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Directeur de l’UNSS, l’association qui organise le sport scolaire du second degré, Laurent Petrynka montre ce qui en fait l’originalité : une dimension citoyenne qui l’amène, par exemple, à créer de nouveaux sports pour mélanger valides et handicapés, garçons et filles.

Quel bilan faites-vous de la journée nationale du sport scolaire?

Pour cette troisième édition, nous pouvons dire que nous sommes encore plus à la pointe, et en plein développement. Aujourd’hui nous comptons plus de 4 500 événements dans toute la France, avec notamment une grande manifestation à Versailles, qui s’est déroulée sur le plan d’eau des Suisses ou nous avons accueilli la ministre chargée de la réussite éducative, Mme George Pau Langevin et la ministre des sports, Valérie Fourneyron. Sans forcer le trait, dans l’éducation nationale, nous sommes sans doute devenus la première manifestation en terme qualitatif et quantitatif. Il n’y pas aujourd’hui de journée pédagogique qui ait cette ampleur. Fierté pour la profession, où les professeurs d’EPS montrent qu’ils sont à la pointe de l’éducation nationale.

En cette journée nationale du sport scolaire, certains reprochent à l’UNSS d’être une copie du sport fédéral. Est-ce juste ? L’UNSS a-t-elle des atouts spécifiques ? Et si oui, Lesquels ?

Dans la préparation du plan national de développement du sport scolaire 2012-2016 que nous ferons voter en assemblée générale le 27 septembre prochain, en présence du ministre de l’éducation nationale, nous avions demandé aux enseignants, par un sondage, ce qu’ils souhaitaient pour l’avenir de l’UNSS. Une des rubriques du questionnaire dit clairement que les enseignants d’EPS souhaitent que l’UNSS soit une fédération différente des autres fédérations et en aucun cas, un « copier-coller » des autres structures sportives.

Nous pouvons d’ailleurs donner quelques exemples qui montrent notre différence. Nous sommes tout d’abord différent par le haut degré de compétence de nos enseignants. Ce sont tous des cadres de la fonction publique de niveau A. Nous sommes donc la fédération française la plus diplômée de France. Les parents ont confiance en nos animateurs, en nos enseignants, notamment grâce au très haut degré de formation de nos intervenants. Deuxièmement, l’organisation de nos compétitions n’est pas le « copier-coller » de championnats de France classique. Toutes nos manifestations par exemple, sont arbitrées par des élèves, 100% des manifestations sont prises en charge par nos jeunes officiels. C’est un point qui nous distingue. Nos manifestations sont également tirées vers l’international, avec une approche liée au développement durable. Mais aussi, une approche très forte sur les aspects santé, avec des stands sur la lutte contre le dopage, sur la nutrition…

Le troisième point concerne nos règlements proprement dits, qui montrent que l’UNSS n’est pas simplement une fédération pour l’élite, mais qu’elle s’adresse à tous les publics. Je rappelle par exemple que nous avons des activités pour tous les niveaux, du plus faible jusqu’au plus élevé, nous avons notamment des sports que nous pratiquons en mixité, alors que ces sports là en fédéral ne sont pas mixtes ! Ou bien des sports que nous pratiquons en situation de sport partagé avec des jeunes en situation de handicap et d’autres valides! Autre aspect : Les formats de compétition sont sensiblement différents, par exemple en BADTEN (badminton et tennis de table), un sport inventé à l’UNSS qui a un franc succès aujourd’hui, les rencontres se disputent en mixité, avec des élèves en situation de handicap et d’autres valides. On voit bien que la fédération scolaire et différente des autres fédérations dans le sens où elle est à l’image de ses professeurs d’EPS.

Quels sont les axes principaux de développement du sport scolaire de ce plan quadriennal ?

Ce plan se distingue tout d’abord par sa méthode, c’est à dire la concertation et le travail avec l’ensemble des membres de l’UNSS et des organisations représentatives. Pendant un an et demi nous avons travaillé à définir des axes prioritaires, parmi lesquels six ont été retenus. Le premier s’intitule : « pour un sport scolaire ambitieux », le deuxième est : « pour un sport scolaire éthique et solidaire » ; le troisième : « pour un sport scolaire accessible et démocratique », le quatrième est : « pour un sport scolaire innovant », le cinquième : « pour un sport scolaire ancré dans les territoires » et enfin le sixième est : « pour un sport scolaire responsable ». On voit bien que ces six objectifs, qui ont été discutés, choisis, correspondent bien à votre première question : « nous ne sommes pas à l’UNSS pour faire du sport comme dans les autres fédérations ». Nous avons une approche très particulière et personnellement, je trouve que ces six axes sont très intéressants, les AS s’y retrouveront, et les services de l’UNSS également. Nous souhaitons que cela puisse permettre à l’UNSS de se développer davantage. Et j’insiste sur le changement de nom, ce ne sera plus le plan quadriennal d’orientation, ce sera désormais, un plan national de développement du sport scolaire. Les organisations l’ont souhaité et c’est un changement de nom qui a énormément de sens.

Si l’on note des progrès sur le nombre de filles licenciées, qu’en est il de l’intégration des publics handicapés au sein de l’UNSS ?

C’est effectivement une priorité réaffirmée, à travers l’axe de l’accessibilité ! A l’UNSS sur le volant sport partagé, nous avons plusieurs moyens d’avoir un impact et c’est notamment pour cela que nous sommes en progrès. Premièrement nous créons des compétitions spécifiques : sport partagé. Nous en avons parlé : en tennis de table, en BADTEN, en tir à l’arc, nous avons des disciplines qui ont une filière sport partagé (5 en tout). L’engagement pour 2016 est de le multiplier par 2, pour que dix sports aient une filière sport adaptée. Deuxièmement, nous voulons développer, partout sur le territoire, des formations pour les enseignants pour ces publics spécifiques. Car ils ont besoin d’être accompagnés pour faire pratiquer ces élèves, et avec les deux fédérations, la FFSE et la FFSH, nous montons des formations spécifiques pour les professeurs.

Il est vrai que les chiffres concernant le taux d’enfants en situation de handicap, restent encore modestes, puisque nous avons actuellement 12 000 élèves qui pratiquent dans le cadre du sport partagé. Là encore, les progrès sont encore importants à faire, mais les élèves en situation de handicap sont encore peu nombreux en cours d’éducation physique et sportive, et donc peu dans les associations sportives. Il faut également noter, cet autre point de progrès : nous avons en effet juste avant cette rentrée 2012 écrit à tous les instituts spécialisés, notamment les IME, afin que l’ensemble des instituts spécialisés puissent s’affilier à l’UNSS. En soi, c’est une grande marge de progrès, car ces instituts sont peu affiliés de nos jours à l’UNSS.

Lors de notre dernière rencontre il y a un peu moins de deux ans, vous aviez mis l’accent sur la nécessité de proposer un sport scolaire singulier, permettant de la souplesse et des ajustements locaux ! Où en est on ? Et surtout comment le permettre en maintenant la mission de service public qu’est le sport scolaire ?

Il y a plusieurs moyens d’être sur une ligne nationale et de laisser de la souplesse aux organisations territoriales. Vous verrez que dans le plan national de développement du sport scolaire nous avons édité un règlement fédéral, et ce dernier est le règlement qui s’applique d’abord à toutes les compétitions UNSS en général et au championnat de France. Par contre, nous donnons une autonomie importante aux championnats inter académiques, académiques et départementaux de façon a ce que les choix qui sont faits, puissent relever des logiques territoriales. On n’impose pas la règle nationale à tous les territoires, bien au contraire, on affirme dans ce règlement qu’il y a une autonomie locale. Vous verrez aussi que dans les 100 propositions qui sont retenues pour le plan national de développement pour le sport scolaire, des formes de pratiques innovantes sont recherchées, par exemple, nous créons des observatoires de façon à ce que les pratiques innovantes puissent être repérées, puis mutualisées.

La multi-activité ou la pluri-activité est également privilégiée, de façon à ce que le terrain puisse bénéficier de toute son autonomie pour pouvoir mettre en place des choses particulières. Par exemple : aujourd’hui, il y a des endroits comme la Lozère, l’Ardèche ou même la Réunion, qui ont une envie très forte de faire du raid, des sports de nature… Alors que dans d’autres lieux ce sont plutôt d’autres sports qui sont recherchés… Nous poussons beaucoup à cette territorialité, c’est pour cela qu’un des axes retenus est « pour un sport scolaire ancré dans les territoires ».

Le rapport de la Cour des comptes fait suite au rapport de l’inspection générale de 2011 rendu public fin mai 2012 intitulé. Ce dernier texte pointait le statut juridique « ambigu » de l’UNSS ! Un syndicat souhaite la fin de cette situation paradoxale notamment par la publication d’un décret stabilisant le forfait de 3h d’UNSS, de l’autre coté, un autre veut un alignement du statut des professeurs d’EPS sur celui des certifiés et donc un forfait UNSS en plus des heures de service. Quel est votre positionnement sur ces points ?

Tout d’abord, il est important de dire qu’il est toujours important d’avoir un regard extérieur sur l’évaluation. En tant que cadre de l’UNSS, un retour extérieur est toujours positif, et doit être accepté. Aujourd’hui la fédération UNSS est une fédération qui se modernise, qui est donc capable de tenir compte de l’ensemble des évolutions. De mon point de vue, le modèle de l’UNSS n’est pas ambigu, il est au contraire spécifique. Basé sur une certaine complexité, il doit être compris comme un système avec un statut associatif, mais où l’Etat préside l’ensemble de ses structures. C’est ce qui est atypique dans le modèle français, mais c’est aussi une force. L’état donne des moyens importants en permettant le maintien d’un service public du sport scolaire.

Enfin, il semble que dans la période actuelle, les chiffres et la vision quantitative des choses, soient l’argument clé des politiques scolaires. Quel moyen comptez-vous mettre en place pour que ressorte enfin au grand jour, l’énorme travail des collègues ? Ce travail ne se résume pas, à avoir plus de licenciés, mais contribue chaque jour, à un enseignement de qualité, à renforcer le lien social, et participe pleinement au développent du bien-être et de la santé des élèves. En tant que Directeur, je n’ai pas peur de dire qu’il faut, que nous nous développions. Je ne fais pas une politique du chiffre à proprement dit, par contre j’estime qu’un élève qui est à l’UNSS, c’est un élève qui est moins en danger qu’un élève en dehors de l’UNSS. Il est moins en danger scolairement, socialement, et moins en danger au niveau de sa santé. Un cinquième des élèves sont chez nous! Je pense que notre devoir éducatif est qu’il y en ait davantage. Il n’est pas contradictoire d’avoir un nombre d’élève important et de faire de la qualité. Et je pense que sans faire de militantisme aveugle, le professeur d’EPS aujourd’hui, dans le système éducatif, est bien reconnu pour ses compétences et apprécié.

Propos recueillis par Antoine Maurice

Le site de l’UNSS

http://unss.org/