 2008 permettra, si l’environnement économique international ne se dégrade pas, d’atteindre les objectifs suivants à la fin 2012 :

• Une croissance potentielle de 1 point plus élevée qu’aujourd’hui ;

• Un taux de chômage ramené de 7,9 % à 5 %, c’est-à-dire le plein-emploi : le taux de chômage en 2010 est en fait remonté à 9,8% de la population active…

• Le chômage des jeunes divisé par trois : il approche les 25% :

http://www.statapprendre.education.fr/insee/chomage[...]

• Le nombre de Français sous le seuil de pauvreté ramené de

7 à 3 millions : nous en sommes à 8 millions :

http://www.viva.presse.fr/8-millions-de-personnes-viv[...]

• Un senior sur deux au travail au moment de prendre la retraite, au lieu de un sur trois aujourd’hui : travailler plus pour profiter de sa retraite moins longtemps afin de faire des économies ?


La page 20 préconise de « mener la réforme tambour battant », la page 26 propose de mettre en place le « socle de commun de compétences » (c’est d’actualité !), « d’accorder plus d’autonomie aux établissements scolaires » (c’est en cours !) page 27, tandis que la page 28 propose (ça va venir… !) d’évaluer les enseignants sur leur capacité à faire progresser les élèves, la réforme de la carte scolaire présentée dans cette page ayant déjà été mise en œuvre.

La page 29 est à relier directement avec la Loi sur l’Orientation de 2009…

Page 34, l’autonomie des universités y était annoncée…nous y sommes aussi…

Page 42, la réforme du statut des enseignants chercheurs qui a été réalisée en 2009…

Page 53, les idées préfigurent la création de l’autoentreprise qui a eu lieu début 2009…

Page 54, on comprend bien mieux le rapport Fourgous et le changement du MEN pour développer le numérique dans l’EN

Page 90, la taxe carbone est quasi évoquée….

Page 101 « améliorer la formation et les parcours professionnels » est à consulter

Page 106, c’est le changement du mode de représentativité des syndicats…

Page 112 « permettre à chacun de travailler aussi tôt et aussi longtemps qu’il le souhaite » et de « retarder son départ à la retraite » page 115

Page 117, le travail à autoriser le dimanche

Pages 117 et suivante « sécuriser les parcours professionnels… »


Si vous souhaitez savoir ce qui va vous arriver d’ici 2012, plongez vous très attentivement dans le rapport Attali, qui constitue le guide actuel des réformes qui nous attendent :

http://www.liberationdelacroissance.fr/files/rapports/r[...]


Pour terminer, citons Franco BASSANINI, ancien Ministre de la Fonction Publique en Italie : «  Plus l'Etat est dans une situation désastreuse, plus il est facile de proposer des réformes radicales et d'obtenir un consensus généralisé » :

http://www.astrid-online.it/Riforma-de1/FrancoBassaniniE[...]

Il y indique où ce train de réformes va nous mener : dans un Nouvel état d’esprit, un Nouveau Monde, une nouvelle manière d’agir, plus motivante, plus créative, plus encourageante…



Le régime d’auto-entreprise permet de développer une activité synonyme de passion afin d’anticiper la précarité quasi annoncée de sa future retraite


Pour tous ceux qui souhaitent s’engager dans la création d’une auto-entreprise, Aide aux Profs met en place ces jours-ci un partenariat efficace avec la Fédération des Autoentrepreneurs, fédération loi 1901, permettant de relier nos synergies dans l’objectif de faciliter le projet de ceux qui ont véritablement envie de faire de leur passion un métier, en gagnant leur vie, sans attendre une retraite qui n’est plus garantie :

http://www.federation-auto-entrepreneur.fr/

Nous espérons ainsi réaliser dans les années à venir ce dispositif que le MEN peine à développer pour les enseignants qui ont ce type de projet professionnel, puisque la majorité des conseillers mobilité carrière des cellules de seconde carrière académique ne maîtrise pas les subtilités et les modalités de cette forme d’entrepreneuriat.

Pourtant, alors que les enseignants ont un potentiel créatif très important dans le cadre de leur métier, et que certains rectorats limitent de manière drastique les possibilités de cumuls de rémunération, bridant les énergies et générant des démotivations en cascade, il s’avère que ce régime d’auto-entrepreneur peut constituer une véritable chance pour notre pays plongé dans la dette et le déficit budgétaire…


Ce qui est pour le moins curieux, c’était la volonté du Sénat de vouloir limiter à trois ans l’existence de ce statut pour chaque autoentrepreneur, et l’amendement prévu n’a heureusement pas été adopté :

http://www.federation-auto-entrepreneur.fr/actualites/r[...]

Pourquoi vouloir couper à la racine un dispositif qui permet de croire à un changement d’état d’esprit, comme si chacun défrichait un front pionnier à l’heure de cette révolution technologique majeure qu’est Internet ? La France saura-t-elle entretenir cette impulsion de «Nouveau Monde » qu’elle a fait naître avec l’autoentreprise ?


Dans le rapport n°1968 de l’Assemblée Nationale, Dominique le Méner avait accepté de présenter notre proposition phare sur l’autoentreprise, qu’il a qualifiée de « révolutionnaire »: qu’elle puisse être exercée tout au long de la carrière, à partir de 15 ans d’ancienneté, pour tous ces enseignants auxquels le Gouvernement va appliquer prochainement un régime de retraite de nature à diminuer leur pension…cela aurait pu motiver ceux qui le souhaitent pour compléter cette baisse de revenus annoncée, en anticipant. Cela permettrait au Gouvernement de tenir enfin sa promesse de créer les conditions d’une seconde carrière pour ceux qui le souhaitent.

http://www.aideauxprofs.org/Index.asp?affiche=News_Displ[...]


Puisque cette rubrique est certainement lue par les conseillers du Ministre Luc Chatel, nous tenons à préconiser des mesures « novatrices, ambitieuses, performantes, efficaces, porteuses d’avenir et de dynamisme » afin que la seconde carrière des enseignants prenne enfin son essor et que le Président de la République, dans son « grand emprunt », y consacre enfin quelques millions d’euros, malgré le gel annoncé des dépenses de l’Etat, car savoir anticiper, c’est préparer l’avenir. Les petites dépenses d’aujourd’hui peuvent préparer les grosses économies de demain.


Le 20 avril 2010, la nouvelle DGRH de l’EN, Madame Josette Théophile, avec Monsieur Louis Masliah (mission seconde carrière, ancien SGA et DRRH de Créteil puis d’Amiens) a reçu Aide aux Profs durant deux heures de 17h30 à 19h30, et nous avons pu nous entretenir de la problématique des secondes carrières ensemble, dans un climat bienveillant, d’écoute attentive, et nos interlocuteurs ont été très intéressés par ce que nous leur avons présenté, ce qui constitue un grand pas pour notre association en terme de crédibilité :

http://www.mgen.fr/fileadmin/user_upload/documents/adhere[...]


Pour mieux cerner les possibilités de cumuler un emploi de fonctionnaire et l’auto entreprise, cette page est très explicite :

http://www.federation-auto-entrepreneur.fr/fiches-pratiques-[...]



La pénibilité des carrières des enseignants d’EPS : pourquoi le MEN ne prend-il pas ce problème au sérieux ?

Par Rémi Boyer et François Jarraud

Un professeur d'EPS agé de 55 ans, apprécié dans son établissement, un collège sans histoire de Vandoeuvre-les-Nancy, s'est donné la mort en salle des profs le 30 avril.

Le rectorat met en avant des facteurs personnels. Mais cette tragédie ne peut faire l'impasse sur le mal-être enseignant en général et celui des professeurs d'EPS en particulier. Un récent numéro spécial des Dossiers du ministère montrait des enseignants heureux. 85% étaient satisfaits de leur métier, particulièrement des relations qu'ils tissent avec leurs élèves, des particularités de leur enseignement et de leur liberté. Ainsi, "62% des enseignants ont mis en avant la socialisation des élèves ;  55% « le contact avec les jeunes qui permet aux enseignants de suivre l'évolution de la société »,  50% les rapports plus vrais avec les élèves, l'EPS étant une discipline où on ne peut pas tricher". Mais les professeurs d'EPS souffrent aussi du manque de considération de la discipline. Elle est très mal ressentie. A cela s'ajoutent les souffrances physiques. Dès 35-39 ans la moitié des enseignants ont  des problèmes de santé, ce taux double chez les quinquagénaires.


Reportage RTL

http://www.rtl.fr/fiche/5939632859/un-professeur-se-suicide[...]


Souffrance prof EPS

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/03/10032[...]

Dossier MEN

http://www.education.gouv.fr/cid50749/etre-professeur-d-edu[...]


Intervention de Georges Fotinos, spécialiste de la Qualité de Vie au Travail des enseignants le 21 novembre 2009 lors de la conférence d’Aide aux Profs sur les secondes carrières des enseignants :


http://www.aideauxprofs.org/Index.asp?affiche=News_Displa[...]


Rapportde Dominique Cau-Bareille(publié en novembre 2009 au Créapt-Centre d'Etudes de l'Emploi) qui a eu pour thème d'étude: "Vécu du travail et santé des enseignants en fin de carrière: une approche ergonomique" :

http://www.aideauxprofs.org/index.asp?affiche=News_displ[...]


La Fédération Nationale des Enseignants d'E.P.S. de l'Enseignement Catholique (FNEPSEC) mène elle aussi depuis 2002 des travaux de recherche et d’enquête sur cette problématique :

http://www.fnepsec.com/pages/enquetespbpag.html



Les étapes de carrière de Claire Baudemont, devenue coach en autoentreprise.

Le parcours professionnel de Claire a été d’une grande flexibilité


« J’ai d’abord réalisé une maîtrise d’anglais, et en parallèle, du théâtre et du spectacle vivant à Strasbourg. J’ai orienté ma carrière vers  le domaine culturel et l’animation et la communication audiovisuelle.

En 1984, je deviens assistante en Angleterre, en pleine grève de mineurs, pendant 11 mois. C’était une ambiance de guerre civile, les mineurs ont tout perdu, et ce fut pour moi une expérience difficile, avec ces enfants de mineurs en grève, aux avenirs pour le moins incertains.


De retour en France, je deviens chargée de communication aux Karellis à St Jean de Maurienne dans une structure associative axée sur le tourisme social.  Je travaillais au sein d’une équipe dynamique avec une vraie politique culturelle de qualité. Je m’occupais de 8h à 9h d’une émission de radio, de réaliser des interviews, et sur le reste du temps d’organiser un spectacle hebdomadaire avec un artiste, ce fut une expérience professionnelle très intéressante.


De retour à Strasbourg en 1987, j’effectue un stage à l’Unité de Réalisation Pédagogique comme assistante de production pour réaliser des films documentaires et pédagogiques pour la Région. Je m’occupais de la préparation logistique et des tournages.

En 1988, je travaille à la Mairie de Colmar au Service des Affaires Culturelles comme contractuelle, sur un poste de rédacteur (catégorie B), pendant 3 ans. Je réalisais la coordination des animations culturelles pour la ville de Colmar. Je me consacre alors à la programmation des animations, à la communication, à la rédaction, la réalisation du magazine municipal d’informations. Au bout de 3 ans, l’atmosphère « plan-plan » de la ville de Colmar, d’une culture classique et patrimoniale et la mauvaise ambiance de travailm’ont conduit à démissionner en 1991.


J’ai alors bénéficié d’une bourse de reprise d’études de la région Alsace.

J’ai réalisé mon mémoire de maîtrise et un DESS de direction de projets culturels à Science Po Grenoble (IUP) en 1994, (stage dans le cadre du festival de théâtre des amériques à Montréal).


Ensuite, j’ai décroché un poste au théâtre du marché aux grains en Alsace.


Souhaitant quitter la précarité ambiante du domaine culturel,je décide alors de tenter le concours du Capes en anglais, que j’obtiens à ma 2e tentative en 1996.

J’ai pour ma part très vite détesté ça. Mon premier poste se situait à Oyonnax en lycée technique et les élèves étaient à remotiver en permanence sur les matières générales. J’enseignais à tous les niveaux (de la 2nd à la 2e année de BTS).


Je n’ai pas eu de problèmes de discipline, mais je me suis rapidement ennuyée, même si j’ai eu plaisir à organiser des projets culturels ou d’échanges linguistiques (Danemark, Canada…).

J'ai alors entamé un travail thérapeutique de soutien.


En 2000, j'obtiens un détachement à Lyon comme chargée de communication à la Région Rhône-Alpes, en devenant attachée à la Direction de l’Enseignement Supérieur. Je pensais alors que j’aurais des responsabilités, mais la fiche de poste était trompeuse : je n’étais qu’une intermédiaire entre deux directions, mon travail consistait seulement à transmettre l’information. Au bout de 12 mois, j’ai donc démissionné par ennui.


Mon expérience de la thérapie puis un accompagnement en coaching après ma démission de la Région Rhône-Alpes m'ont permis de me construire un nouveau projet professionnel plus en adéquation avec mes aspirations actuelles.


J'exerce actuellement en tant que coach individuel et démarre des groupes de développement personnel


Enfin, j’effectue une formation à la Gestalt Thérapie à l’Ecole Parisienne de Gestalt et fin 2010, je pourrais obtenir le titre de Gestalt praticienne pour m’installer comme trapeute.



En quoi consiste la Gestalt Thérapie ?


Dans cette méthode, le thérapeute est très impliqué dans la relation. On travaille sur le « comment », plus que sur le « pourquoi ». C’est une méthode très engageante, de co-construction, de co-exploration du présent. LE thérapeute accompagne pas à pas la personne là où elle veut aller. La personne « sait » plus ou moins consciemment ce qui est bon pour elle, et reste libre de ses choix à tout moment de la relation thérapeutique. Chacune des séances dure 1h sur une durée globale très variable.



Depuis 2000, quel est votre statut, puisque vous étiez enseignante ?


Depuis 10 ans, je suis en disponibilité, que je renouvelle d’année en année. Au-delà des 6 ans règlementaires, j’ai pu prolonger au titre de la création de mon activité. En disponibilité pour convenances personnelles, on peut pratiquer différentes activités pour gagner sa vie autrement, tout en conservant la possibilité, si ça ne marche pas, de réintégrer pour enseigner de nouveau.



Vous avez créé votre activité en guise de seconde carrière, pouvez-vous nous en dire plus ?


Durant mon stage de formation en coaching, j’ai trouvé ma première cliente et je me suis placée en portage salarial. Cette formule est très facile, il suffit de prendre contact avec une société qui pratique le portage, et on ne paie que lorsque les revenus rentrent. Globalement, avec les charges sociales, c’est 43% de ce que l’on gagne qui est ponctionné. Avec ce système, je gagnais entre un quart et la moitié de mon ancien salaire d’enseignante.


En 2009, j’ai adopté le statut d’auto-entrepreneur en stoppant le portage salarial. Les démarches ont été très simples, tandis que mes charges ont diminué de moitié, avec 20,5% de mon chiffre d’affaires actuellement. Je déclare sur l’honneur à l’URSSAF ce que j’ai gagné, calcule et règle trimestriellement ce que je leur dois, c’est simple.


L’assurance en responsabilité est suffisante, et l’investissement est peu important : j’ai aménagé chez moi une pièce pour recevoir mes clients, et j’ai développé un site gratuit sur le web :

http://www.coachingpersonnel-cb.fr/ 


Cependant il m’a fallu investir dans des plaquettes et des cartes de visite pour réaliser un peu de communication, ça m’a coûté environ 1000 euros. J’en avais diffusé dans des magasins bio, des salles de gym, mais ça n’a rien donné. J’ai eu plus de retours en fréquentant les salons qui concernaient la relaxation, le bien-être.


J’ai aussi adressé à tous les établissements scolaires des affichettes pour proposer des groupes d’élaboration de projet professionnel aux enseignants, en les adressant au CDI, mais ça n’a rien donné non plus.


J’ai diversifié mon activité en développant des ateliers de développement personnel et de créativité (« corps en parole » et « présence au groupe »).  Dans le cadre de ma nouvelle activité, je réalise ma communication via mon réseau d’amis, différents organismes, les MJC et centres culturels, etc.


Actuellement, mes revenus atteignent environ 50% du salaire que j’avais comme enseignante, pour environ 30h de travail par semaine, j'ai gardé une matinée de cours à l'IAE de Lyon3 + 2h d’enseignement par semaine dans un organisme de formation.


Quelles sont vos perspectives professionnelles actuelles ?


« Je me sens plus sereine, l’activité démarre.


Avec les ateliers je commence à intéresser des organismes de formation, et je vais pouvoir développer mon activité de thérapeute. »


Que conseilleriez-vous aujourd’hui à une personne qui souhaite enseigner ?


« De faire attention : quand on est jeune et plein d’énergie, les salles des profs constituent des lieux très difficiles, car on est confrontés au quotidien aux profs plus âgés qui se plaignent en permanence de ce qu’ils vivent face à leurs élèves. Les salles des profs sont un véritable déversoir d’un trop plein d’énervement qui ne peut s’exprimer en classe. Certains profs disent d’un air désespéré « plus que 2 heures à tenir…vivement la retraite » et c’est démoralisant pour de jeunes profs d’entendre ça à longueur d’année. Il faut donc s’armer de patience, gérer le moment présent, accepter ce qui se produit dans ses classes, tenir compte aussi de l’ennui et de la fatigue des élèves, prendre en compte les différentes situations, de composer avec la classe, de faire preuve d’humour, d’accepter la colère, l’ennui, l’agressivité aussi, de dédramatiser, de ne pas se braquer, de ne pas faire « comme si de rien n’était ».


Et pour ceux qui souhaitent quitter l’enseignement, que leur conseillez-vous ?


« De sauter le pas avec l’aide d’un professionnel de l’accompagnement au projet, de bien repérer et étudier ce qui leur fait vraiment envie, de prendre leur temps de l’identifier avant de se lancer. S’orienter vers l’une de ses passions, c’est décupler son capital de bonheur, pour ne pas risquer de nouvelles déceptions. Si la reconversion, la seconde carrière est une nouvelle galère, la personne risque de finir en dépression. »

 



Sur le Web
Par rboyer , le mercredi 19 mai 2010.

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