Le HCEE maintient le cap de 1989
Le Haut conseil à l’évaluation de l’école (HCEE) rendra public ce soir son avis sur le système scolaire français. Mais dès maintenant circulent des éléments de cet avis.
Globalement, le HCEE se situe dans la prolongation de la loi Jospin de 1989 et rend hommage au système français :« le haut niveau de performances atteint aujourd’hui par notre système éducatif explique en partie les difficultés qu’il connaît et permet certainement de les surmonter« . Soulignant que « notre pays sait moins qu’un autre donner une place aux jeunes sortis précocement du système de formation initiale », le HCEE estime qu’en 2010 la société française aura besoin de 70% de bacheliers, ce qui est compatible avec l’objectif fixé en 1989 de 80% des élèves au niveau du bac. Aujourd’hui seulement 61% d’une génération ont accès au bac. Ce taux est inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE (62%) : « contrairement à une idée reçue, nous ne formons donc pas plus de jeunes susceptibles d’accéder à l’enseignement supérieur que les autres pays », alors que la France forme davantage de diplômés du premier niveau de qualification (CAP – BEP) : 37% d’une génération, contre 9% dans les pays OCDE.
Dans le primaire, l’avis de l’OCDE rend hommage à l’école maternelle « unique au monde » et recommande les dédoublements dans tout le cycle II, de la GS au CE1. Au collège, le HCEE recommande le collège unique « au sens où tous les élèves le fréquentent et ne s’orientent.. qu’à l’issue de cette fréquentation ». Le HCEE signale les mauvais résultats des systèmes éducatifs qui sélectionnent trop tôt (Allemagne par exemple) par rapport à l’efficacité des pays qui promeuvent une scolarité obligatoire continue et uniforme, « et souvent sans redoublement » Reste à définir un socle commun de connaissances pour tous les élèves.. Au lycée, pour le HCEE « l’état actuel n’est pas satisfaisant ». Ainsi « la voie générale connaît un retrait très préoccupant » : effectivement elle est en baisse depuis le milieu des années 1990. La série L apparaît comme particulièrement en difficulté. En technologique, « la série STT connaît une évolution excessive ». Le HCEE demande une réflexion sur le lien entre la série STT et les bacs pros tertiaires. Pour lui, la voie professionnelle courte occupe une place trop importante. Le HCEE déplore également la répartition par trop inégale entre les diplômes et un taux de sortie trop élevé en BEP.
S’agissant des enseignants, le HCEE recommande un effort de formation continue et la diffusion des recherches sur les pratiques efficaces en classe : il est nécessaire de « fournir aux enseignants des recommandations et des guides d’action issus des recherches et de les inciter à les utiliser ».
Un consensus sur l’école est possible
Un accord sur l’école est possible. C’est le premier message que le Haut conseil à l’évaluation de l’école (HCEE) a voulu faire passer le 22 octobre à l’occasion de la publication officielle de son « avis ». Celui-ci a été établi par consensus entre les experts, les représentants des syndicats et les responsables politiques qui composent le Haut-conseil. Si les principaux éléments en ont été rendus publics dans L’Expresso du 22, la conférence de presse de mercredi apporte des éclairages complémentaires sur ce qui fait consensus. Ainsi, si le HCEE rend hommage à l’école maternelle, il pose la question de la scolarisation à partir de deux ans, une pratique dont « l’efficacité… est sujette à débats » et qui pèse sur le budget. Au collège, le HCEE préconise un « rapprochement des pratiques enseignantes » entre collège et école ce qui pose la question de la bivalence des professeurs. Elle pourrait être proposée aux enseignants en échange de certains avantages. Plus globalement, les « sages » du HCEE mettent l’accent sur la coupure de 1995 : c’est depuis cette date que les taux de réussite baissent et que davantage de jeunes quittent l’école sans qualification. Ils n’expliquent pas ce tournant mais relèvent qu’il correspond à une période de baisse de la consommation, probablement de crise morale. Ils n’écartent pas des conséquences fâcheuses de la réforme de 1992. Alors que 15% des jeunes quittent l’école sans réelle qualification, le HCEE a aussi voulu montrer les conséquences sociales de ce phénomène : le diplôme permet de trouver beaucoup plus facilement un emploi. Il est aussi le sésame pour se former tout au long de la vie.
http://cisad.adc.education.fr/hcee/publications-2003.html#link1
23 questions pour le débat national
Le Figaro du 20 octobre donne un premier aperçu sur les documents prévus pour inspirer le débat national sur l’Ecole. Pour Le Figaro, c’est 23 questions qui seront posées les réunions publiques et aussi dans les établissements. A chaque question correspond une fiche qui fait un état des lieux et développe le sujet en plusieurs sous-questions. Le Figaro en publie quelques unes : « quelles sont les valeurs de l’école et comment les conforter dans notre société ? Comment rendre l’école juste ? Comment motiver et faire travailler efficacement les élèves ? Comment prendre en charge les élèves en grandes difficultés ? Quelles doivent être les fonctions et les modalités des examens, de l’évaluation et de la notation des élèves ? ». Pour Le Figaro certaines questions centrales apparaissent au second plan seulement. Murielle Court estime que « rarement le système éducatif aura été à ce point passé à la loupe. Reste à souhaiter que devant l’ampleur de la tâche les Français ne reculeront pas, laissant aux spécialistes le champ libre pour retrouver leurs bons vieux clivages stériles ». Comme si l’école pouvait améliorer son efficacité sans faire appel à ses spécialistes et sans se professionnaliser.
http://www.lefigaro.fr/france/20031020.FIG0126.html