L'Ecole et sa commune : Le congrès de l'ANDEV 

Par François Jarraud


Alors que s'ouvre le 13 octobre son congrès annuel, à Tours, il nous est paru nécessaire de revenir avec la présidente de l'Andev (Association nationale des directeurs de l'éducation des villes), Anne-Sophie Benoit, sur quelques questions qui font l'actualité de l'Ecole. Pas de chance pour un congrès qui souhaitait "être en décalage avec l'actualité éducative" ! Il est question de rythmes scolaires, de fermetures de classes et de crise économique. Des sujets qui impactent les communes et les concernent les membres de l'Andev que sont les tous les directeurs de services éducatifs qui le souhaitent, ainsi que les coordonnateurs de projets éducatifs locaux


Les communes sont le premier partenaire des écoles. En même temps elles sont sollicitées très fortement du fait de la crise économique. Quel regard avez vous sur l'évolution de leur engagement envers l'Ecole ?


Les communes sont un des partenaires du triptyque Etat / parents/ collectivité locale. Elles financent l'école à hauteur de 15% de leur budget. Elles vont au-delà de leurs compétences obligatoires et je trouve qu'on leur fait un mauvais procès quand on prétend qu'elles accentuent les inégalités sociales. Bien au contraire, et de plus en plus, les communes compensent, corrigent ces inégalités dans tous les domaines. Elles luttent aussi contre l'échec scolaire.


Ce que nous observons c'est que, même si les communes sont étranglées financièrement, leurs politiques éducatives ne faiblissent pas. Elles ont compris les enjeux de société liés à la réussite scolaire. Je vous assure elles mettent les moyens nécessaires dans la mesure de leurs possibilités.


Parmi les dossiers qui concernent les communes, il y a celui du temps scolaire. Où en est la réflexion de l'Andev sur cette question ?


On travaille sur ces questions avec François Testu. On a été auditionné par la commission il y a deux mois. On aurait apprécié d'être associé plus en amont. En fait tout le monde est d'accord pour penser qu'il est nécessaire de changer. L'apport des collectivités locales c'est de porter le débat sur l'efficacité de l'Ecole parce que l'usage du temps scolaire concerne aussi l'égalité des chances. Pour nous il est clair qu'il faut poursuivre 3 objectifs : lutter contre l'échec scolaire, intégrer l'enfant dans son environnement et aménager et coordonner les rythmes des adultes et de l'enfant. C'est là qu'apparaissent les intérêts divergents qui rendent le consensus difficile.


L'Andev a proposé que cette question passe par un cadre national. Cette question ne peut trouver de solution que nationalement avec l'éducation nationale. Ce qui est sur c'est que changer les rythmes scolaires entraînera des coûts lourds pour les communes. On écoute les avis des parents, des médecins, des intérêts privés comme le tourisme, mais il faut dépasser les clivages et se recentrer sur l'enfant. Seul un cadre national peut le permettre.



L'école primaire a été affectée par les résistances aux nouveaux programmes. Quel regard jetez vous maintenant sur l'aide individualisée mise en oeuvre dans les écoles ? La jugez vous utile ? Comment les communes ont-elles pu s'adapter ?


Les communes l'ont fait parce qu'il fallait le faire. L'aide personnalisée est venue se rajouter à des dispositifs nombreux mis en place par l'Etat ou les communes. Elle a impacté le fonctionnement des écoles dans le temps : on voit l'Etat évoluer de plus en plus sur le temps périscolaire, celui du soir ou du midi qui est souvent celui des activités périscolaires. En fait l'Etat met en place un peu ce que les communes font… L'aide personnalisée concerne de petits groupes d'enfants et elle est très productive pour les enfants. Les parents en sont contents. Mais c'est l'école après l'école. Ca ajoute des disparités et ça pose la question des rythmes scolaires. Il est probable que pour cette dernière raison ça ne perdurera pas.



L'avenir proche maintenant ce sont les restrictions de postes qui vont frapper les écoles à la rentrée 2011. Comment les directeurs de l'éducation s'y préparent-ils ?


Beaucoup de communes essaient d'anticiper à travers le dialogue avec l'inspecteur d'académie et les IEN (inspecteurs de l'éducation nationale). On essaie de limiter les fermetures de classe. Ce qu'on observe c'est la réduction de la scolarisation à deux ans. On peut dire que leur mort est annoncée. Cela impacte les budgets des communes. L'Andev n'est pas favorable aux jardins d'éveil. On préfère les écoles maternelles. On travaille sur le continuum crèche et école. On s'inspire des classes passerelles imaginées à Roubaix. Une autre façon de travailler cette question c'est la formation développée en coopération avec l'Education nationale à Angers sur la collaboration entre directeurs de l'éducation et inspection académique.



Le thème du congrès qui s'ouvre le 13 octobre cette année c'est l'Europe. Pourtant l'enseignement scolaire n'entre pas dans les compétences européennes (à la différence du supérieur).Pourquoi avoir choisi ce thème ?


Il y a plusieurs raisons. La première c'est qu'on voulait être en décalage avec l'actualité éducative. D'où l'idée de comparer les systèmes éducatifs européens, de chercher ce qui marche. Finalement on a été rattrapé par l'actualité avec le voyage de Chatel au Danemark à propos du temps scolaire, la publication des indicateurs de l'OCDE, etc. On va partir de ce qui est inhérent à l'époque, la question des rythmes, celle des cours d'écoles, de la pause de midi, mais le traiter en regardant comment ça ce passe ailleurs. Et voir comment l'Europe peut favoriser les politiques éducatives.


Quels enjeux pour votre association à ce congrès ?


On va modifier les statuts. On réagira au rapport Reiss sur les EPEP. Et puis il faut accueillir de nouveaux membres. Depuis 2 ans il y a de nombreux départs chez les directeurs de l'éducation et donc une nouvelle vague.


Anne-Sophie Benoit

Présidente de l'Andev

 

Propos recueillis par François Jarraud


Du 13 au 15 octobre, l'Europe au cœur de la réflexion du congrès de l'Andev

L'Association des directeurs de l'éducation des villes organise du 13 au 15 octobre à Tours son congrès national sur le thème "l'Europe : territoires d'éducation ?" Deux tables rondes sont prévues sur les enjeux de l'éducation en Europe et les perspectives sur l'éducation en Europe sont prévues avec des personnalités aussi variées que François Testu, président de la Jeunesse au Plein Air, Yves Fournel, président du Réseau des villes éducatrices et Peter Gumbel dont le livre sur l'école française est un des best-sellers de la rentrée.


Le site de l'Andev

http://www.andev.fr/

Le programme du congrès

http://www.andev.fr/index.php?id=481

L'ANDEV, une boîte à outils pour les directeurs de l'éducation

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2010/111_LA[...]



Congrès de l'ANDEV : Un autre regard

Malgré les difficultés de transports qui ont empêché la venue de quelques intervenants, les quelque 150 congressistes réunis à Tours du 13 au 15 octobre pour le congrès de l'ANDEV, association des directeurs de l'éducation des villes, ont tous pu trouver de quoi alimenter leur réflexion et sont repartis satisfaits, estime Sylvain Benain, un des organisateurs du congrès.


Durant trois jours, les participants ont pu échanger sur le thème " L’Europe, territoire d’éducation" mais aussi tirer profit des regards et expériences des intervenants.

Lisez le reportage du Café

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/10/[...]



Sur le site du Café
Par fjarraud , le mercredi 20 octobre 2010.

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