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La clinique ose la critique...

Imaginez : 800 personnes remplissant quatre amphis dans le lieu mythique de la connaissance du travail : le Conservatoire National des Arts et Metiers (CNAM).

salle
Cette foule de professionnels de tous poils est venue entendre, les 30 et 31 mai 2008, deux jours de conférences dans l'espoir de mieux comprendre ce qui résiste, dans leur métier. Ils sont ergonomes, psychologues, enseignants, formateurs, universitaires, thérapeutes, cliniciens, cadres syndicaux, consultants, sociologues, responsables d'entreprises, DRH, étudiants...

Mais quel contenu exotique peut rassembler une telle diversité de métiers et de positions sociales ?


Le pari, un peu osé, a été lancé par les responsables de la chaire de Psychologie du Travail du CNAM : tenter un point d'arrêt sur l'état des savoirs sur la "clinique du travail". L'objet de cet OVNI : comprendre, analyser, transformer les situations qui, dans le travail, génèrent malaises individuels et collectifs, "stress", souffrance, relégation, pathologies, fatigues, usures professionnelles.  
C’est un employé de banque qui ne comprend plus quel est son travail, et pourquoi la 10e note de la direction lui semble incompatible avec l’intérêt des clients qu’il voit chaque jour au guichet.
C'est une enseignante à qui on demande de "changer ses pratiques", qui ne comprend pas pourquoi elle devrait laisser de côté ce qui lui semble efficace.
C’est une infirmière dont on aggrave les conditions de travail et la flexibilité au nom de l’intérêt supérieur de la santé du malade.
C’est un forestier de l’ONF qui vient dire qu’il ne comprend plus la logique de sa direction qui s’oppose à toutes les valeurs qui le liaient à ses interlocuteurs territoriaux…
C’est une employée de la Poste qu’on envoie en formation pour qu’elle vende davantage de petits paquets aux personnes âgés qui viennent à l’agence avec leurs petits paquets ficelés…

« De plus en plus, on voit des conflits de valeurs entre les directions et les agents chargés du travail de terrain
, expliquent les ergonomes, les cliniciens, les psychologues du travail... Cela rend le travail d'accompagnement souvent plus difficile, quand les différents niveaux de l’entreprise ou du service ne peuvent même plus communiquer sur un minimum commun…


Et les syndicats ?Il en est des syndicats comme de la recherche, disent les cliniciens ou les ergonomes. S'ils négocient avec la direction des améliorations, les modifications risquent de n'avoir aucune incidence pour les gens auxquelles elles sont destinées, si elles n’ont pas fait l’objet d’un travail de conscientisation des personnels eux-mêmes. Au syndicaliste de se rapprocher suffisamment des agents pour comprendre les mécanismes et les difficultés en œuvre dans le travail, et contribuer à ce que les agents eux-mêmes les moyens de faire eux-mêmes la démarche d’explorer les possibles d’action et de transformation, en étant accompagnés dans des dispositifs spécifiques.
Nouvelle théorie ?
Mais les différents chercheurs, cliniciens, consultants ne partagent pas forcément les mêmes visions, les mêmes cultures, les mêmes références théoriques. "Le colloque veut donc ne pas ériger une nouvelle théorie ni un nouveau programme, explique Yves Clot, c’est une histoire à construire ensemble, avec ses racines : ergonomie, psychologie du travail, clinique de l’activité, psychologie sociale clinique, sociologie, philosophie… Cette histoire n’appartient à personne, et les épreuves du travail contemporain n’appellent pas à construire des exclusives. ».
Les résultats ont dépassé leurs espérances, et ils ont du bloquer les inscriptions avant d'être submergés par le flot. Un signe que le monde du travail va mal, ou que le marché de la psychologie au travail va bien ?

Dossier réalisé par Patrick PICARD
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