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Secrétaire général du Snuipp, Sébastien Sihr refait les comptes. Selon lui ce ne sont pas 3 367 mais environ 7 000 postes qui manqueront dans les écoles à la rentrée. Cela aura des conséquences sur les fermetures de classes. Mais la décision gouvernementale aura aussi un fort impact sur le maintien des écoles rurales et sur l’égalité d’accès à l’école sur le territoire.

Quand on regarde le tableau publié par le Snuipp, on voit que les académies sont traitées de façon inégalitaire. Maison voit aussi que 3 000 suppressions de postes sur 300 000 emplois c’est finalement presque imperceptible…

Ces 3 367 s’ajoutent aux précédentes suppressions. Pour nous c’est une coupe claire historique. C’est la première fois depuis au moins 20 ans que l’on aura à la fois moins d’enseignements et plus d’élèves, puisqu’on attend 4 000 écoliers supplémentaires à la rentrée 2011. On va continuer à suivre de près le travail des inspecteurs d’académie puisque ce sont eux qui vont désigner les emplois supprimés. Mais on est déjà persuadés que l’on va toucher à des postes précieux : les RASED, les enseignants en maternelle, les remplaçants, les enseignants de langues étrangères, les maîtres formateurs et les conseillers pédagogiques. En 2011 on verra aussi quelque chose de nouveau : des fermetures de classes en pagaille. Pour la première fois on aura des fermetures importantes.

A la rentrée 2010 il y avait 5 600 postes en surnombre. N’est ce pas là que vont se faire les suppressions ?

Pour nous, ces postes ne sont pas comptabilisés dans les fermetures. Car ces 5 600 postes sont déjà en résorption du fait des départs en retraite et de la loi sur la mobilité qui pousse des enseignants vers le second degré. A la rentrée la plupart de ces postes auront disparu. Avec les mesures budgétaires annoncées et la fuite des postes en surnombre, on s’attend à 7 000 enseignants en moins dans les écoles.

La situation sera très tendue dans certaines académies ?

On a pas encore eu le temps de faire des analyses précises. Ce qui est certain c’est que le ministre ne tient pas compte des évolutions démographiques puisqu’il supprime des postes dans toutes les académies. Il rabote partout. Dans certains départements ruraux, comme le mien, la Nièvre, les inspecteurs d’académie vont avoir du mal à trouver les postes à supprimer. La ruralité a été épargnée ces dernières années. Les nouvelles suppressions de postes vont toucher gravement le milieu rural.

Récemment le rapport PISA a mis en évidence les inégalités scolaires en France. Ces mesures sont-elles cohérentes avec les conclusions du rapport ?

Il n’y a pas en France de vision éducative. Il y a un pilotage par le chiffre, par les suppressions de postes alors que Pisa donne un défi à relever : la réduction des inégalités. Cela devrait mobiliser l’attention. Mais visiblement ça ne préoccupe pas le ministre. On le voit aussi dans l’affaissement de la formation continue. On ne sait pas ce que deviendra le dispositif pour les PE2 (profs stagiaires). La formation continue est en train de disparaître en dehors des stages école à public désigné et des animations pédagogiques du mercredi matin. Le champ de l’enseignement est en friche.

Entretien François Jarraud