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Par François Jarraud

« Ce sujet existe ». Vincent Peillon, responsable éducation dans la campagne de François Hollande, a confirmé le 12 avril qu’en cas de victoire du candidat socialiste la revalorisation salariale des enseignants ferait l’objet de négociations. Il a aussi décrit le calendrier des premières mesures d’après la victoire.

A une semaine du premier tour, V. Peillon dévoile ce que pourraient être les premiers mois de l’après-Sarkozy.

Une revalorisation inévitable

« On ne s’interdit pas d’y penser » déclare Vincent Peillon le 12 avril à propos de la revalorisation salariale des enseignants. Le responsable éducation de François Hollande sait que « les enseignants français sont mal payés, nettement en dessous des salaires des autres pays développés ». Il sait aussi que tout effort de recrutement de nouveaux enseignants sera vain s’il n’y a pas de revalorisation. Enfin il fait le lien entre revalorisation, évolution du métier d’enseignant et réforme des rythmes scolaires. « Si on veut modifier les rythmes scolaires , avec deux semaines de vacances en moins, il faudra bien négocier une compensation salariale ». Mais la revalorisation « sera compensée par une réattribution de moyens ». Les horaires du lycée seraient revus à la baisse pour dégager ces moyens. Quant à savoir quels enseignements seront visés…

Le calendrier de la victoire

Si la rentrée est préparée par le gouvernement actuel, le nouveau gouvernement aura à marquer ses différences et mettre en route les réformes annoncées. D’après V. Peillon, juste après les législatives, à la mi-juillet le nouveau ministre amorcera la négociation avec les syndicats sur la nouvelle école supérieure du professorat, la réforme des rythmes scolaires et le métier d’enseignant. Le débat pourrait durer jusqu’en septembre mais une loi de finances et une loi de programmation devraient être adoptées en septembre. Restent des points d’ombre. Comme cette réponse de F Hollande dans un entretien accordé au Parisien le 12 avril. « On peut raccourcir les petites vacances mais pas les grandes ». La phrase laisse V. Peillon perplexe…

Le prérecrutement

Mais dès la rentrée, le nouveau ministre devra faire face aux problèmes posés par la gestion précédente. « Il faudra revenir sur certaines suppressions de poste et fermetures de classe décidées sous Chatel », estime V. Peillon. Il cite notamment les Rased (1500 suppressions de postes à la rentrée), les temps de formation des stagiaires, certaines classes fermées dans les quartiers prioritaires. « On ne pourra dans un premier temps apporter qu’une réponse partielle », souligne V Peillon. Même en « augmentant la liste des reçus  » sur les listes complémentaires, le nouveau gouvernement n’aura pas le nombre de nouveaux enseignants nécessaire pour répondre aux attentes et aux besoins. « C’est un crève-coeur mais on ne pourra pas recruter les enseignants nécessaires ». Pour inciter les étudiants à se diriger vers les métiers de l’enseignement et pour assurer plus de mixité sociale, un système d epré recrutement devrait voir le jour au niveau probablement de la licence. Les futurs enseignants seraient astreints à un temps de travail en établissement d’environ 8 heures hebdomadaires comme surveillant ou répétiteur.

Relancer l’éducation prioritaire

La relance de l’éducation prioritaire sera l’occasion de la révision de la carte des établissements. « On reviendra sur l’assouplissement de la carte scolaire, sans pour autant revenir à la carte antérieure ».

Autant de défis qui ne font pas peur à Vincent Peillon. « Je suis heureux de faire de la politique pour refonder l’Ecole », explique-t-il. Avec F Hollande il semble déterminé à changer l’Ecole de façon durable. « Nos réformes ne porteront pas de fruits visibles politiquement avant le quinquennat de 2017 ». Le temps de l’action éducative n’est pas celui du politique. La détermination sera-t-elle suffisamment durable ?

François Jarraud