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Par Martine Giboureau

Avec l’aimable autorisation de Mme Giboureau et du Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah de l’Amicale des déportés d’Auschwitz). Ce texte est extrait d’une brochure disponible sur le site de l’Amicale http://aphgcaen.free.fr/cercle.htm

But recherché :

Faire réfléchir les élèves, leur permettre de maîtriser des connaissances, de s’approprier des valeurs.

Cadre du projet :

Il s’agissait de concevoir une ” pièce ” de théâtre pour le cinquantième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec la collaboration d’un professeur de français, d’un professeur d’histoire / éducation civique et d’une professionnelle du théâtre rémunérée.

Le travail s’est fait à raison d’une heure hebdomadaire de 17h à 18h plus deux journées entières de répétition.

Groupe concerné :

Des élèves volontaires des classes de 3ème du collège Sisley, de Moret sur Loing.

Déroulement du travail :

* Le professeur d’histoire a commencé son programme dans ses classes de 3ème par l’Allemagne des années 30, le nazisme, la Seconde Guerre mondiale (ancien programme, antérieur à la rénovation des années 1996-2000).

* A partir des vacances de la Toussaint, les élèves volontaires ont été immergés dans des documents : films, photos, affiches, textes etc. Aucun contact n’avait encore été établi avec d’anciens déportés ? mais il est évident qu’un ou plusieurs témoignages auraient eu toute leur place et leur efficacité ici.

* La conception de la ” pièce ” : nous, élèves et professeurs, voulions retracer la vie d’un village ordinaire, depuis la déclaration de la guerre jusqu’au retour d’un déporté juif, et si le titre n’avait pas déjà été pris, la pièce aurait pu s’appeler : ” Mon village à l’heure allemande “.

La forme du spectacle :

Elle s’inspirait du film d’E. Scola ” Le bal “. Nous ne voulions pas de dialogues : toute l'”œuvre ” reposait donc sur des lectures de textes, en voix off ou non, sur des ambiances sonores composées d’extraits de chansons d’époque, de discours radiodiffusés, de ” réclames “, de messages clandestins, de bruitages …

Contrairement à l’idée de départ des deux enseignants, les élèves ont désiré des costumes d’époque ; cette exigence a demandé un gros travail de recherche, entraînant la rencontre et l’aide de collectionneurs locaux ainsi que d’un ancien déporté de Sachsenhausen.

* La représentation :

Elle a eu lieu au collège le 7 mai 1995. A la demande du Principal et de nombreux collègues, une deuxième représentation s’est déroulée le 18 juin 1995 dans une salle municipale une date chaque fois hautement symbolique.

Le titre ” Anne ma sœur Anne … ” est en référence à la chanson de L. Chédid et, bien sûr, à Anne Franck. La chanson de L. Chédid était reprise à la fin du spectacle par l’ensemble de la troupe.

* Le synopsis de la ” pièce ” : deux fillettes d’aujourd’hui découvrent le journal intime de leur grand-mère qui raconte sa vie au jour le jour pendant la Seconde Guerre mondiale. Quelques scènes fortes évoquent tour à tour les réactions des habitants du village face à la demande d’armistice par P. Pétain, l’exode, un bombardement, la distribution de tracts par des résistants, la queue devant un magasin, l’obligation du port de l’étoile jaune, le refus du STO, la libération, le retour du déporté juif.

* Le décor est celui d’une place de village, avec la terrasse d’un café et quelques devantures de magasins. La mise en scène prévoie d’utiliser l’espace du public à certains moments, le transformant ainsi en lieu scénique où se dérouleront tour à tour la distribution des tracts dans la foule, l’arrestation d’un résistant, le long cheminement d’un déporté qui “en” revient.

* Le lien entre les différentes scènes est assuré par une élève lisant à haute voix le journal de sa grand-mère, au fur et à mesure qu’elle le découvre et le visualise sous forme des scènes interprétées par le reste de la troupe.

* L’enthousiasme de la troupe, les larmes de certains spectateurs ont été l’évaluation la plus gratifiante mais nous ne savons pas l’impact, à ce jour, de cette activité sur les élèves participants d’alors.

Martine Giboureau


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