Budget 2011 : Près de 9 000 postes supprimés dans le primaire, 5 000 dans le secondaire 

Par François Jarraud



Avec 16 000 postes supprimés en 2011, l'Education nationale est à nouveau lourdement ponctionnée. Cette fois ci, on ne pourra pas éviter les retombées directes sur l'encadrement des élèves.


Mercredi 29 septembre, le ministère a communiqué la répartition des 16 000 postes supprimés en 2011. L'école primaire est violemment touchée. Le conseil des ministres du mercredi 29 septembre a adopté des prévisions d'emploi pour 2011. Ce sont près de 32 000 postes qui seront supprimés dans la Fonction publique, la moitié relevant de l'éducation nationale. Le ministère de l'éducation nationale a communiqué la répartition sectorielle. 8 967 postes disparaîtront au primaire, 4 800 dans le secondaire, 600 dans l'administration et 1633 dans le privé sous contrat. Le ministère ne nous a pas donné les raisons qui motivent cette répartition.


Ces disparitions de postes sont à comparer à l'évolution du nombre d'élèves. Selon les prévisions de l'éducation nationale (lesquelles prennent en compte des décisions de gestion comme la part des enfants scolarisés avant 3 ans), il devrait y avoir 63 400 élèves supplémentaires à la rentrée 2011, soit 1 500 de plus au primaire et 61 900 au secondaire. Plus d'élèves, moins de professeurs, la rentrée 2011 promet des difficultés.


Comment le ministère pourra-t-il faire face ? Jusque là il avait grignoté les postes à la marge, par exemple chez les stagiaires pour cette rentrée. En 2011 il sera obligé de réduire le nombre d'enseignants devant élèves. Dans le primaire, les postes supprimés pourront partiellement être trouvés en diminuant le taux de scolarisation avant 3 ans, chez les Rased et les remplaçants. Mais il faudra forcément supprimer des postes "ordinaires" et donc fermer des classes et augmenter le nombre d'élèves par classe. Dans le secondaire, il faut s'attendre à une réduction de l'offre d'enseignement (disparition d'options, regroupements rendus possibles par la réforme du lycée) et à une nette augmentation du nombre d'élèves par classe, alors même que les classes françaises sont déjà bien chargées.


Interrogé par le Café, Sébastien Sihr, voit dans la décision ministérielle "un tournant historique". "Jamais on a eu une telle suppression de postes dans  toute l'histoire de l'école primaire", nous confie-t-il. Ces dernières années l'augmentation du nombre d'élèves avait été accompagnée de la hausse du nombre de postes au primaire. Pour lui c'est "un mauvais signal" qui est envoyé aux enseignants alors même que le dernier rapport de l'inspection montre qu'il faudrait les mobiliser. "Les plus engagés risquent de baisser les bras" craint-il.

Evolution des effectifs élèves

http://www.education.gouv.fr/cid53111/previsions-natio[...]


Les syndicats dénoncent les mesures budgétaires

La hache, le rabot : tous les instruments coupant sont appelés par les syndicats pour dénoncer le projet de budget 2011.


Le Sgen dénonce les 145 postes supprimés dans l'enseignement agricole public malgré la promesse d'un moratoire sur les postes et les 7% de diminution des crédits de la formation continue des personnels. "Dans le premier degré", écrit le Sgen, "8967 suppressions annoncées, dont les 5600 surnombres, vont rendre catastrophique la prise de poste des néo-titulaires de 2011 qui ne bénéficieront pas de l'accompagnement de la promotion 2010… Le Sgen-CFDT pense que jamais le débat sur l'avenir de l'École n'a été aussi urgent. Il constate que la politique comptable et budgétaire du gouvernement interdit toute évolution du système éducatif pour assurer la réussite de tous les élèves et l'amélioration de travail des personnels".


Le Snes parle de "budget de rigueur qui prépare pour le service public d'éducation et notamment le second degré une situation intenable".  "Un tel budget dans la poursuite de la saignée organisée depuis 2003 et amplifiée depuis 2007 est d’autant plus irresponsable qu’une augmentation des effectifs dans le second degré de 62.900 élèves est annoncée…. Pour tenter de limiter les dégâts d’une réforme des lycées largement contestée", écrit le Snes, "le ministre décide de faire porter le poids des suppressions sur les « collèges et les lycées professionnels». Les collèges qui devront accueillir 48.000 élèves supplémentaires a` la rentrée 2011 vont donc se retrouver dans une situation encore plus difficile qu’actuellement. Il s’agit d’une véritable provocation !"

Communiqué

http://www.snes.edu/Budget-2011-une-obstination.html


Quand la loi de finances reconnaît l'efficacité de l'Ecole

Inefficace l'Ecole ? Pas toujours ! C'est une des surprises que procure la lecture des "projets annuels de performances" annexés à la loi de finances 2011. Ce gros pavé de 400 pages présente de façon précise aux parlementaires le budget prévu pour 2011.


On ne sera pas surpris s'il met en évidence l'effondrement des crédits de formation pour 2011. Ce sont eux qui "payent" la stabilité relative du budget 2011. Ainsi au primaire les crédits de formation passent de 507 à 293 millions, dans le secondaire de 222 à 116. Bien que la moitié du budget se soit évaporé, le ministère affirme dans ce même document que "la formation des enseignants constitue pour l'institution scolaire un important levier d'action pour disposer de personnels qualitativement adaptés"…


Un autre point important est l'hommage rend aux RAR, pourtant remis en question par les nouveaux réseaux CLAIR. "Le bilan national des réseaux « ambition réussite » (RAR) conduit en 2010 montre la réduction des écarts des résultats des élèves scolarisés dans les écoles RAR par rapport à ceux des élèves scolarisés en dehors de l’éducation prioritaire", écrit le rapport ministériel. "Une amélioration des proportions d’élèves maîtrisant les compétences de base en français et en mathématiques en fin de CM2 dans ces écoles est également constatée : entre 2006-2007 et 2009-2010, l’écart par rapport aux élèves hors éducation prioritaire s’est réduit de 14,8 à 13,2 points en français et de 15,2 à 11 points en mathématiques. Le retard à l’entrée en 6ème concerne encore 27,1 % des élèves en RAR en 2009-2010 mais cette proportion s’élevait à 34,3 % en 2006-2007".


Cet hommage méritait d'autant plus rendu que le document étale l'impuissance ministérielle. Ainsi pour l'absentéisme où les prévisions ne sont pas atteintes et où on assiste à une rectification sensible des objectifs. ON attendait 7% d'absentéistes en LP , les prévisions sont revues à 19%.

Le document

http://www.performance-publique.gouv.fr/farandole/2011/pap/p[...]


CIO : Vers la fermeture de 250 centres ?

Dans une lettre ouverte à Luc CHatel, une intersyndicale Snes, Cgt, Sud, Snfolc, Sgen et Se Unsa dénonce la fermeture d'un Centre d'information et do'rientation (CIO) sur deux.


" La décision de plusieurs Conseils Généraux de ne plus financer les dépenses de fonctionnement des CIO départementaux, qu’ils assimilent à de nouveaux transferts de charge, met les services en grande difficulté pour remplir leurs missions", écrit l'intersyndicale. Mais force est de constater que l’attitude des rectorats n’a pas consisté à rechercher tous les moyens de préserver le potentiel de services de proximité que représentent les CIO. Bien au contraire,  vos services demandent aux Recteurs de s’engager dans une politique de « restructuration » du réseau qui se traduit sur le terrain par des fermetures et des fusions de CIO sans grande attention pour le service rendu aux usagers, en particulier aux jeunes et  à leur  famille".  L'intersyndicale donne en exemple la Saône-et-Loire où 3 CIO sont maintenus sur les 7 existants. "

La lettre ouverte

http://www.snes.edu/Monsieur-le-Ministre-allez-vous.html


Angleterre : Les conservateurs envoient 40 000 profs au chômage

C'est un budget de rigueur sans précédent qui a été présenté le 20 octobre en Angleterre. Des coupes sévères frappent le budget jeunesse, qui concerne les clubs et les activités périscolaires : il diminue de 70%. L'enseignement supérieur connaît une baisse de 25 à 40%. Elle devrait frapper particulièrement les humanités. De nombreux programmes sociaux sont supprimés comme les subventions aux ados pour aller à l'école, les campagnes d'éducation sexuelle ou contre les drogues. Selon le Guardian, bien que le budget de l'éducation soit maintenu officiellement, 40 000 postes d'enseignants devraient être supprimés.

Article du Guardian

http://www.guardian.co.uk/politics/2010/oct/20/spending-r[...]

Article de la BBC

http://www.bbc.co.uk/news/education-11584239


Allemagne : Le budget de l'éducation en hausse de 7%

"Afin que l'Allemagne reste à l'avenir aussi compétitive au niveau international, nous devons avant tout assurer la formation et la qualification de notre main d'œuvre", a déclaré Annette Schavan, ministre de l'éducation et de la recherche en présentant son budget devant le Bundestag. A la différence des autres ministères, le budget fédéral de l'éducation 2011 est en hausse de 7% par rapport à 2010. Depuis 2005 il a augmenté de 54%. Même si l'essentiel des dépenses d 'éducation relève des Länder (régions), l'engagement de l'Etat est significatif d'une autre approche de la crise économique et de la place de la formation. L'écart économique entre la France et l'Allemagne ne cesse de se creuser.

Communiqué

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64455.htm

L'éducation est-elle une vache à lait ou un investissement ?

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/[...]




Sur le site du Café
Par fjarraud , le mercredi 20 octobre 2010.

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