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Réunion de rentrée : le chef d'établissement meneur d'homme... Photo CP

Directeurs d’école, principaux, proviseurs : cette semaine de novembre va connaître les manifestations de tous les corps intermédiaires de l’éducation nationale. Que tous ces « personnels de direction » (on ne nous en voudra pas d’y inclure les directeurs d’école) manifestent au même moment éveille évidemment l’intérêt.

Ecoutons d’abord leurs revendications pour mieux comprendre ces mouvements. Les directeurs d’école demandent une revalorisation salariale mais ils veulent aussi davantage de reconnaissance pour la fonction et la levée des menaces de sanctions. La situation des principaux et proviseurs est différente. A la différence des premiers, ils ont obtenu d’être un corps particulier. Cela ne les empêche pas de plaider pour l’autonomie, la confiance, la reconnaissance et aussi une revalorisation financière. Les deux mouvements témoignent de tensions accrues avec la hiérarchie. Du côté des directeurs on évoque des menaces de sanction suite à la grève administrative. Du côté des proviseurs on dénonce le « harcèlement textuel » et l’autoritarisme des inspections académiques.

Il faut voir en effet les attentes que l’institution porte sur les personnels de direction. Un récent rapport de l’Inspection générale met carrément le chef d’établissement en position de manager. « Demain plus encore qu’aujourd’hui, un responsable d’EPLE devra être capable d’impulser les choix pédagogiques de l’établissement, d’assurer une gestion financière affinée, pour se dégager des marges de manoeuvre dans le cadre de la LOLF, de négocier des conventions locales équilibrées, voire avantageuses avec la collectivité territoriale de rattachement, d’animer des équipes dépendant de plusieurs employeurs ». Il deviendrait ainsi à la fois le gestionnaire avisé d’un établissement autonome, le responsable pédagogique de l’établissement et l’interlocuteur des acteurs locaux.

Les personnels de direction se trouvent ainsi au centre de l’évolution du système éducatif. Enseignants d’une école républicaine au départ, ils doivent enfiler le costume de manager sur les injonctions d’une autorité étatique qui semble se désengager.

C’est ce qu’Anne Barrère expliquait dans un article donné récemment au Café. « Les chefs d’établissement sont au centre de ces tensions justement, parce qu’une partie d’entre elles ne sont plus du tout régulées d’en haut par la hiérarchie. Elles viennent aussi largement des configurations locales, de la capacité d’action et de pression des familles, ou d’un état de concurrence larvaire entre établissements créé d’ailleurs en large partie par la diffusion des indicateurs chiffrés. Moderniser, manager au mieux son établissement, cela peut être alors protéger certaines parties du public et non d’autres, ou accepter des élèves en dérogation qui manqueront au collège voisin plus en difficulté… »

Le mouvement des personnels de direction manifeste la crise plus globale de l’Ecole française qui hésite entre plusieurs modèles sans arriver à porter plus longtemps le modèle traditionnel.

La plupart de nos voisins ont opté pour le modèle managérial et l’autonomie des établissements sans qu’on puisse assurer qu’il assure plus de réussite et d’équité dans le système éducatif.
Article d’A. Barrère
Rapport de l’Inspection