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Par Nicole Mullier

Faire venir un témoin en classe, même au CM2, est un moyen de lutter contre le racisme. Des expériences menées à Paris en témoignent.

Des associations de déportés (AMEJD ) ont fait poser des plaques dans les écoles parisiennes avec les noms d’enfants déportés et s’occupent de fleurir ces plaques pour le 27 janvier. A ces occasions, ils préparent avec les professeurs des écoles la venue de témoins en classe.

Ces témoins interviennent en général à deux, un enfant caché et un enfant déporté, souvent des anciens de l’école ou du quartier habité par les enfants. Le témoignage se passe toujours avec une grande attention de la part des élèves.

Les questions des enfants

Puis les enfants posent des questions, souvent dans un grand désordre. Ils veulent savoir pourquoi ils ont été cachés, quelle était leur langue maternelle, ce qui s’est passé dans le camp, pourquoi les juifs, pourquoi une étoile, qu’est-ce qui était interdit, pourquoi les Allemands ont attaqué la France.

Certains enfants posent des questions dans leur langue à eux : des témoins ont rapporté leur surprise devant des questions sur leur code barre ou leur badge. Les témoins répondent brièvement et évacuent les questions trop violentes. Ils insistent sur le rôle des gens qui ont aidé les juifs en France.

Pour les cérémonies, les enfants ont préparé des chants. Ils se préparent à lire des noms d’enfants disparus. Après les témoignages, les enfants font des poèmes, des dessins, écrivent des lettres aux témoins.

Des mots comme camp d’internement, papiers, ont une résonance particulière auprès des enfants aujourd’hui. Il y a empathie avec le témoin souvent enfant d’immigrés.

Pour ou contre la venue d’un témoin à l’école primaire ?

Nous avons interrogé des élèves de sixième sur cet événement pour voir quel souvenir ils en avaient gardé. « Je pense qu’ils auraient dû attendre qu’on soit en 6ème car moi j’avais les larmes aux yeux » « Je n’ai jamais vu de témoin … j’aurais bien aimé en voir un pour qu’il me raconte … comment il a survécu » « Pour ma part j’ai trouvé ça aussi triste que passionnant … je sais bien, au fond de moi-même, que ça restera gravé à jamais dans ma mémoire » « Je pense que c’était très intéressant d’avoir des témoins dans nos classes mais en CE2 c’était assez choquant » « Moi je pense que c’était une très bonne expérience … cela m’a un peu perturbé mais dans le bon sens … même si nous étions un peu jeunes, nous comprenions. Nous avions l’impression d’être avec eux, qu’ils nous racontaient leur histoire et nous, nous écoutions et les comprenions. C’est vraiment très intéressant comme expérience ».

Les élèves au collège demandent à rencontrer des témoins. Ces témoignages peuvent être le point de départ de recherches.

Nicole Mullier

à partir de réflexions de membres du Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah-Amicale d’Auschwitz, dont Marie Paule Hervieu, Claude Dumont, Dominique Dufourmantelle.


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