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Luci Nussbaum : l’éducation plurilingue à Barcelone

pluri” Mon intervention, peut être, va nous aider à voir d’une manière différente puisque je vais parler dans un contexte différent les questions qui préoccupent actuellement les politiciens, les enseignants, la communauté éducative, les parents d’élèves en Europe”.
La Catalogne a connu des vagues migratoires des années 60 en provenance d’autres régions de l’Espagne et les vagues des années 2000 de population en provenance de l’Amérique latine, du Maghreb et de l’Asie. Alors chez nous il n’y a pas d’individus monolingues. Ca n’existe pas, c’est impossible. Même un enfant qui est né dans une famille d’un quartier où on parle habituellement espagnol, il a aussi été en contact avec le catalan à travers les médias, la radio, la télé et il a déjà développé certaines compétences réceptives en langue catalane. Ainsi la plupart de la population parle habituellement le castillan mais le castillan et le catalan sont les 2 langues co-officielles.
“Cette cohabitation linguistique implique une politique linguistique particulière en Catalogne : une seule école avec deux langues. L’Europe conseille le « 1 + 2 » mais chez nous c’est « 2 +2 » : l’enseignement du catalan et du castillan et l’enseignement de deux langues européennes”. Il y a dans le niveau primaire et secondaire, aussi bien pour les élèves allochtones et les élèves autochtones, deux classes : une classe en langue catalane et une classe de catalan, en espagnol et d’espagnol, en français et de français… on a donc un enseignement de la matière et un enseignement de la langue.
A la différence d’autres pays de l’Europe, et notamment de la France, chez nous les établissements ont un certain statut d’autonomie. Chaque établissement doit établir son projet linguistique en fonction de l’entourage sociolinguistique, des effectifs, des demandes des parents. Ce projet linguistique doit être en rapport avec les plans d’entourage, c’est-à-dire à la manière dont les institutions – que ce soit la mairie, les associations d’immigrants, les centres de loisirs des enfants, – contribuent à la cohésion sociale du quartier » et aussi à l’apprentissage du catalan et des langues d’origine des pop immigrées.
Ce panorama qui semble très beau pose beaucoup de problèmes… Le problème principal dans cette socialisation au plurilinguisme : Comment l’école contribue à établir des rapports entre pratiques dans l’école et pratiques hors école ? Beaucoup d’enfants perçoivent un clivage énorme entre l’utilisation des langues dans le quartier et les demandes scolaires. Il y a aussi des obstacles de types pratiques très clairs :
– la difficulté pour les enseignants à gérer des classes plurielles, hétérogènes et diverses,
– les manques de descriptions sur les usages langagiers utiles pour l’école,
– le manque d’orientation spécifique pour enseigner les langues à travers les disciplines non linguistiques. Bien que ce soit un défi fort appuyé par les autorités partout en Europe, on ne dispose pas encore, aujourd’hui, d’enseignement intégré. Qu’est-ce que l’intégration ? Beaucoup de gens travaillent sur l’intégration langue-discipline mais on n’a pas encore de retombées didactiques importantes.