Cathy Hupin : Des idées créatives en SVT 

Comment faciliter la mémorisation des élèves ? Avec ses fiches permettant un entraînement et une autocorrection rapide, Cathy Hupin, professeur de SVT au collège Aliénor d’Aquitaine de Salles (33), exploite un format qui fait ses preuves. L’enseignante propose aussi à ses collégiens des fiches de suivi évaluant notamment l’attitude face au travail et des travaux supplémentaires. Ses élèves utilisent régulièrement leur créativité pour élaborer des outils de révisions originaux. L’enseignante fait « le choix de ne donner que peu de devoirs à la maison pour que les élèves prennent le temps chez eux pour laisser mûrir et mettre en application leurs idées créatives ».

 

Comment sont conçues vos fiches de mémorisation ?

 

Il y a deux ans, j'avais réussi à mettre en place un rituel pour renforcer la mémorisation des connaissances exigées en SVT. Chaque leçon était déclinée sous forme de QCM et une fois par semaine, après tirage au sort avec une roue de type Digitools,  les élèves étaient interrogés sur une question de la leçon en cours et une question portant sur un chapitre précédent. Je n'étais pas satisfaite du format, exclusivement numérique donc pas toujours très pratique pour les élèves pour réviser à la maison et difficilement lisible lors de sa projection.

 

Cet été, j'ai voulu dépoussiérer le dispositif en le transformant en jeu de carte type FlashCards, les élèves auraient pu s'entrainer lorsqu'ils avaient terminé la tâche attendue pendant la séance. Cependant, le format ne permettait pas de mettre facilement à disposition le matériel à la maison pour réviser et il n'y avait pas d'auto-correction permettant un feedback immédiat. Et c'est là qu'Astrid Gremillet, fantastique professeur de physique-chimie en collège, a présenté sur les réseaux sociaux ses fiches de mémorisation active, me donnant la solution à mes problèmes.

 

Le nouvel outil reprend les questions de mes QCM sous forme d'une fiche papier de mémorisation active. La cible permet aux élèves de colorier en rouge ou vert la case correspondant à une question à chaque fois qu'ils s’interrogent.

 

Cette version papier est augmentée par le numérique. Genially me permet d'y rajouter un dé, offrant un tirage au sort et de faire apparaître les corrections du QCM en passant la souris sur une petite étoile à côté de chaque question. Les élèves peuvent ainsi s'entrainer en autonomie et s'auto-corriger à la maison. Ils sont interrogés en classe une fois par semaine sur 2 questions tirées au sort. La première version difficilement exportable en format papier, sans feedback possible.

 

La fiche de mémorisation QCM donnée aux élèves sur laquelle ils peuvent se tester. La version numérique (genially) permettant un tirage au sort (dé) et un feedback (les réponses apparaissent lorsque la souris passe sur l'étoile).

 

Et les fiches de suivi ?

 

Depuis maintenant trois ans, chaque élève a une fiche de suivi par trimestre. Ces fiches sont stockées dans les pochettes de groupes posées en début d'heure sur les îlots de travail et ramassées en fin d'heure. Tout au long du trimestre cette fiche est complétée conjointement par l'élève et le professeur.

 

Sur cette fiche de suivi, on y retrouver les 4 rubriques qui seront prises en compte pour mettre en place une note de trimestre.

 

La première rubrique concerne « l'attitude face au travail », c'est à dire les attendus liés à la posture d'élève (avoir ses affaires, faire son travail, être à l'heure, se mettre au travail de manière rapide et volontaire en classe...). A chaque manquement, l'élève est incité à mettre lui-même la date du jour sur sa fiche afin qu'il se rende compte d'éventuelle accumulation de manquements.

 

La deuxième rubrique concerne les « travaux supplémentaires attendus » aussi nommés « Pommes » (car ils apparaissent sur des pommes dans leur leçon). Comme je leur donne les bilans rédigés du cours (au lieu de leur demander de faire de la copie), et que je ne donne que très peu de travail à la maison, j'attends d'eux qu'ils s'approprient les bilans de leçon en se créant des outils de révision (Question/Réponse, carte mentale, flashcards, jeux papiers ou numériques (type learningapps), vidéos, audios, sketchnote, cocotte de révision, leçon à manipuler...).

 

Ils peuvent aussi retravailler des activités du cours ou encore s'entrainer sur des exercices classiques indépendamment du cours pour développer certaines compétences, faire des sujet brevet (pour les élèves de 3ème principalement) ou encore préparer un oral de 3 min.

 

La dernière possibilité qui leur est donnée est de préparer les évaluations de leçon en répondant aux questions de l'évaluation à la maison ou en corrigeant la copie du prof pas très en forme (une copie de l'évaluation que j'ai remplie en y glissant des erreurs). Pour réaliser ces travaux, ils ont des consignes succinctes données sur un genially. Les élèves décident d'eux-mêmes quand ils font des « pommes », lesquelles ils font, combien ils en font sachant qu'ils doivent en faire suffisamment pour récupérer les points correspondants dans leur note de trimestre.

 

La troisième rubrique de la fiche de suivi recense les évaluations de « connaissances » obtenues alors que la quatrième concerne les évaluations de « compétences ».

 

Une place est laissée aux « commentaires » qui peuvent venir du professeur mais aussi de l'élève sur ses réussites et ses difficultés. A la fin du trimestre, nous prenons le temps en classe de faire un bilan. Chaque élève doit évaluer son niveau moyen par rubrique puis se fixer une note en  fonction du barème indiqué. Cette note fixée par l'élève permet à chacun de voir quels sont ses forces et ses faiblesses et d'envisager les pistes de progrès pour le trimestre suivant. Bien sûr par soucis d'harmonisation et de justice, je me donne le droit de modifier ces notes.

 

L'expérience montre que seule une moitié des élèves s'évalue assez justement, les autres se montrent soient trop dures, soit trop généreux envers eux-même. Ce petit moment de méta-cognition me semble important pour aider l'élève à comprendre son fonctionnement et à progresser.

 

Quels usages faites-vous des flashcards en cours de SVT ?

 

Les flashcards ne sont pour moi qu'un outil de révision dont les élèves peuvent s'emparer parmi tant d'autres. Plutôt que d'imposer le même outil à tous, je préfère que chacun teste ce qui lui semble pertinent par rapport à ses compétences mais aussi besoins.

 

Tous les outils de révisions (nommés Pommes) que les élèves réalisent passent entre mes mains pour correction, conseils et validation. Ce feedback sur leur travail leur permet tout au long de l'année de progresser dans leur réalisation.

 

Quelle place accordez-vous à la créativité lors de vos séances ? Comment la valoriser ?

 

En classe, j'essaye autant que possible de mettre en activité mes élèves. Ils ont des défis à réaliser, c'est à dire des activités à faire pour développer les compétences attendues en fin de cycle et s'approprier les notions. Ces activités doivent être le plus souvent réalisées individuellement tout en s'appuyant sur l'aide du groupe et/ou du professeur en cas de difficulté, puis les productions doivent être mises en commun afin de susciter le débat et le questionnement en cas de désaccord. Ce fonctionnement me permet de mieux accompagner les élèves dans leur travail car il n'y a pas 30 réponses à valider mais seulement 6, une par îlot. De plus, l'entre-aide instaurée entre élèves me permet d'accompagner ceux qui en ont le plus besoin.

 

La place à la créativité dans ce cadre là est relativement limitée en classe sauf lorsque le format de la production attendue est libre. Leur créativité est davantage sollicitée lorsqu'ils réalisent les « pommes » sachant qu'ils peuvent les commencer en classe dès qu'une activité est terminée. Cela permet des ajustements entre les plus rapides et les plus lents. Cependant, il faut avouer que la créativité des élèves s'exprime davantage lorsqu'ils créent leurs outils de révision à la maison. Je n'hésite pas fréquemment à leur montrer des exemples ou à demander aux élèves de présenter leurs outils ce qui permet de valoriser ces outils créatifs et efficaces et d'encourager cette créativité.

 

La créativité nécessite un temps de réflexion pour que l'imagination se mette en route. Malheureusement en classe, le temps de cours est compté pour essayer de balayer les notions et compétences attendues. C'est donc un choix de ne donner que peu de devoirs à la maison pour que les élèves prennent le temps chez eux pour laisser maturer et mettre en application leurs idées créatives.

 

Que trouve-t-on sur votre site internet ?

 

Mon site internet donne accès à tous les documents papiers utilisés en classe (leçons, activités, documents à étudier, fiches méthodes) mais aussi à tous les supports numériques utiles (vidéos, QCM, consignes pour réaliser les « Pommes », jeux interactifs...). Les cours papiers distribués aux élèves deviennent interactifs grâce à un genially donnant un accès très simplifié aux ressources. Il propose aussi pour les élèves de 3ème des sujets de brevet accompagnés de conseils méthodologiques et de corrigés pour s'entraîner.

 

C'est aussi un outil permettant aux parents de comprendre le fonctionnement du cours et d'aider leur enfant à s'organiser. En cas d'absence, l'élève peut parfaitement suivre à distance ce qui est fait en classe en complément des informations mises sur Pronote.

 

Propos recueillis par Julien Cabioch

 

Le site de C Hupin

Sur Twitter

Sur Genial.ly

 

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Par fjarraud , le mardi 27 septembre 2022.

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