Derrière les évaluations nationales, le bilan Blanquer... 

"En début de CP comme en début de CE1, on observe une augmentation de la part des élèves ayant une maîtrise satisfaisante, quel que soit le domaine évalué par rapport à 2020. Les résultats des élèves reviennent au niveau de 2019, voire le dépassent", écrit la Depp dans une nouvelle Note publiée le 11 janvier. "Entre 2020 et 2021, ces évolutions s’accompagnent, notamment en CE1, d’une baisse des écarts des performances entre les élèves de l’éducation prioritaire et ceux scolarisés hors éducation prioritaire, contrairement à la hausse observée en 2020". Il faut comprendre que les écarts entre les classes dédoublées de l'éducation prioritaire et les autres sont aussi importants en 2021 qu'en 2019. Un nouveau signe de l'échec de cette politique qui devait, selon JM Blanquer réduire fortement les écarts sociaux de réussite scolaire.

 

Retour aux résultats de 2019

 


La Depp (division des études du ministère de l'éducation nationale) publie les résultats des évaluations nationales de début d'année 2021-2022 de Cp et Ce1. Ces évaluations , passées en septembre 2021, ont été imposées par JM Blanquer malgré la résistance de nombreux enseignants. Conçues sur le modèle des standards qui se sont imposées dans l'optique du New Public Management, ce sont des clés de voûte de la politique de JM Blanquer.

 

La Note montre qu'à la rentrée 2021 les élèves retrouvent en gros les mêmes résultats qu'en 2019. "En début de CP, les exercices "reconnaître des lettres parmi des lettres" et "associer un nombre à une position", qui sont régulièrement les moins réussis, enregistrent, cette année, la progression la plus importante depuis 2020 et même 2019. En début de CE1, en français les exercices de fluence demeurent les moins bien réussis, bien que les élèves y soient plus performants qu’en 2019. En mathématiques, les élèves restent en difficultés face à la résolution de problèmes et la ligne numérique, malgré des progrès marqués. Le calcul en ligne voit une forte progression de son taux de maîtrise". On reste loin du 100% de réussite proclamé en 2017...

 

Les écarts entre genres

 

Elle montre aussi comment se construit la supériorité masculine dans l'école. "En mathématiques, on constate un renversement à l’entrée en CE1 par rapport à l’entrée en CP. En effet, à l’image de l’an dernier, les garçons présentent en CE1 de meilleures performances que les filles dans l’ensemble des domaines évalués  dans cette discipline à deux exceptions près : la géométrie et le calcul mental. La différence la plus élevée concerne l’addition : 12,8 points d’écart en faveur des garçons si l’on s’intéresse à la proportion d’élèves qui présentent une maîtrise satisfaisante. Pour la soustraction, l’écart est de 6,8 points". C'est à l'école que cet écart apparait.

 

Des écarts persistants avec l'éducation prioritaire

 

"Entre 2020 et 2021, ces évolutions s’accompagnent, notamment en CE1, d’une baisse des écarts des performances entre les élèves de l’éducation prioritaire et ceux scolarisés hors éducation prioritaire, contrairement à la hausse observée en 2020", note la Depp. En CE1, "En 2021 on observe par rapport à 2020 une baisse des écarts de performances entre les élèves du secteur public hors EP (éducation prioritaire) et ceux scolarisés en EP qui peut atteindre jusqu’à 4,3 points pour "lire des nombres entiers"et 4,1 points pour "écrire des nombres entiers" en mathématiques, et 3,2 points pour "comprendre de phases lues seul" et 2,8 points pour la fluence ("lire à voix haute des mots" et "lire à voix haute un texte"). Cette diminution des écarts est encore plus importante si on limite la comparaison entre élèves de REP+ et élèves du secteur public hors EP (3,8 points pour "comprendre de phases lues seul", 3,2 points pour " lire à voix haute des mots " et  lire à voix haute un texte", 4,9 points pour "lire des nombres entiers" et 4,7 points pour "écrire des nombres entiers").

 

Mais ce que montre surtout la Depp, par exemple dans le graphique 7, c'est que les écarts de performance retrouvent en 2021 le même niveau que ceux de 2019. Ils sont toujours bien là et peuvent être très importants (27 points pour comprendre des mots à l'oral, 18 points pour comprendre des phrases, 19 points pour la résolution de problème, 15 points pour placer un nombre sur une ligne par exemple). Pour pas mal d'entre eux ils ont même augmenté entre 2019 et 2021.

 

A quoi servent les dédoublements ?

 

Dans ce cas on peut se demander où sont les progrès apportés par les dédoublements ? Cette politique fort coûteuse (plus de 10 000 postes) est l'étendard de la politique sociale du gouvernement. Or elle n'a pas fait ses preuves 4 ans après son déploiement. C'est quelque chose qui est déjà apparu dans une autre évaluation Depp publiée en septembre 2021. On pouvait voir que le niveau des élèves de milieu populaire non scolarisés en éducation prioritaire était l'équivalent de ceux scolarisés en Rep et Rep+. L'évolution était aussi la même. Il n'y avait donc pas de gain à être scolarisé dans une classe dédoublée. La politique de dédoublement s'affirme de plus en plus comme une erreur de ce ministère. En tous cas elle ne règle pas à elle seule la question des inégalités sociales de réussite.

 

Et à quoi servent ces évaluations ?

 

La Note Depp évacue aussi une autre question. Celle de l'utilité de ces évaluations. Elles entrent bien sûr dans un modèle de gestion du système éducatif importé d'Amérique où il a été largement amendé et remis en question. Mais que pensent les enseignants de ces évaluations ? En principe elles devraient permettre à l'enseignant de découvrir les difficultés des élèves et d'y remédier. En fait, selon Une autre étude Depp c'est à peine la moitié des enseignants qui lui reconnaissent une certaine influence. Seulement 30% la juge utile pour découvrir des difficultés d'élèves. Elle sert surtout pour se justifier lors de rencontre avec les parents (65% des professeurs) mais sert très peu entre enseignants (27% en conseil d'école). Les seuls professionnels qui s'en servent sont les IEN qui déclarent à 90% qu'elle sert pour le plan de formation.

 

François Jarraud

 

La Note

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 12 janvier 2022.

Commentaires

  • delacour, le 12/01/2022 à 08:34

    Même cheminement pédagogique, même résultat.

    On ne peut pas commencer par apprendre à lire. Mais on peut commencer par apprendre à écrire, à coder l'oral orthographiquement.

    Il n'existe pas de décodage stable, seul le codage est totalement stable. Le système alphabétique n'est pas stable au décodage : "a" peut se décoder de 12 manièresdifférentes, "en" de 5 manières différentes. Faire croire en un décodage simpliste est une erreur.

    Pourtant c'est le postulat de la progression actuelle. A preuve l'item d'écriture de syllabes.

    Commentpeut-on faire lire ou écrire  des syllabes hors du sens ? Comment écrivez-vous /fè/ ?

    "fai" attendu comme dans faire mais pas comme faisions ou "fe" comme dans fer mais pas comme dans ferai ou coiffer… etc. Des exemples possibles par milliers.

    Nous lisons du sens car l'humanité a commencé logiquement par coder du sens, même avec des lettres ! Et en face du désordre alpha-orthographique, une seule solution pour lire :reconnaître ce qu'on a orthographié, un travail succédant au codage et conduisant à la lecture, l'accès au sens.

    Changeons de cheminement et gagnons des élèves lisant et des postes !

    Voir le site"ecrilu".


    • caroudel, le 12/01/2022 à 15:59
      Et n'oublions pas "phè" (sphère) et "phai" (sphaigne) ou "phè" (sphène)... 
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