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Directeur adjoint d’IUFM, Jean-Louis Auduc explique pourquoi le report de la réforme de la formation est nécessaire. A quelques mois des concours 2010 peut-on mettre en place un concours dont les candidats ignorent tout?

La sagesse et la raison imposent de ne pas mettre en œuvre la réforme de la formation des maîtres à la rentrée 2009.

Lorsqu’au milieu de contre-vérités consternantes sur ce qu’est aujourd’hui la formation des enseignants qui est basée, à l’inverse de ce qui est prévue dans la réforme, sur une véritable alternance professionnalisante, le ministre de l’éducation nationale indique à RMC le 12 février que « la réforme doit se faire à la rentrée 2010 », il continue ses mensonges éhontés.

En effet, tous ses efforts actuels, et c’est ce qui pose problème, vise à une mise en place de la nouvelle formation des enseignants à compter de la rentrée 2009, ce qui est strictement impossible.

Les épreuves écrites des concours de recrutement d’enseignants 2009 ont démarré depuis le 10 février 2009.

Face aux questions des étudiants, les responsables d’université, les directeurs d’IUFM, les formateurs sont toujours à l’heure actuelle de ce que seront l’organisation, les contenus, les coefficients des contenus des épreuves du concours 2010 dont les épreuves devraient démarrer dans la réforme dans environ dix mois…..

Quel que soit son opinion sur la mastérisation, il est donc dans l’intérêt général de ne pas mettre en place une réforme dont les principaux concernés, les étudiants, découvriraient comme leurs formateurs, les règles du jeu quelques mois avant les premières épreuves du concours.

Ne pas le faire, c’est risquer pour plusieurs dizaines de milliers d’étudiants qui souhaitent préparer les concours de recrutement d’enseignants, d’avoir une année perdue, étant dans la plus totale incertitude sur ce qu’ils auraient à préparer.

La décision de l’agence d’évaluation du supérieur (AERES) de reporter le dépôt des maquettes applicables pour la formation des enseignants au 31 mars 2009 apparaît comme s’affranchissant de tous les délais réglementaires en vigueur.

Lorsque la date du dépôt de ces maquettes avait originellement été fixée en décembre 2008, le ministère avait indiqué qu’il était nécessaire de disposer d’un tel délai de six mois pour valider et mettre en place ces maquettes universitaires.

La date reportée au 15 février 2009 posait déjà problème quant aux conditions d’inscriptions des étudiants en juin 2009.

Le report du dépôt au 31 mars 2009 fait preuve d’une totale irresponsabilité.

Est-ce que cela veut dire qu’on inscrirait les étudiants dans les universités et qu’on commencerait des formations à des concours nationaux et à des masters sans que ces formations aient été réglementairement validées par les ministères concernés !!!

Alors qu’on disserte au sommet de l’Etat sur la nécessaire évaluation des enseignants-chercheurs, est-ce à dire que pour maintenir à tout prix le démarrage de la réforme à la rentrée 2009, on veut supprimer les procédures réglementaires de validation des formations universitaires ?

Est-ce raisonnable ?

Est-ce ainsi qu’on veut préparer les futurs enseignants à « agir en fonctionnaire de manière éthique et responsable » comme l’indique la compétence n°1 du référentiel national de décembre 2006 concernant les enseignants du premier et du second degré ?

Un tel écart entre le faire et le dire est insupportable.

La mise en œuvre de la réforme de la mastérisation et des concours à la rentrée 2009 apparaît totalement irréaliste.

Préparer les épreuves écrites d’un concours nécessite du temps, s’articule dans la durée pour prévoir les unités de valeur à prendre les années précédentes, les lectures à entreprendre pour entrer le plus efficacement possible dans sa préparation.

Laisser croire à des étudiants qu’ils pourraient en 2009-2010, préparer en quelques mois les nouvelles épreuves du concours dont la passation est prévue à la fin du premier semestre, suivre les cours et rédiger un mémoire pour obtenir un master2, participer à des stages en établissements scolaires, obtenir, par exemple pour présenter le concours de professeur des écoles, les pré-requis nécessaires en langues, EPS et en informatique, et….pour les étudiants de milieux modestes, exercer en plus comme assistants d’éducation,…. est une profonde mystification !

Cet inventaire à la Prévert nécessiterait pour être réalisé entre septembre et décembre 2009 des journées à 36 heures !!!

Une mise en place « à la hussarde » dès la rentrée 2009 mettra pour longtemps en échec toute volonté de lier solidement l’acquisition d’un master permettant au futur enseignant un vrai contact avec la recherche et la préparation d’un concours de recrutement enseignant.

Est-ce que l’on veut ?

Il faut donc comme le réclame tous les responsables d’établissements d’enseignement supérieur se donner du temps pour réussir cette liaison qui n’est pas simple et gérer la mise en synergie de :

l’acquisition d’un vrai master universitaire ;

– la préparation d’un concours de recrutement d’enseignants de haut niveau ;

– le démarrage d’une formation professionnelle permettant à l’enseignant d’exercer devant des publics diversifiés, ce qui signifie des stages en responsabilité évalués durant sa formation initiale.

Recruter les enseignants qui devront tout au long du XXIe siècle permettre à toute la classe d’âge de réussir sa scolarité est donc un enjeu trop considérable pour être laisser à des apprentis sorciers.

La réforme ne peut donc pas raisonnablement être démarrée à la rentrée 2009.

Les concours 2010 doivent rester ce qu’ils sont cette année.

JEAN-LOUIS AUDUC

Directeur-adjoint IUFM de Créteil/paris12

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