Orthographe : Catherine Brissaud et Danièle Cogis : Les programmes de 2008 ont été inopérants 

"Rien n'a changé" Ou alors en pire. Catherine Brissaud et Danièle Cogis ont publié en 2012 "Comment enseigner l’orthographe aujourd’hui ?", un livre qui fait référence encore aujourd'hui pour cet enseignement. Elles reviennent pour le Café pédagogique sur les mauvais résultats des écoliers français en orthographe.

 

Avez vous été surprise par la récente Note de la Depp qui montre une forte baisse de compétences des jeunes français en orthographe ?

 

C Brissaud : Oui car la baisse de niveau est nette. On peut dire maintenant que le niveau est en train de baisser. Il est grand temps de prendre le problème au sérieux.

 

Mais que peut-on faire ?

 

C Brissaud : Il faut sans doute enseigner autrement. Les recommandations des nouveaux programmes vont dans le bon sens. Il faut les appliquer. Il faut travailler sur les régularités, réfléchir au fonctionnement de la langue, ne pas se centrer sur les exceptions. Donner la parle aux élèves pour leur permettre d'exprimer leurs représentations.

 

Ca veut dire beaucoup d'entrainement ?

 

C Brissaud : Les rituels d'orthographe sont intéressants.

 

La baisse du niveau en orthographe est multi factorielle ?

 

D Cogis : Il y aussi un problème de formation initiale à résoudre. Seulement 17% des professeurs des écoles ont reçu une formation académique en langue. La plupart n'ont qu'un vernis en grammaire. Ce manque de formation s'ajoute à un nombre d'heures d'enseignement en baisse. Or l'enseignement de l'orthographe doit être répétitif et régulier.

 

C Brissaud : La formation continue devrait prendre le relais de cette formation initiale insuffisante. On peut aussi remarquer que les programmes de 2008 se voulaient rassurants sur l'orthographe.

 

D Cogis : Ces programmes promettaient d'arranger les choses. Mais de fait rien n'a changé...

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

Orthographe : Nouvelle chute des résultats

C Brissaud : Du temps nécessaire

D Cogis : Refonder l'enseignement de l'orthographe

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 10 novembre 2016.

Commentaires

  • Guillaume35, le 10/11/2016 à 17:37
    Programmes 2008 inopérants mais :
    - Que dire des approches qui laissent les élèves tâtonner plusieurs orthographes possibles au lieu de focaliser l'attention et la mémorisation des élèves directement sur la bonne orthographe du mot ?
    - Que dire quand on entend que l'étude des classes grammaticales n'est pas utile pour les élèves ? Pourtant, connaître la distinction des déterminants possessifs et démonstratifs c'est fondamental pour distinguer ces/ces. Connaître ce qu'est un participe présent, cela permet de comprendre pourquoi on écrit "les animaux vivant dans l'eau" (participe présent invariable) et "les animaux vivants" (adjectif s'accordant avec le nom).
    - Que dire des programmes 2016 qui reportent l'étude de classes grammaticales en 6e ou mieux l'accord du participe avec l'auxiliaire avoir en fin de 3e alors qu'on sait que c'est la difficulté orthographique qui demande le plus le temps de maîtrise ? Et pourtant, la méthode d'Hugo et les rois être et avoir sur l'accord du participe passé proposée par ANNE-MARIE GAIGNARD peut être enseignée et réussie par les élèves du primaire.
    Si l'on attend trop longtemps pour apporter les connaissances grammaticales et orthographiques aux élèves, le risque c'est de leur laisser peu de temps pour s'approprier ces notions et les transférer au quotidien dans des situations d'écriture ou de  copie. L'exercice de la vigilance orthographique ne peut avoir lieu si on ne maîtrise pas les connaissances de base.

    • lite44, le 10/11/2016 à 17:42
      La maitrise de l'accord du participe passé n'est pas seulement une question de temps. Elle requiert aussi une maturité cognitive à la mesure de la gymnastique intellectuelle qu'implique cet accord. De très anciens travaux de psychologie expliquaient jadis qu'il ne fallait pas compter maitriser l'accord du participe passé avant 16 ans. Si on le simplifiait, ce qui est possible, on gagnerait bien du temps, sans que le sens linguistique en pâtisse.
      • Guillaume35, le 11/11/2016 à 11:02
        On peut simplifier effectivement l'accord du participe passé avec les verbes pronominaux...mais l'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir passe très bien avec mes élèves de CM (mais avec le COD post-posé) : la méthode d'Hugo et les rois fonctionne très bien.
        Par contre, c'est la mobilisation de ces connaissances en situation d'écriture, de dictée qui est le plus difficile. Voilà pourquoi, il faut inciter nos élèves à développer et automatiser ces réflexes assez tôt pour qu'ils puissent se corriger par eux-mêmes et libérer ainsi leur mémoire de travail !

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