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Par Françoise Solliec

Les TICE sont-elles un facteur d’augmentation de l’intelligence collective et d’intégration des enseignants dans des réseaux de production collaborative ? C’est en tout cas ce qu’affirme le député Jean-Michel Fourgous, dans le cadre de la mission que lui a confié François Fillon, placée auprès du ministre de l’enseignement supérieur.

Le 25 novembre, Jean-Michel Fourgous présentait à Educatice la mission qui lui a été confiée récemment et qui concerne cette fois l’évolution des pratiques pédagogiques et la formation des enseignants.

Les TICE représentent une mutation culturelle, non seulement au point de vue technique, mais encore pour l’innovation, déclare JM Fourgous. L’accent est mis ici sur les usages : l’augmentation des TNI, des visioconférences, des tablettes présagent peut-être enfin une généralisation dans les cours. Le développement des manuels numériques, la poussée du e-learning laissent penser que « la pédagogie frontale, qui n’est responsable qu’à 20% des apprentissages des élèves » va devoir évoluer.

Avec les réseaux sociaux et les plates-formes ENT, un continuum d’apprentissage se crée du temps scolaire au temps à la maison. L’enseignant doit prendre possession de ce continuum et élargir la communication avec les familles. Parallèlement l’évaluation disciplinaire va changer de visage : les inspections n’évolueront-elles pas plutôt vers une évaluation de l’équipe pédagogique ? Le numérique est un démultiplicateur et un accélérateur d’apprentissages, affirme JM Fourgous. Il stimule la productivité intellectuelle. Les enseignants sont au cœur de la communauté : ils doivent rendre les élèves plus autonomes, plus confiants en eux et en leur avenir.

Cette mission donnera lieu à un rapport en février 2012. Elle s’attachera à comparer la situation en France et à l’étranger, en particulier au sujet des salaires, du temps de travail, de la formation, etc. Il s’agit, avec l’usage du numérique, de favoriser la créativité et le collaboratif chez les enseignants. Ceux-ci, selon une enquête du CRDP de Versailles, se révèlent d’ailleurs extrêmement favorables à l’intégration des TIC dans l’éducation. Les citoyens de demains devront avoir la maîtrise totale de cet outil, brassant les cultures et les disciplines. Rappelons enfin que le numérique est aujourd’hui un des premiers secteurs de créations d’emplois.

Pour François Taddei, chercheur, les enfants qui naissent aujourd’hui connaîtront de profonds changements dans la société. L’adaptabilité sera donc un élément très important que l’école doit prendre en compte. Il faut avoir sur toutes ces évolutions de la technologie une vue active et non passive, et notamment « comprendre ce qui se passe à l’intérieur de la boîte ».

Pascal Cotentin, directeur du CRDP de Versailles souhaite que les notions transdisciplinaires (citoyenneté, éducation aux medias) prennent une plus large place dans l’école. Les pratiques doivent changer, mais comment trouver un levier commun et organiser un véritable plan de formation continue ? Le travail avec les industriels peut faire évoluer la pédagogie en classe et aider les jeunes qui le souhaitent. Il ne faudra pas non plus oublier l’aspect intergénérationnel.

De nombreux parlementaires souhaitent un changement dans l’éducation, conclut JM Fourgous. Il faudra créer des lieux d’innovation (écoles pilotes par exemple) où puissent se rencontrer ingénieurs et éducateurs. Un appel d’offres devrait être organisé pour l’encadrement à l’innvation.