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François Jarraud

Chaque année certains médias les exploitent jusqu’à la nausée : les « perles du bac ». En 2008, un mois avant le bac elles étaient déjà là ! Alors à quoi rime ce bidonnage ?

« Les Egyptiens écrivaient sur du papier russe ». « Lady de Nantes a couché avec Louis XIV ». Le bac n’a même pas commencé que, sans vergogne, les médias publient les « perles du bac ». Les lignes qui précèdent sont par exemple tirées du numéro de juin 2008 d’Historia qui titre sur « les atrocités que peuvent lire les professeurs sur certaines copies de l’épreuve ». Sur le web, c’est une grande marque de stylos qui met en ligne des vidéos. On y voit des acteurs payés pour jouer des sketchs où s’exprime l’ignorance d’apprentis bacheliers (sans doute pas propriétaires du fameux sylo). L’histoire est là aussi sollicitée copieusement avec par exemple cette vidéo qui montre un candidat dire des contresens sur la Révolution.

Les quotidiens ne sont pas en reste. Ainsi Le Figaro du 19 mai 2008 titrait « Quand le langage SMS envahit les copies du bac ». Et le quotidien raconte « qu’à force de communiquer par ces messages en abrégé, des élèves commettent d’énormes fautes en orthographe ». L’information est ensuite reprise telle quelle à la radio ou par une télévision.

Or, tous ces exemples sont bidons. Ainsi, dans le corps même de l’article du Figaro, Danièle Manesse, auteur d’Orthographe à qui la faute, explique que « le SMS n’influence pas l’orthographe ». Les questions d’histoire citées plus haut n’ont pas plus de chance d’être de vraies questions du bac : elles portent sur des périodes qui ne sont pas au programme et n’ont aucune chance d’avoir été posées.

Alors que veulent dire ces publications répétitives de clichés ? Pourquoi s’en prendre ainsi aux bacheliers ? Il y a là un discours qui n’est pas sans rapport avec les propos déclinologues, ceux pour qui « le niveau baisse » d’année en année. C’est bien la méfiance, le dédain envers les compétences des jeunes et la capacité du système éducatif à les élever qui fondent ces clichés.

A l’heure où tous les pays développés sont obsédés par la nécessité d’envoyer davantage de jeunes vers l’enseignement supérieur, pouvons nous nous offrir le luxe du dénigrement de notre jeunesse ?