Print Friendly, PDF & Email
Avis du HCEE

« Les faits prouvent que si le service public n’assure pas cette mission éducative, le marché le fait, ce qui renforce les inégalités ». Analysant le « travail des élèves pour l’école en dehors de l’école », le Haut conseil de l’évaluation de l’école dénonce les carences de l’Ecole et l’appelle à se porter sur le marché des cours particuliers. « Laisser les élèves et leurs familles seuls face aux devoirs et leçons est source d’inéquité. Le recours croissant à des aides extérieures à la scolarité, payantes mais financées pour une part par des avantages fiscaux, en témoigne. Cela ne peut laisser indifférents les responsables du système public d’éducation… La question qui se pose est en effet celle de la finalité du service public d’éducation :  » faire réussir tous les élèves  » ce n’est pas  » faire réussir certains mieux que d’autres « . Le HCEE estime que l’Ecole devrait offrir un accompagnement personnalisé de type tutoral. Et il propose un financement : utiliser le crédit fiscal donné aux familles qui utilisent les cours particuliers, ce qui rendrait ces entreprises moins attractives.

Le HCEE s’est basé sur un rapport de Dominique Glasman pour qui les cours particuliers servent essentiellement à apprendre à se préparer aux examens, une dimension délaissée par l’Ecole. Il voit dans la montée de ces cours le reflet du désengagement de l’Etat :  » Une part des parents… peuvent souhaiter payer pour l’école en tant que consommateurs… plutôt qu’en tant que citoyens…; mais, plus encore, c’est aujourd’hui l’Etat lui-même qui semble les y inviter ».

Le HCEE va plus loin que cette attaque frontale contre l’industrie du petit cours. Il dénonce l’ignorance dans laquelle se tient l’Ecole à propos des leçons et des devoirs à la maison. Il relève que les devoirs interdits au primaire restent la règle. Pour lui, « on a tout lieu de penser que les enseignants, comme l’institution apprécient mal le temps que les élèves passent à faire leurs devoirs et à apprendre leurs leçons et que ceux-ci se plaignent parfois de la charge de travail que représentent ces devoirs et leçons et du manque de coordination dans les « commandes » qui leur sont passées par les divers enseignants. Il leur est, de plus, souvent difficile de comprendre ce qu’on attend d’eux. On n’en sait guère plus quant aux finalités qu’assignent les enseignants aux devoirs et leçons, aux consignes dont ils les accompagnent, à la place qu’ils leur donnent dans leurs évaluations ». Il appelle donc les inspecteurs, les chefs d’établissement et les enseignants à mieux connaître ces paramètres et à fixer des orientations. Ce qui suppose de centrer l’école sur l’élève.

La riposte de l’industrie des cours privés ne s’est pas fait attendre : Emmanuel Davidenkoff sur son blog fait connaître une étude envoyée par Acadomia qui dénonce les enseignants comme les premiers bénéficiaires des cours particuliers et affirme leur démocratisation : 65% des utilisateurs appartiendraient aux professions intermédiaires ou aux classes populaires.
Avis et rapports du HCEE
Le blog d’E. Davidenkoff
Rappel : D. Glasman dans le Café 60