Harcèlement : Chatel et Debarbieux ouvrent le dossier  

Par François Jarraud



 

Fin avril, Eric Debarbieux a publié son rapport sur le harcèlement à l'Ecole. A la veille des Assises, il a répondu à nos questions sur le rapport et sur le chemin parcouru depuis les Etats généraux de la sécurité à l'école. Le 2 mai, avec Luc Chatel, il a ouvert les Assises nationales sur le harcèlement à l’École. Quelles suites concrètes pour cet événement ?  


Rapport Debarbieux : Contre le harcèlement, revoir la formation des maîtres


Chargé de mission par Luc Chatel, Eric Debarbieux a remis le 27 avril 2011 son rapport sur "la prévention du harcèlement à l'Ecole". Très ambitieux, le rapport invite l'institution à revoir la formation des enseignants et à améliorer les pratiques pédagogiques. Il demande une grande campagne d'opinion, le développement d'outils et à retourner les réseaux sociaux contre le cyberbullying.


" Ce rapport se veut une contribution à l’élaboration de politiques publiques nouvelles", écrit E Debarbieux. "Il s’inscrit dans la nécessité d’une pensée et d’une action de long terme sans laquelle rien ne peut être résolu... C’est dire que si ce rapport est écrit à la demande d’un ministre, il ne peut que dépasser la temporalité politique habituelle, qui est un entre-temps électoral". Voilà peut-être le plus grand adversaire des propositions d'Eric Debarbieux.


Pourquoi un plan contre le harcèlement ? E Debarbieux a rappelé les données d'une enquête menée pour l'UNicef : 14% d'élèves victimes de harcèlement (c'est à dire atteinte répétée) verbal, 10% de harcèlement physique et 12 % de harcèlement cumulé. Le phénomène est ancien, même si les TIC ont créé de nouvelles formes (le cyberbullying). Mais les conséquences restent désastreuses : écher scolaire, anxiété, dépression, délinquance.


Or pour E Debarbieux une partie des causes est institutionnelle. Il écarte d'emblée l'idée qu'il y aurait une cause unqiue. Ce sont des faisceaux de causes personnelles, familiales, socio-économiques et scolaires qui jouent. Car l'Ecole peut favoriser ou décourager le harcèlement. " Parmi les facteurs scolaires, la recherche disponible met en évidence un effet lié à un effectif trop important dans l’école et dans la salle de classe... Le regroupement d’élèves en classes de niveau est très clairement corrélé à une augmentation de la victimation. Les travaux qualitatifs comme les travaux quantitatifs sont unanimes sur la question". Le climat de l'établissement a bien sûr son importance ainsi que les conflits entre membres du personnel.  Tout ce qui pourra être fait pour aller dans le sesn du vivre ensemble est jugé positif.


Campagnes d'opinion. Partant de là, Eric Debarbieux fait 14 propositions que l'on peut regrouper en 4 familles. Plusieurs propositions invitent à des campagnes d'opinion. Debarbieux veut mobiliser les médias, et singulièrement les fournisseurs INternet et les réseaux sociaux pour promouvoir la lutte contre le harcèlement et l'empathie pour les victimes. Il cite par exemple le programme polonais "Ecole sans violence". Il invite aussi à produire des outils aussi bien statistiques (enquêtes de victimation) que pédagogiques : programmes et outils validés par un label.


Un Haut conseil de la formation.  La formation des enseignants semble au coeur des propositions. Il est clair pour E Debarbieux qu'il faut revoir la formation initiale et organiser une Conférence nationale sur la formation initiale qui coordonne cela avec les universités. "Nous proposons que le concours s’obtienne de manière modulaire, en commençant par les modules que nous proposons en L1, M1 et M2. Cela permettra aussi la construction d’un parcours individualisé de formation et d’un portefeuille de compétences", écrit E Debarbieux.  Un Haut conseil de la formation permettrait de la "sortir de l'ornière". "La formation au développement des capacités d’empathie (proposée par Serge Tisseron) va également dans ce sens, tout autant que les ateliers de psychologie de l’AGSAS fondés sur l’apport de Jacques Lévine, ou encore les modules de communication relationnelle (ESPERE, Jacques Salomé)", sont recommandés. lI invite également à promouvoir la place des délégués élèves et des parents.


Enfin il y a les sanctions. " Les directions prises depuis les États généraux dans la production de nouveaux textes réglementaires vont dans la bonne direction : prise en compte du préjudice subi, pratiques restauratives et TIG".

Le rapport

http://media.education.gouv.fr/file/2011/64/5/Refuser-l-oppress[...]

L'enquête Unicef

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/03/30Unicefmicroviolences.aspx



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Par fjarraud , le samedi 28 mai 2011.

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