La revue Médiamorphose, dont c’est le deuxième numéro (Juillet 2001) confirme ce que l’on en avait perçu dans le premier numéro. Cette revue coéditée par l’INA et le CRDP de Versailles est essentiellement tournée vers l’audiovisuel (cinéma et télévision) et délaisse assez nettement la question de l’Internet et du multimédia. Cependant cela n’est que partiellement vrai. En effet la télévision et le cinéma sont très interrogés par le développement des caméras numériques et du montage numérique qui en dix ans s’est presque totalement imposé. Le dossier consacré au numérique dans le Cinéma permet d’engager le débat sur les nouvelles écritures (ou pas) liées à l’évolution technologique. Les entretiens proposés dans ce numéro permettront de vraiment engager une réflexion de fond qui semble actuellement indispensable d’autant plus que la télévision et le cinéma ont montré qu’ils avaient, pour l’instant réussi à endiguer la menace de l’ordinateur, outil extérieur menaçant potentiellement le rapport à l’image de l’audiovisuelle. Gérard Leblanc, dans un article intitulé « L’illusion technologique » tente de resituer le véritable apport du numérique au cinéma. Tout comme Jean Michel Frodon « Nouvelles technologies ou nouvelles images ? », il relativise la place de chaque élément : d’un coté la technologie, de l’autre coté l’être humain. Si la technologie semble donner accès à l’écriture, il ne faut jamais oublier que ce n’est pas le crayon qui fait l’auteur, mais bien celui qui le tient.
L’entretien que G. Jacquinot a mené avec Alain Bergala (conseiller au ministère et réalisateur), Christine Juppé Leblond (inspectrice générale) et Carole Desbarats (une des initiatrices de l’option cinéma) éclairera les enseignants qui sont impliqués dans ces sections, mais aussi tous ceux qui réfléchissent à la place des TIC en éducation. En effet la question, posés dans le titre de l’article est « l’école au cinéma ou le DVD à l’école ? ». De fait le DVD permet de faire avec l’image cinématographique ce qui est impossible à réaliser avec le cinéma traditionnel. Cependant la position du récepteur dans la salle de cinéma reste une spécificité, bien différente de celle du récepteur devant la télévision ou l’ordinateur à la maison. Par contre l’éducation à l’image reste un problème important. En amenant le cinéma et pas la télévision à l’école, on choisit de dire qu’il y art d’un coté et pas de l’autre et que donc il ne faut peut-être pas amener la télévision à l’école (culture ?). Dans le même temps les enseignants ont en face d’eux des jeunes qui baignent dans les trois univers et pas dans un seul, trois univers en continuité et pas en rupture, même si seul le cinéma a réussi à être élevé au rang « d’art ». Et c’est bien là l’enjeu du débat : faut-il que, au moment ou le ministère fait officiellement l’annonce de sa politique en matière « d’arts visuels à l’école » le 10 octobre sur son site Internet, l’on repose une nouvelle fois la question de la place d’une « éducation aux médias » qui aille au delà des simples choix artistiques ou technologiques, mais véritablement éducatifs.
On trouvera d’ailleurs en kiosque le numéro spécial de la revue Beaux Arts co-éditée avec le CNDP et le ministère qui est consacré à l ‘art à l’école’ et qui ouvre des perspectives passionnantes pour un lien futur entre ce qui est l’usage ordinaire des technologies et l’usage artistique de ces mêmes outils.
Médiamorphoses, N°2 Juillet 2001, INA, CNDP
Beaux arts, l’art à l’école, numéro spécial coédité avec le CNDP et le MEN.
Bruno Devauchelle
Cepec