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Par Françoise Solliec

Y a-t-il une recette pour augmenter la mixité sociale et la réussite scolaire dans un établissement ? Sans doute pas, mais des méthodes de travail adaptées et l’instauration d’une relation de confiance entre familles, enseignants et élèves sont sûrement des gages de succès.

Régine Paillard est proviseure de l’Arche Guédon à Torcy, 77. Elle a accepté de faire partie de l’observatoire pour avoir davantage de données, un retour aussi sur sa pratique professionnelle. Elle pense y apporter « le regard d’un chef d’établissement qui vit au cœur d’un quartier défavorisé et lutte en permanence contre l’échec scolaire ». Par sentiment personnel, Régine Paillard estime que la mixité sociale est un enjeu important : « je suis contre le communautarisme, je n’ai pas envie de vivre dans des quartiers de riches ou des quartiers de pauvres. L’Arche Guédon est dans un ghetto, même si les environs sont verts et plutôt attractifs : on est le LP de la cité ».Les élèves y trouvent au final leur place, mais la proviseure aimerait bien « qu’on soit tous ensemble à l’école un peu plus longtemps ».

Faut-il davantage de lycées polyvalents ? La réponse ne lui semble pas évidente, car l’identité du secteur professionnel est forte et « on emmène nos élèves à la réussite ».Il serait sans doute possible d’avoir de la valeur ajoutée dans un établissement pas trop grand qui se doterait d’un projet cohérent et solide. Les lycées des métiers réussissent bien, car ils sont sur une identité porteuse. La fermeture annoncée du lycée pourrait être l’occasion d’une réflexion et d’une reconstruction plus ambitieuse pour les élèves, avec des passerelles et des poursuites d’études.

Même dans un environnement agréable et malgré la présence d’une seconde GT (poursuite en ST2S), le lycée connaît peu de mixité sociale. L’établissement est propre et agréable et cela contribue à y maintenir les élèves mais ne suffit pas à les faire venir. Comme il y a peu d’élèves demandant le lycée en 1er choix, Régine Paillard porte un soin particulier à leurs souhaits d’avenir et leur facilite les réorientations en 1ère si nécessaire. « On construit ensemble une relation de confiance autour de leur orientation ». Celle-ci porte ses fruits puisque les 2/3 de la classe poursuivent leur formation localement. A l’inverse, la 1ère ST2S recrute beaucoup à l’extérieur. « On a bâti une réputation pour cette filière » et les résultats y sont maintenant bien meilleurs.

Dès son arrivée dans l’établissement, Régine Paillard s’est attachée à améliorer les parcours scolaires des élèves. Les enseignants ayant identifié le manque de travail à la maison comme un gros obstacle, des temps supplémentaire d’interrogations des élèves (des colles sur des petites questions) ont été mis en place le mercredi après-midi. Dans ces moments s’est installé une relation plus personnalisée qui a changé le regard des enseignants sur les élèves et vice-versa. Cette relation de confiance a donné envie aux enseignants d’expérimenter d’autres formes de travail, notamment pour compenser les difficultés du travail à l’écrit. Ainsi se sont institués pour les terminales des temps de travail dédiés à la compréhension de l’actualité économique et sociale. Des séances de lecture à voix haute avec le documentaliste, la participation à un jury littéraire sont autant d’actions qui vise à élever le niveau culturel des élèves, dont beaucoup viennent du BEP carrières sanitaires et sociales.

Pour les élèves des sections professionnelles, le souci d’ouverture culturelle est également très important. Rendues possibles par le soutien financier de la région, notamment la dotation de solidarité, des sorties sont organisées autour de thèmes artistiques (lectures de BD, place de la femme dans l’art, connaissance de l’art contemporain) qui facilitent également la création de dynamiques de groupe. Là encore s’instaure une relation de confiance entre enseignants et élèves qui, selon Régine Paillard, est une « clé de voûte de la réussite ».