Un colloque en langues anciennes a réuni au couvent de la Tourette une assemblée de professeurs (secondaire et université), de formateurs et d’inspecteurs en lettres classiques.
L’objet du colloque était de rendre compte d’une part de la situation, d’autre part des perspectives pour les études classiques.
Les débats on été animés par Carl Heinz Wismann et Pierre Judet de la Combe.
Quelques lignes fortes ressortent de ce colloque :
– Dans un temps où l’horizon des lettres se rétrécit singulièrement, on n’a jamais autant utilisé les concepts antiques à tous les étages de notre société : on parle en effet chaque jour de citoyenneté, la publicité fait référence en permanence à des représentations héritées de l’Antiquité, les sagesses pratiques reviennent en force, bref, tout nous renvoie à notre héritage gréco-latin. Pendant ce temps, l’enseignement du grec ancien se meurt…
– L’assemblée s’est accordée dans son ensemble pour noter que toutes les matières, en particluier universitaires, ne sauraient se passer de l’enseignement du latin et/ou du grec, certains intervenants proposant même de faire des départements de lettres classiques des “prestataires de service” des autres départements.
– On note dans le secondaire, les conditions indignes dans lesquelles souvent, les enseignants de latin et de grec sont contraints d’exercer leur métier, et les jeunes hellénistes et/ou latinistes de poursuivre leurs études : cours le midi rendant impossible la restauration ou encore en dehors des créneaux horaires habituels (à 18h00 le soir, par exemple) regroupements de niveaux sur une seule heure…
– Plusieurs propositions ont été faites, par exemple d’étendre le corpus de textes étudiés au textes médiévaux voire modernes (Renaissance).
– Oraliser l’enseignement du latin, en imitant par exemple les techniques d’enseignement des langues vivantes.
– Il y a eu unanimité de l’Assemblée pour rejeter en bloc une éventuelle fusion des CAPES de lettres classiques et modernes, et la transformation de l’épreuve de latin obligatoire en épreuve optionnelle : comment en effet enseigner le français sans être un tantinet capable de rendre compte de l’histoire de cette langue qui prend ses racines dans le latin.
– Plusieurs professeurs du secondaire on t jugé ne pas être assez formés à l’enseignement des textes authentiques, et suggèrent que la formation continue des enseignants soit remise entre les mains des inspecteurs et des professeurs d’université.
Au final, tous les participants se sont accordés pour juger qu’il serait dommageable de laisser de côté le latin et le grec alors que ce sont les seules disciplines transversales parmi celles qui sont enseignées, pusiqu’elles concernent à des degrés divers tous les autres sujets d’étude : il n’est que de regarder les programmes du secondaire de la sixième jusqu’à la Terminale , mais aussi les programmes du Supérieur pour s’en rendre compte.
Ce dernier point pourrait d’ailleurs être une piste : à défaut de maintenir le modèle littéraire existant, dont l’archaïsme ne paraît d’ailleurs nullement prouvé à plus d’un participant, on pourrait imaginer une culture des humanités diffusée transversalement dans tous les curusus, sous réserve qu’il ne s’agisse pas d’une diffusion à l’économie, c’est à dire un ersatz de culture générale, mais bien de l’enseignement du latin et du grec, phénomènes linguistiques compris.
Ce compte-rendu n’est sans doute pas assez exhaustif, mais une synthèse sera bientôt réalisée par les organisateurs du colloque : les lecteurs du Café seront tenus informés d’une éventuelle parution de cette dernière.