L’Expresso du 22 novembre 2022
- Le fait du jour -
« Alors que les filles ont des résultats très proches de ceux des garçons aux évaluations de mathématiques du CP jusqu’au DNB… une différenciation s’opère progressivement qui les amène d’abord, au niveau du lycée général, à moins se diriger vers des couplages de spécialité alliant mathématique et physique, ou mathématiques et sciences de l’ingénieur, et…
Comment utiliser au mieux l’évaluation pour faire progresser tous les élèves ? Comment mettre en place une évaluation qui favorise des échanges entre parents et enseignants ? Comment limiter la comparaison entre élèves au profit d’une attention portée aux acquis de chacun ? Comment limiter les effets de l’évaluation sur les inégalités entre élèves selon…
- Le système -
« L’enfance est une priorité du quinquennat », déclare E Borne. Le 21 novembre, elle a réuni un « conseil des ministres des enfants » suivi d’un comité interministériel à l’enfance qui réunissait 12 ministres et secrétaires d’État, dont S El Haïry, mais pas P. Ndiaye. Pourtant, le programme engage nettement l’Éducation nationale, particulièrement sur…
- Les disciplines -
C’est quoi faire des maths ? C’est pas forcément ce que vous attendez. Et pas forcément la même chose pour tout le monde. La preuve : cette expérience de Claire Lommé dans une classe de Ce1 qui croise un album jeunesse sur le thème de la mesure du temps… Chez Christelle Cette semaine, je suis allée dans…
Sébastien Pardonneau : Une application pour connaître les roches Sédimentaires ou plutoniques, la reconnaissance des roches est facilitée avec la nouvelle application FindMyRock. Sébastien Pardonneau, professeur de SVT au lycée Aristide Briand de Gap (05), a mis au point cet outil pédagogique pratique et intuitif. Avec des critères simples et en 4 étapes, les élèves…
- Le système -
« Nous, professeurs, souhaitons aller au bout des apprentissages fondamentaux, avec des élèves qui restent pleinement impliqués grâce à l’optique d’un examen final. Avec le système actuel, seules les épreuves de Philosophie et du Grand Oral (20% de la note finale) ont lieu à la fin de l’année. Et l’orientation dans le supérieur est à…
Sanctionnés sous JM Blanquer pour s’être opposés aux E3C, depuis supprimés de la réforme du bac, les 4 professeurs du lycée de Melle ont obtenu en référé en décembre 2020 la suspension de leurs sanctions. Le 22 novembre, les recours en contentieux de Sylvie Contini et Aladin Lévêque arrivent devant le tribunal administratif de Poitiers.…
« À moins de concevoir pour les jeunes de 12 à 15 ans des contenus différenciés d’études dont les « clientèles » reproduiraient largement les ségrégations sociales, il faut définir une formation de base acceptant de remettre en cause certaines hiérarchies scolaires et en reconnaissant la valeur de certaines disciplines moins abstraites : exercices d’intelligence…
« La région fait payer aux élèves des lycées spublics la hausse des prix », s’indigne la FSU Île-de-France. Le syndicat proteste contre le mode de calcul retenu par la région pour prélever des sommes sur le fonds de réserve. Selon lui, « la région a décidé d’adopter son propre mode de calcul, différent de…
L’acte final de la conférence du Cop27, « reconnait que limiter le réchauffement global à 1.5°C nécessite des réductions rapides et profondes dans les émissions de gaz à effet de serre » et demande aux Etats d’accélérer le développement de technologies pour la transition vers des émissions basses. Il « se sent très concerné par…
- Les disciplines -
Dans le cadre du cycle des conférences « Qu’est-ce que la vie ? », la Cité des sciences et de l’industrie programme un festival « Les mondes anticipés ». Durant deux jours, samedi 26 et dimanche 27 novembre, scientifiques, prospectivistes et artistes interviendront dans le but de développer chez les visiteurs une culture de l’anticipation…
- L'élève -
Chaque année depuis 17 ans, durant 5 jours à Évreux, le Festival International du Film d’Éducation, organisé par les CEMEA, propose un large choix de film, courts, moyens, longs métrages, fictions, animations, documentaires. Les films proposés et le regard de leurs réalisateurs abordent les grandes problématiques de l’éducation, de l’enfance et de la jeunesse, de…
Ce sera le 25 novembre. Au Salon européen de l’éducation (Paris – Porte de Versailles), le Café pédagogique vous invite à une journée de débats et d’échanges autour du thème de l’innovation pédagogique en présence de Pap Ndiaye. Organisée en partenariat avec Libération et la MGEN, cette journée est l’occasion de revenir sur les vingt…
- La classe -
« Ce projet a été initié par des enseignants de SVT et de physique-chimie. Les élèves d’un même groupe collaborent, analysent, produisent et répondent à une problématique sur le thème de la climatologie qui sera abordé en terminale : Un article de presse indique un évènement climatique exceptionnel ; est-il exceptionnel ? Pour cela, ils…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud