Print Friendly, PDF & Email

Par Serge Pouts-Lajus

Le Conseil régional d’Ile de France réunissait le mercredi 9 mai après-midi les partenaires avec lesquels il conduit depuis 2 ans le projet ENCORE, une expérimentation d’ENT (5 plates-formes différentes) dans 15 lycées d’Ile de France. Etaient présents les représentants des trois académies, conseillers TICE, directeur des CRDP, responsables des centres informatiques académiques, proviseurs, enseignants des lycées expérimentaux et même quelques lycéens et des parents d’élèves venus témoigner de leurs pratiques et de leurs attentes.

Cette rencontre se situe à un moment charnière pour le projet francilien : il s’agit à la fois de tirer le bilan de trois années d’expérimentation et, sur cette base, d’aborder la phase suivante, celle de la généralisation, prévue pour 2008. Il s’agira alors, non pas de déployer en une seule fois l’ENT dans les 470 lycées franciliens, mais de lancer un processus de généralisation qui impliquera dans un premier temps les établissements expérimentaux.

Place d’abord aux usagers. Un professeur, un proviseur, un parent d’élève et deux lycéens à la tribune. Chacune témoigne de son expérience ; les enseignants et les chefs d’établissement sont évidemment moteurs mais il est intéressant d’entendre les lycéens et les parents expliquer que l’ENT est d’abord pour eux un moyen d’accéder aux notes, les leurs ou celles de leur enfant. Témoignage confirmé par l’étude réalisée au cours des deux dernières années par la société Ineum : la saisie et la consultation des notes sont les fonctions les plus utilisées. Mais l’usage du cahier de texte en ligne progresse rapidement. C’est une fonction réclamée par les élèves mais surtout par les parents. Les enseignants sont partagés et certains résistent encore, craignant d’être débordés ou placés sous surveillance. Ces inquiétudes ne semblent pas fondées si l’on se fie aux témoignages d’usagers lorrains présentés dans une vidéo réalisée par le ministère et la Caisse des Dépôts : une enseignante de SVT explique qu’elle remplit le cahier de textes en classe et qu’elle peut copier/coller d’une classe à l’autre lorsque les progressions sont les mêmes ; un proviseur adjoint constate que la pression des parents sur les équipes pédagogiques s’est relâchée depuis qu’un cahier de textes est en ligne et que les parents ont moins à se plaindre d’être sous-informés.

Après les usages, la technique. Un ENT c’est d’abord un annuaire, celui des usagers : élèves, enseignants, parents, personnels de direction et d’administration, personnels technique et d’encadrement. A l’échelle de la France, cela représente 30 millions de personnes. Or cet annuaire doit être mis à jour en permanence et profondément remanié chaque année. Comme le dit Jacques Foucher, directeur des politiques éducatives et de l’équipement au Conseil régional : « nous pensions que la difficulté, c’était de gérer l’année scolaire, mais la vraie difficulté, c’est de passer d’une année scolaire à la suivante ». Il faut en effet que le nouvel annuaire soit disponible dès la rentrée. Le ministère a beaucoup travaillé sur ce dossier au cours des deux dernières années : il a défini la norme d’un « annuaire fédérateur » qui permet l’échange automatisé de données entre les bases nationales accessibles par Sconet et celles de l’ENT de chaque établissement. Cela paraît facile à dire et à écrire, mais c’est très périlleux à mettre en œuvre. La disponibilité d’un annuaire en début d’année est l’une des clés du succès pour les ENT. Mais il y en a bien d’autres, celles notamment qui touchent à ce que l’on appelle la conduite du changement : formation et assistance des utilisateurs, pilotage du projet dans l’établissement et au niveau du territoire. L’accompagnement du projet dans chaque lycée exigera évidemment des moyens humains importants. La solution des heures de décharge, en nombre toujours insuffisant, accordés à des enseignants compétents et dévoués mais dont le nombre et la résistance pourraient aussi diminuer, n’est pas satisfaisante. Dans les mois qui viennent la Région et ses trois partenaires académiques vont s’employer à s’entendre sur un plan de déploiement, à identifier et à se répartir les moyens qui devront être dégagés pour assurer le succès du projet, peut-être aussi à convaincre certains des 8 départements de la région de rejoindre le projet.

Les occasions de revenir sur le projet ENCORE ne manqueront pas dans les mois et les années qui viennent.

Fiches d’usages pédagogiques d’un ENT téléchargeables sur Educnet

http://www2.educnet.education.fr/sections/secondaire/usages/ent/fiches-usag