Formation des enseignants : La masterisation a-t-elle un avenir ? 

Par François Jarraud


 

Quelques mois après la mise en place de la masterisation, les syndicats n'ont pas de mal à montrer son échec. Ce nouveau dispositif de formation des enseignants est-il amendable ?


Fruit de négociations laborieuses et pas toujours transparentes entre le gouvernement et les syndicats, le nouveau dispositif de formation des enseignants par la masterisation est clairement en échec. Cet échec se lit, comme le démontre l'Unsa éducation, dans les souffrances des enseignants stagiaires , les tensions de toutes sortes générées dans le système éducatif et surtout dans l'effondrement du nombre de candidats. Celui-ci est non seulement massif (en gros baisse de moitié) il est aussi durable comme le montre le nombre d'inscrits en master. En voulant élever la qualification des enseignants, le ministère s'est mis dans la situation de transformer un concours exigeant en un simple examen, le nombre de candidats correspondant à peu près au nombre de postes dans plusieurs disciplines.


L'alternance est-elle une solution ? Face à cette situation, l'institution croit avoir trouvé la solution dans le développement de formations au master par alternance. C'est ce que nous affirmait le recteur de Versailles, Alain Boissinot, le 19 janvier. Pour lui, la solution c’est de négocier avec les universités la construction de vrais parcours de formation conjuguant professionnalisation et enseignement universitaire. « Dans mon académie j’ai installé des groupes de travail avec les universités », expliquait A. Boissinot. « On va proposer de vrais parcours de formation en alternance ». Mais pour l'Unsa, si ce dispositif est effectivement une réponse au problème, ce ne peut être qu'une réponse partielle conduisant à un concours spécifique. L'alternance ou l'apprentissage suppose un contrat de travail et le nombre de contrats d'assistants d'éducation est insuffisant pour répondre aux besoins du système éducatif.


Réformer le master. Pour l'Unsa la masterisation peut être sauvée en réorganisant le parcours universitaire des futurs profs, en organisant l'accessibilité en fin de M1 et l'admission en fin de M2 et en instituant une formation professionnelle tout au long de la formation, de L3 au post-concours. La proposition est intéressante et peut en effet permettre une formation équilibrée des enseignants associant un haut niveau disciplinaire à une bonne préparation à l'enseignement.


La masterisation est-elle viable ? Pourtant elle ne répond pas à la question socio-économique posée par la masterisation. D'une part la masterisation allonge la durée de formation universitaire des enseignants. Elle écarte ainsi du métier une partie des candidats qui n'a pas les moyens financiers de s'offrir des études allongées. Pour les autres, on ne voit pas ce qui pourrait amener de jeunes diplômés d'un master à opter pour l'enseignement. Hisser l'enseignement à ce niveau c'est le mettre en concurrence avec des carrières de cadres nettement plus attractives. Sans une réelle revalorisation salariale des enseignants et sans une politique de soutien financier aux études, le recrutement des enseignants au niveau du master restera très difficile pour ne pas dire impossible. Le ministère a perçu cela en accordant une revalorisation de début de carrière. Mais elle est tout à fait insuffisante pour attirer des candidats issus de familles favorisées et qui peuvent prétendre à d'autres ambitions. Et aujourd'hui l'accès au métier reste barré aux enfants des familles populaires. Si on veut revenir sur l'échec de la masterisation, il ne suffira pas d'améliorer le cursus de formation. Il faudra aussi se décider à donner aux enseignants des salaires et des conditions de travail de cadre.



Sur le site du Café

L'UNSA veut une nouvelle formation pour les enseignants
Formation des enseignants : Aujourd'hui un champ de ruines et demain ?
Par fjarraud , le mardi 15 février 2011.

Partenaires

Nos annonces