Sarkozy : Je ne fermerai plus de classes... en 2012 

Par François Jarraud


 

Le 21 juin, en visite dans une école à La Canourgue (Lozère), le président de la République a pris l'engagement de ne pas fermer de classes de l'enseignement primaire en 2012. Une annonce qui suscite de nouvelles inquiétudes ou l'incrédulité.


"A la rentrée 2012 nous ne procéderons hors démographie à aucune fermeture de classe de l'école primaire, c'est-à-dire que le nombre de fermetures de classes n'excédera pas le nombre d'ouvertures liées aux évolutions démographiques", a déclaré Nicolas Sarkozy le 21 juin. Il a ajouté que "le un sur deux (la suppression d'un poste pour deux départs en retraite) continuera, mais nous sanctuariserons l'école primaire pour qu'à la rentrée 2012, le nombre de fermetures de classes n'excède pas le nombre d'ouvertures".


Une annonce qui suscite incrédulité ou inquiétude. Les syndicats s'interrogent sur la faisabilité d'un maintien du nombre de classes au primaire sans revenir sur les suppressions de postes. Rappelons que le gouvernement a prévu 16 000 suppressions de postes pour la rentrée 2012. "Comment va-t-il être possible de tenir cet engagement", interroge Sébastien Sihr pour le Snuipp. Le syndicat demande "une hausse immédiate et significative du nombre de places au concours". Pour Christian Chevalier, du Se-Unsa, N Sarkozy "effectue un tour de passe-passe tactique à double détente. Dans un premier temps, il calme les réactions virulentes des élus de terrain à la veille d’élections sénatoriales disputées. Dans un second temps, il dégage le paysage électoral de toutes contestations intempestives lors des opérations de carte scolaire, en février 2012, à un jet de pierre de la présidentielle. Il s’agit là d’une classique opération politicienne de déminage électoral. D’éducation, d‘amélioration du système éducatif, de prise en charge de la difficulté scolaire, il n’est évidemment pas question. Alors que l’Ecole de la République mérite toutes les attentions, le Président poursuit son œuvre d’affaiblissement".


C'est l'incrédulité qui l'emporte pour les parents de la FCPE. "Que vaut cette annonce pour septembre 2012 alors que personne aujourd’hui ne sait quelle sera la majorité parlementaire ? C’est pour septembre 2011 que les parents et les élus sont inquiets et se mobilisent sur le terrain !" L'association invite à signer sa pétition contre les fermetures de classes... en 2011. Pour la Fcpe," il ne faut pas remettre à l'année suivante ce que l'on peut faire cette année"...

Communiqué Fcpe

http://www.fcpe.asso.fr/index.php/actualites/item/214-il-ne[...]

Communiqué Se Unsa

http://www.se-unsa.org/spip.php?article3444

Communiqué Snuipp

http://www.snuipp.fr/Pas-de-fermetures-de-classes-en


Les maires ruraux demandent une autre politique pour l'école rurale

"L'application d'une politique essentiellement comptable ne peut se concevoir pour l'école comme pour d'autres services publics" écrit l'Association des maires ruraux de FRance (AMRF) au président de la République. "L'AMRF vous demande d'intervenir auprès du ministère de l'Education nationale qui met aujourd'hui en péril l'école rurale" ajoute l'association. Les suppressions de postes à la rentrée pourraient entraîner la fermeture de nombreuses écoles rurales. Ce courrier fait suite  à celui de l'Association des maires de France qui, le 23 mai, a demandé aussi une autre politique pour l'école.

Dépêche AFP

http://www.vousnousils.fr/2011/06/06/les-maires-rura[...]


Les départements inquiets pour la rentrée

"Unanimes pour craindre une rentrée scolaire perturbée et difficile", les départements de FRance ont écrit le 9 juin à Luc Chatel pour lui demander une négociation sur les moyens déployés à la rentrée. Après l'Association des maires de France, l'Assemblée des départements souligne l'écart entre les suppressions de postes en collège (- 4800) et l'arrivée de 40 000 élèves supplémentaires.


"Nous remarquons d’ores et déjà que la plupart des dotations horaires globales (DHG) pour 2011/2012 ne sont pas adaptées aux besoins des collèges, au point que dans beaucoup d’académies, les conseils d’administration des collèges sont nombreux à rejeter les propositions de DHG formulées. A l’image de ce qui se passe dans le primaire, notamment dans les départements ruraux, la situation risque de devenir très rapidement intenable dans certains établissements", écrit Claudy Lebreton pou rl'Assemblée des départements.

La lettre

http://www.departement.org/sites/default/files/068_-_NL_[...]


Les régions contre les suppressions de postes

L'Association des régions de France a écrit le 14 juin une lettre à Luc Chatel lui demandant de "réexaminer" ses décisions de suppressions de postes.


Dans un courrier daté du 14 juin et adressé au ministre de l’Education nationale, les Régions s’inquiètent des conséquences de la suppression de milliers de postes dans les lycées alors que les prévisions estiment que les effectifs d’élèves augmenteront de plus de 20.000 élèves pour la rentrée prochaine. Elles "constatent sur leur territoire que ce gouvernement conduit des générations à l’échec scolaire à force « de détérioration des conditions garantissant une vie scolaire de qualité »."

La lettre

http://www.arf.asso.fr/wp-content/uploads/2011/06/Courr[...]


Suppressions de postes : Les petits calculs de l'UMP

Les suppressions de postes sont impopulaires. Mais le sénateur UMP Bruno Sido a trouvé la solution, comme il le confie à Public Sénat.  " Pour quelques voix un sénateur peut ne pas être réélu. Par conséquent la majorité peut également basculer ici au Sénat", s'alarme B Sido à quelques semaines de l'élection sénatoriale prévue en septembre. "Le gouvernement doit savoir aussi faire de la politique de temps en temps...  Il faut quand même être intelligent. Je ne doute pas qu’en France il faille appliquer cette RGPP (révision générale des politiques publiques, ndlr). Encore faut-il l’appliquer d’une façon un peu politique. C’est quand même plus facile de le faire déjà dans ces départements qui sont non-renouvelables et de le faire ensuite dans les départements une fois qu’ils sont renouvelés ". Les grands électeurs apprécieront...

Sur Public Sénat

http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/fermetures-classe[...]


Cadeaux fiscaux vs suppressions de postes

La suppression de l'ISF est vivement combattue par les députés socialistes qui opposent les milliards donnés à certains aux économies sur les postes d'enseignants. " Avec ces deux milliards, vous auriez pu, au choix, embaucher 45 000 enseignants, débloquer le salaire des fonctionnaires, augmenter de 130 % la bourse des étudiants", écrit Christian Eckert. Eric Besson lui répond : " la situation économique de la France est saine, et c’est probablement ce qui vous pose problème"...

Questions au gouvernement

http://mailing.gsan.org/files/ml_GSAN/QA_AyraultMu[...]


L'Allemagne consacrera 10% de son PIB à l'éducation

Selon le BE Allemagne, les dépenses en matière d'éducation et de recherche ont augmenté de 5% en Allemagne en 2009, soit 10 milliards de plus qu'en 2009.  La part du PIB consacrée à l'enseignement et la recherche est passée de 8,6% en 2008 à 9,3% en 2009. Elle atteindra 10% en 2010. C'est l'enseignement qui a l e plus augmenté passant de 6,2% en 2008 à 6,8% en 2009. Rappelons qu'en FRance le mouvement est inverse...

BE Allemagne

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/67080.htm


Belgique : Les enseignants empochent 200 euros

Suite à une grève suivie, les enseignants de Wallonie et de Bruxelles ont obtenu le versement d'une prime de fin d'année de 200 euros. Ils ont également sauvé leur dispositif d epré-retraite et al possibilité d epartir en pré retraite à partir de 53 ans sans avoir à suivre en tutorat leurs nouveaux collègues.

Article 7/7

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1502/Belgique/article/detail/[...]


Washington : Marche populaire pour l'Ecole

Elisa, Sabrina, Rita, Rick, Bess, Kenneth, Nancy : ce sont des professeurs expérimentés, un universitaire, quelques mères de famille. Ils ont le soutien de gens aussi célèbres que Diane Ravitch ou Peter de Witt et de nombreux syndicats locaux d'enseignants et d'associations de parents. Ils se sont constitués en mouvement populaire. Leur point commun c'est d'en avoir assez de l'évaluationnite qui s'affirme encore davantage dans les écoles américaines. Tous dénoncent le poids des tests nationaux sur l'enseignement qui les empêche de faire leur métier. S'y ajoute maintenant le sentiment d'être les boucs émissaires de toutes les difficultés de al société américaine. De nombreux états ont rogné leurs doits syndicaux. D'autres font la chasse aux "mauvais profs". Tous obligent les enseignants à être plus "performants" aux dépens de l'éducation des jeunes. Save Our Schools lance dans tout le pays une série d'événements qui vont aboutir à une marche nationale sur Washington le 30 juillet. Ils devraient être des milliers à réclamer une autre politique et le pouvoir sur l'école pour ses acteurs.

Save Our Schools

http://www.saveourschoolsmarch.org/



Cadart : Le collège unique est menacé


Interrogé par le Café, Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-Cfdt, revient sur les propos de N Sarkozy. Il craint une remise en question du collège unique.


"Comment le gouvernement peut-il tenir parole ?", se demande T Cadart. "Soit il ne la tient pas. Soit il reporte l'effort entre le primaire et le secondaire. On ne peut pas écarter l'hypothèse où il sait qu'il ne tiendra pas sa promesse en 2012, où ce serait des promesses pour les gogos".


"La seconde hypothèse c'est qu'il essaie de le faire", poursuit-il. "Si on sanctuarise le face à face classique dans le primaire, immanquablement ce sont les autres qui vont trinquer. Dans ce cas il reporterait l'effort sur le secondaire. Or au lycée, le ministère a pris des engagements de maintien des moyens. Il peut toujours dégager quelques postes, par exemple en multipliant les troncs communs sans finalité pédagogique. Mais il n'ira pas loin. Donc la cible c'est le collège. L'essentiel des 16 000 postes à supprimer pourrait être trouvé au collège. Ce serait irresponsable parce que c'est déjà un secteur en difficulté.


La troisième hypothèse c'est qu'on revienne sur le collège unique et qu'on envoie en apprentissage une partie des jeunes. La solution miracle pourrait être là : arrêter d'envoyer dans le secondaire certains élèves. Des déclarations récentes vont en ce sens. Ce serait une rupture fondamentale."


En conclusion, "tout cela montre désormais que le gouvernement est face à sa propre politique" estime T Cadart. "Le discours de Sarkozy ou c'est un miroir aux alouettes, ou c'est irresponsable".



Quadrature du cercle


Que penser des déclarations de N Sarkozy ? Dans quelle mesure et à quel prix sont-elles possibles ?


Observons les choses dans le primaire. Le président annonce le gel des suppressions de classes en primaire alors que les services de son ministère ont déjà largement engagé le "dialogue de gestion" avec les rectorats, qui définit le nombre de postes que va recevoir chaque académie (qui seront rendues publiques à l'automne). Or, selon les indiscrétions obtenues par le Café, les propositions de dotations de postes faites actuellement aux académies sont dans la même veine, voire plus défavorables encore, que celles réalisées cette année. Dans ce contexte extrêmement tendu, une double injonction va être faite aux recteurs et aux inspecteurs d'académie, totalement intenable : il faut fermer des postes mais il ne faut pas fermer de classe.


Alors que depuis plusieurs années, la chasse aux postes a déjà été plus que largement faite sur tout ce qui n'est pas directement devant les élèves dans le primaire (RASED, postes de remplacements, chargés de mission et maîtres-formateurs, personnes-ressources...), l'équation risque d'être totalement infaisable pour les responsables académiques. De la même veine que ce que déclare la GRH du ministère lorsqu'elle se vante de demander à ces responsables de dégager eux-mêmes les "gisements d'excellence" de leur académie. La prime à la casse risque d'être difficile à payer aux recteurs cette année...


D'où les possibilités d'une nouvelle mutation de l'Ecole qui résulterait de cette contradiction.  Et là on distingue deux pistes déjà fortement soulignées par les déclarations institutionnelles. D'une part la remise en question de la scolarisation en maternelle. Il y avait 71 000 classes en maternelle en 2005. On n'en compte plus que 65 000. L'essentiel de la chute s'explique par l'arrêt de la scolarisation à deux ans dans de nombreuses écoles. Il n'est pas exclu qu'elle disparaisse totalement, voire que l'on remonte encore vers le haut. L'autre piste c'est la remise en question du collège unique. La nouvelle loi sur l'alternance, adoptée le 21 juin par l'Assemblée grâce aux voix UMP, va en ce sens en légalisant l'apprentissage à 15 ans, c'est à dire en mettant fin à la scolarisation obligatoire jusqu'à la fin du collège. Le projet UMP de découpage du collège en deux cycles correspondant à des établissements différents interroge sur les évolutions à venir.


Peut-on diriger une politique éducative en ne se fixant comme principe que des impératifs de gestion ? C'est finalement cette question qui est posée par les propos de N Sarkozy. Si le président candidat veut mettre l'éducation au centre de sa campagne électorale il serait désastreux que les seuls principes qui s'imposent soient ceux des comptables.



Sur le site du Café

Par fjarraud , le samedi 25 juin 2011.

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