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Les activités sportives permettent souvent aux élèves de découvrir les mobiles humains qui les animent, et surtout la compréhension purement humaine qui a amené à leur création. L’association sportive du collège Paul Eluard de Guyancourt est un savant mélange, avec à la fois la composante compétition, mais aussi et surtout la composante loisirs des activités sportives. Loin d’une recette, les collègues de cet établissement témoignent simplement d’une démarche, une fois de plus au service des élèves.

Pouvez vous nous décrire l’association sportive du collège ?

Nous sommes quatre collègues à enseigner l’Education Physique et Sportive au collège Paul Eluard de Guyancourt (78). Dans le cadre de l’association sportive, nous proposons 8 activités aux élèves, dont trois sous forme « loisirs ». Les activités compétitives sont : la danse, l’Ultimate, le tennis de table, la gymnastique et la natation dont nous avons une section sportive. Les activités de loisirs sont : le badminton, le football et le handball. Nous voyons ici, que le choix n’est pas innocent. Ces activités sont porteuses de nombreuses représentations compétitives, elles seront donc proposées sous la forme loisirs. De plus nous avons essayé de permettre une ouverture la plus grande possible vers la culture sportive, avec notamment le versant compétition et loisir que l’on retrouve dans de nombreuses fédérations pour les licences.

Pourquoi justement avoir proposé des activités non compétitives sous la forme : « loisirs »?

Le choix de faire des AS compétition et non compétitive est avant toute chose pour répondre à la demande, et afin de favoriser le côté convivialité, humain, sans mettre de pression aux élèves. Elle a également pour objectif de diversifier notre approche. En effet, les élèves aiment se retrouver (souvent des groupes d’élèves de la même classe ou du même niveau de classe), pour le plaisir de jouer, d’être ensemble, de s’amuser sans le stress des résultats, des déplacements très tôt et souvent très tard, des contraintes liées aux compétitions et rencontres…. Pour résumer, ils sont contents de jouer ensemble et pas contre d’autres élèves… La finalité est tout autre que le gain d’une rencontre, d’un match ou d’une production chorégraphique. Seul le fait d’être ensemble (et non pas avec les autres) est important. Se dépenser sans éprouver de tensions….

Comment cette démarche a-t-elle vu le jour ?

On nous dit qu’il faut « toujours plus de licenciés », par conséquent nous nous sommes diversifiés… Cependant, nous souhaitons surtout proposer aux élèves un maximum de choix afin qu’ils puissent tous s’y retrouver. « Loisirs » signifie que nous souhaitons investir le pôle humain, relationnel, associé à un regroupement en « interne » des élèves. L’aspect relationnel et identitaire s’en trouve renforcé, sans la volonté de vouloir apporter une ouverture vers l’extérieur, souvent vu comme contraignante et non apprécié de certains de nos élèves.

On pourrait penser que privilégier autant d’activités, notamment sous une forme « loisirs » se fait au détriment de la sphère compétition, et pourtant, les réussites sont nombreuses ! Vous avez emmené plusieurs équipes au championnat de France l’année dernière, non ?

Les championnats de France sont toujours une expérience unique qui associe souvent l’esprit de groupe et d’unité d’un établissement…. On ne délaisse pas le pôle compétition, car nous savons à quel point ces moments peuvent être magique dans la vie d’un élève et même dans la carrière d’un enseignant. Par exemple, l’année dernière nous sommes allés à la Baule, pour la biennale de Danse, avec (c’est le cas de le dire) comme clou du spectacle notre chambre donnant sur la mer… Certaines de nos élèves n’avaient jamais vu la plage de leur vie ! Rien que pour ça, ce sont des moments uniques et forts dans le parcours scolaire d’un élève. De plus, nous rencontrons des gens de toute la France, notamment des DOM TOM, chacun se liant d’amitié… Le pôle sportif compétition, bien qu’existant, devient totalement secondaire…

Le dernier rapport de la cour des comptes parle de résultat modeste du sport scolaire. Qu’en pensez vous ?

Il n’y a pas grand chose à dire sur le rapport de la Cour des comptes. Nous savons pourquoi nous donnons autant de temps à l’UNSS et aux gamins. Et entre nous, nous ne pratiquons pas pour la Cour et ses statistiques. Nous souhaitons juste rendre les élèves heureux. Heureux de venir en compétition, heureux d’être avec leurs copains, et simplement heureux de pratiquer.

L’équipe du collège Paul Eluard de Guyancourt (78) comprend Céline Hergault, Florent Nasi, Magali Raze et Didier Thiery.

Propos recueillis par Antoine Maurice